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Labastide-d’Armagnac « Petite cité de caractère »

Labastide-d’Armagnac aurait inspiré Henri IV pour la construction de la place des Vosges à Paris. Elle est la première commune landaise à recevoir le label Petites Cités de Caractère® qui fait de la préservation du patrimoine un levier de développement.

Labastide-d’Armagnac

Labastide-d’Armagnac © Hubert Raffini

Que Labastide-d’Armagnac reçoive une nouvelle estampille soulignant tout l’intérêt de sa visite n’est pas une surprise en soi. La superbe bastide du XIIIe siècle, blottie au cœur du Bas-Armagnac est une habituée des belles étiquettes. Sur les bouteilles d’armagnac bien sûr, mais également sur les dépliants touristiques. Elle est la star des bastides depuis qu’elle a été sélectionnée par l’émission « Le plus beau village de France », et que le réseau international des villages du bon vivre, Cittaslow, a fait d’elle l’une de ses plus emblématiques ambassadrices. Mais, cette fois-ci elle décroche le maillot jaune (la proximité de la chapelle Notre-Dame-des-Cyclistes y est certainement pour quelque chose !) d’un label exigeant qui concilie le développement d’une commune et le respect de son patrimoine. L’idée est de faire travailler ensemble les habitants, les acteurs locaux de l’économie et du tourisme, du patrimoine et de la culture, de l’aménagement du territoire.

Labastide-d’Armagnac

Labastide-d’Armagnac © Hubert Raffini

La vie des habitants

Le mérite en revient au comité départemental du tourisme des Landes (CDT) et en particulier à sa directrice, Sandy Causse, arrivée de Bretagne il y a quatre ans avec dans ses valises ce concept de Petites Cités de Caractère®, né au milieu des années 70 et « jouissant là-bas d’une excellente réputation ».

« Notre département, explique Hervé Bouyrie, président du CDT, bénéficie de quelques pépites que nous avons voulu mettre en avant. Geaune, Amou, Saint-Justin, Roquefort, Sorde-l’Abbaye sont actuellement accompagnées vers l’obtention du label et j’espère, qu’à terme, toutes constitueront un réseau landais de premier choix. Cette préservation du patrimoine contribuera à renforcer l’attractivité du département et plus particulièrement celle de la zone intérieure. »

« La force de ce label, s’enthousiasme, Odile Lafitte, présidente du conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement des Landes (CAUE), partenaire de l’opération, c’est sa notoriété, mais c’est aussi son originalité. Il ne s’agit pas de consacrer une image aboutie, aussi belle soit-elle, mais de s’intéresser à la vie des habitants, à la richesse du tissu associatif, aux artisans, aux commerçants et de leur proposer un accompagnement vers une dynamique partagée. »

Une vision à long terme

« C’est précisément cela qui nous a motivés, renchérit Alain Gaube, maire de la petite cité promue. Nous sommes heureux d’ouvrir le chemin et nous nous sommes donné pour missions de sauvegarder, restaurer, entretenir notre patrimoine, de le mettre en valeur, de l’animer et de le promouvoir auprès des habitants et des visiteurs afin de participer au développement économique du territoire. Labastide-d’Armagnac a été déclarée homologable en 2018 par le jury national. Depuis, nous nous sommes engagés dans une réflexion de fond sur l ’aménagement. Aujourd’hui, nous disposons d’une vision à long terme et tous les chantiers seront ouverts selon une ligne cohérente. »

La commune a signé une convention avec le CAUE pour la mise en œuvre d’actions priorisées à partir de réunions avec les habitants. On parle d’amélioration de l’accès et de la traversée du bourg, de la mise en place d’une identité visuelle et de sa signalétique, de l’aménagement végétal des chemins et des jardins, d’espaces publics, de rues et du patrimoine bâti.

« Dans le cadre des opérations de revitalisation des centres-bourgs, une première aide du conseil départemental de 250 000 euros sur cinq ans va lancer la dynamique. La commune a budgétisé une enveloppe de 500 000 euros sur la mandature et nous devrons payer une adhésion de deux euros par habitant, mais les impôts locaux n’augmenteront pas », précise Alain Gaube.

« Petites cités de caractères » en chiffres®

  • 203 communes labellisées en France
  • 32 en Nouvelle-Aquitaine
  • 20 % à 40 % d’augmentation de la fréquentation après la labellisation selon les communes.

8 millions d’euros d’investissement

Sur les 15 ans à 20 ans qui viennent, l’investissement prévu est de l’ordre de 8 millions d’euros qui seront pris en charge par les partenaires financiers : Département, Région, fonds européens, unité départementale de l’architecture et du patrimoine (UDAP), direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), intercommunalité et chambre de métiers et de l’artisanat (CMA). Sont ainsi envisagés : un city park, un espace pour les courses landaises, le contournement du bourg, un passage pour piétons, des parkings, des ralentisseurs de voitures, l’accessibilité pour personnes à mobilité réduite, une charte architecturale… et les nouveaux quartiers occupés par des résidents à l’année ne seront pas oubliés.

Au moins une nuit

« Le panier moyen d’un touriste est de 43 euros par jour. C’est essentiel de retenir les visiteurs au moins une nuit, explique Sandy Causse. Beaucoup viennent découvrir la bastide et repartent. Il nous faut étoffer l’offre pour que, notamment les familles, soient incitées à rester plus longtemps. Avec les jardins jouxtant la bastide, le temple des Bastides, l’église, le château, la chapelle Notre-Dame-des-Cyclistes, les producteurs d’armagnac, les ateliers d’artisans… il y a de quoi faire. Car il faut garder à l’esprit que sans l’afflux touristique, bon nombre d’activités ne perdureraient pas hors saison. »

Homologation pour cinq ans

Grâce au travail déjà effectué pour la voie verte et pour la labellisation du site patrimonial remarquable, Labastide-d’Armagnac a brûlé les étapes en passant, fin juin dernier, directement de l’homologabilité à l’homologation Petites Cités de Caractère®. Cette performance s’explique également par l’efficacité du binôme CDT-CAUE. Leurs chargées de mission, l’urbaniste Claire Cazarres, pour le CAUE et Sophie Labassa pour le CDT, se sont totalement, voire passionnément, investies dans le projet et leur complicité a fait le reste. Le titre est attribué pour cinq ans, mais une commission nationale de contrôle veillera au grain. Gageons qu’à chacune de ses visites, elle confirmera en terre médiévale, sa marque déposée si convoitée.