Couverture du journal du 06/04/2024 Le nouveau magazine

HackSchooling : l’école digitale

Soorts-Hossegor, l’institut HackSchooling mixe accompagnement de proximité et enseignement à distance pour des élèves aux profils atypiques, avec des outils numériques innovants. Il vient d’intégrer le dispositif régional EdLab pour consolider et accélérer la mise sur le marché de sa plateforme School+.

HackSchooling

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Le premier confinement a poussé un certain nombre de familles à se tourner vers HackScooling puisque nous travaillions déjà à distance avec la plupart de nos élèves », observe Kévin Lestrade. Ce centre de formation pas comme les autres, cofondé en 2015 par ce surfeur de haut niveau de 30 ans, ingénieur en biomécanique et robotique, a en effet triplé ses effectifs en 2020 et compte désormais 65 élèves accompagnés en collège et lycée, sur deux centres à Hossegor et Bidart. Conçu à l’origine comme une alternative pour les jeunes sportifs de haut niveau, en surf, tennis, équitation ou skate, régulièrement en déplacement à l’étranger, cet institut de formation privé s’adresse aussi aux enfants d’expatriés sur une courte ou longue durée inscrits au Centre national d’enseignement à distance (Cned) ou en instruction à domicile (IEF). Et si l’établissement affiche un taux de réussite aux examens supérieur à 95 %, il ne le doit pas à une sélection d’entrée élitiste. « Nous nous sommes aperçus que nos micro-classes de 15 élèves maximum, avec 16 heures de cours par semaine pour permettre aux sportifs de dégager du temps pour leur projet extrascolaire, l’enseignement interactif à distance et l’accompagnement personnalisé que nous avons mis au point convenaient aussi aux élèves en difficulté parce qu’ils ont connu une phobie scolaire ou qu’ils ont une dyslexie forte », souligne son directeur.

40 % de l’activité consacrée à la recherche

Kévin Lestrade, Cofondateur du centre de formation HackSchooling à Soorts-Hossegor © JPEG Studios

Une évolution des publics également liée à la mise au point d’outils spécifiques facilitant un fonctionnement hybride entre soutien scolaire en présentiel et apprentissage digital. Aux commandes : l’équipe pédagogique composée de 11 enseignants issus de l’Éducation nationale, d’ingénieurs et d’intervenants de la société civile, qui consacre 40 % de son activité à la recherche et au développement. Trois ans de travaux et 125 000 euros d’investissements lui ont permis de développer School+. Une plateforme inédite qui vise l’optimisation, la personnalisation et la rationalisation des activités pédagogiques de l’élève, en se reposant sur l’intelligence artificielle et un système embarqué d’algorithmes prédictifs. « Aujourd’hui, un professeur donne une indication à toute une classe, ce qui peut fonctionner quand tous les élèves avancent au même rythme. Or, certains avancent plus vite, d’autres ont besoin de plus de temps et de travail pour approfondir les notions. School+ permet d’individualiser l’information en fonction de l’avancement de chaque élève, sans ajouter de temps de travail au professeur », développe Kévin Lestrade.

 

Euroforce. Le pôle européen sport-études surf

La plateforme d’enseignement à distance School+, élaborée par HackSchooling, se décline désormais à l’international avec Euroforce, un pôle européen sport-études, dédié au surf, créé en liaison étroite avec les comités de surf régionaux et départementaux. Alors que dans un contexte économique tendu, les jeunes athlètes européens rencontrent des difficultés à trouver des sponsors et à obtenir une visibilité à l’international, Euroforce veut regrouper au sein d’une même équipe les meilleurs surfeurs des principaux pays européens et mutualiser les moyens. « Le principe est simple, résume Kévin Lestrade, l’un de ses initiateurs. On accompagne 100 % à distance, sur les plans sportif et scolaire, les meilleurs athlètes européens, sans leur imposer de se déplacer dans un centre, ni d’être présents à heure fixe à un endroit, avec néanmoins un regroupement par an pour travailler sur la cohésion de groupe, un peu comme une équipe nationale de rugby et de football. Grâce à la plateforme, Philippe Malvaux, le sélectionneur sportif, est en mesure de faire de l’analyse vidéo, du suivi de la performance à distance de l’athlète, de le conseiller et de remonter le moral des troupes ». Parmi les 10 surfeurs sélectionnés cette année par l’ancien entraîneur au pôle France de la Fédération française de surf et ancien team manager d’Hurley à l’international, et qui bénéficient d’une bourse de 1 000 euros attribués par Euroforce : les Landais Sam Piter et Samuel Redon, le Girondin Luan Nogues, le Martiniquais Mael Laborde, Uxue et Axel Dominguez, deux jeunes surfeurs espagnols installés dans les Landes, ou encore le futur espoir anglais Lukas Skinner.

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Objectif au sein de l’EdLab : déployer la solution en région

Cette solution vaut à HackSchooling d’intégrer, avec huit autres structures néo-aquitaines l’EdLab, le laboratoire des innovations numériques pour l’éducation et la formation, lancé par la Région Nouvelle-Aquitaine, le 1er février. « L’objectif de l’EdLab est de permettre à des établissements qui n’ont pas les moyens de développer des outils de passer à un stade avancé en termes d’équipement numérique et de garder un temps d’avance ». L’institut qui utilise déjà la plateforme en interne, travaille actuellement avec l’Estia (École supérieure des technologies industrielles avancées), à Bidart, pour l’adapter à l’enseignement supérieur. Elle ambitionne désormais de préparer son développement et son déploiement dans des collèges et lycées néo-aquitains pour la rentrée 2021 et 2022. « Intégrer l’EdLab nous permet dans un premier temps de cibler les établissements partenaires et, soutenus financièrement par la Région Nouvelle-Aquitaine, d’assurer les développements pour rendre la solution compatible avec le Cned et les établissements publics ou privés, collèges, lycées et d’enseignement supérieur au niveau régional et pourquoi pas un jour national ? ».

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Les pépites de l’EdLab

Ce nouveau dispositif, mis en œuvre et accompagné par le Réseau des professionnels du numérique SPN, basé en Poitou-Charentes, propose aux neuf entreprises et start-up retenues sur 102 candidatures, de tester leur outil ou ressource numérique en situation réelle et d’en valider les apports pédagogiques, l’expérience utilisateur et leur modèle économique.

Au sein de l’EdLab, aux côtés du Landais HackSchooling et de son application métier, Évidence B (Paris) développe une solution destinée à renforcer la maîtrise du français grâce à l’intelligence artificielle ; StudyTracks Global (Fleury-Mérogis) cherche à valider l’impact pédagogique de son outil de lutte contre le décrochage scolaire grâce à des chansons pédagogiques. Inschool SAS (Lille) testera son cahier numérique Cantoo adapté aux élèves « dys ». Pour l’enseignement supérieur, Iteca (Angoulême) propose un jumeau numérique pour rendre les enseignants plus autonomes dans la production de leurs scénarii pédagogiques. Serious Frame (La Rochelle) travaille sur le prototypage d’une plateforme de diffusion des cours en amphithéâtre et en salle de classe s’inspirant des plateformes de streaming.

Pour la formation professionnelle, Hilo 3D (Bordeaux) développe un simulateur en réalité virtuelle de conduite d’engins de BTP. My Skillz (Bordeaux) met au point un assistant virtuel pour personnaliser les parcours de formation. Enfin, Prosapiens (Guéret) construit une plateforme d’e-learnig spécifique pour les actions de formation en situation de travail.