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Économie – Des perspectives peu encourageantes pour 2024

L’activité landaise, comme la française, marque le pas en cette fin d’année, selon le dernier baromètre de la chambre de commerce et d'industrie.

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Tous les six mois, la chambre de commerce et d’industrie des Landes réalise un baromètre de l’économie locale. À partir d’une enquête réalisée auprès de plus de 400 entreprises, elle dévoile aussi les perspectives que s’accordent les dirigeants pour les six mois suivants. La 45e édition de l’exercice, présentant la synthèse de l’enquête de novembre, a eu lieu le 8 décembre à Dax. Et sans surprise, Pascal Dussin, directeur du département animation territoriale et informations économiques à la CCI, a dressé un constat peu encourageant pour le début 2024.

L’activité au second semestre 2023 montre les signes d’un fort retournement de situation. 30,5 % des entreprises interrogées ont vu leur chiffre d’affaires régresser. 43 % déclarent que leur carnet de commandes est orienté à la baisse (elles n’étaient que 18 % à la même époque l’an dernier). Et 30 % prévoient une détérioration de la situation pour l’année prochaine.

Plus de 47 % des répondants n’investiront pas dans les mois à venir. Ceux qui y consacreront un budget le feront essentiellement dans la maintenance. “On maintient l’outil de production, mais on innove assez peu”, résume Pascal Dussin.

Concernant l’emploi, les perspectives sont tièdes. Seules 10 % des entreprises envisagent de recruter. Et si les deux tiers prévoient un effectif constant, plus de 15 % vont réduire leurs équipes. C’est deux fois plus qu’en juin.

Enfin, les critères financiers se dégradent. En raison de problèmes de débouchés, les entreprises n’osent pas relever leurs tarifs. Les marges sont écrasées pour près de la moitié d’entre elles. Et avec l’allongement des délais de paiement, les trésoreries sont tendues pour 47 % des répondants.

Les gagnants de 2023

En 2023, peu de secteurs sont au vert. C’est néanmoins le cas pour l’hôtellerie, les campings et la restauration qui affichent un bon bilan, proche du niveau record de 2022. L’année a été marquée par le plein retour des touristes étrangers, des ponts de printemps idéaux et une arrière-saison exceptionnelle. La baisse de consommation a toutefois impacté l’intérieur des terres.

Après des années éprouvantes, la filière aéronautique régionale retrouve, quant à elle, une dynamique. La situation est favorable pour les secteurs liés à l’aviation civile, la défense, aux hélicoptères et à l’aviation d’affaires. La sortie de crise est plus complexe pour le secteur de l’espace et la chaîne de production qui a du mal à faire face aux délais.

Crise de l’immobilier

La crise immobilière touche plusieurs secteurs. Après une année 2022 florissante, les banques, mutuelles et assurances évoluent dans un environnement moins porteur. La capacité d’emprunt des acheteurs s’effondre et les crédits à l’habitat sont stoppés (- 35 % entre juillet 2022 et août 2023). Ce coup d’arrêt des transactions a aussi un impact sur les budgets des collectivités qui enregistrent une baisse des droits de mutations de 11 % en un an.

Le secteur le plus affecté reste toutefois le bâtiment. En 2023, dans le logement, les permis de construire ont chuté de 48,1 % et les mises en chantier de 25,9 % par rapport à 2022. La baisse se fait également ressentir dans une moindre mesure pour les locaux commerciaux et industriels : – 9,1 % de mises en chantier et – 0,3 % de permis de construire. Les carnets de commandes sont très bas et, excepté dans la rénovation, les perspectives ne sont vraiment pas encourageantes.

Dans la filière bois, les marchés du sciage, comme ceux liés aux parquets lambris, marquent nettement le pas et s’inscrivent en repli dans la lignée de la construction et du bricolage. L’attractivité du pin, sa disponibilité, les coûts énergétiques, les difficultés à recruter et surtout le retournement des marchés préoccupent sérieusement.

Repli de la consommation

La saison thermale est similaire à la précédente. Les résultats sont hétérogènes selon les stations et les établissements. Mais à part pour les Thermes de Saubusse, le secteur n’a pas encore rattrapé l’effet Covid. Bonne nouvelle pour la profession, néanmoins : 2024 marque le renouvellement de la convention thermale, avec des prix en hausse. En revanche, l’équilibre des activités de santé et du paramédical est fragilisé. Les dépenses des patients sont contraintes, les problèmes de recrutement récurrents, les charges augmentent et les marges s’érodent.

Le secteur de la chimie est très impacté par la montée des coûts énergétiques et des approvisionnements. L’atonie des marchés actuels, et en particulier à l’international (- 38 % d’exportations en 2023), provoque un décrochage.

Les industries des biens de consommations sont eux aussi orientés à la baisse, tout comme le commerce et la distribution. Tous les secteurs sont concernés, sauf l’automobile et la beauté. Et l’e-commerce n’est pas épargné.

L’agroalimentaire, lui, souffre de son positionnement. En pariant sur les produits à haute valeur ajoutée, la filière landaise répond parfaitement aux attentes des consommateurs… Mais pas à l’état de leur portefeuille ! Face à l’inflation, les trois-quarts d’entre eux réduisent le volume de leurs achats et se tournent plus volontiers vers les marques de distributeur que vers les produits sous signe officiel de qualité et d’origine, fleurons de l’agriculture landaise.