Les Annonces Landaises : Comment concevez-vous les missions des technopôles Domolandes et Agrolandes que vous dirigez ?
Hervé NOYON : Au-delà du soutien aux pépites innovantes, nous sommes dans une dynamique de développement de projets d’intérêt général et durables au service du territoire. Notre objectif dans le cadre de la feuille de route définie par le département et les intercommunalités : entreprendre ce qui permet de faire bouger des lignes, contribuer à inventer les métiers et les produits de demain pour créer de la valeur, en connectant innovations et entreprises.
LAL : L’offre foncière du parc d’activités Atlantisud sur lequel est implanté Domolandes contribue-t-elle à l’ancrage des entreprises innovantes sur le territoire ?
H.N. : En 12 ans, Domolandes a forgé autour du parc d’activités Atlantisud l’image d’une destination d’exception pour les entreprises de demain, avec son prix de l’innovation pour détecter et accueillir les start-ups, son espace de construction virtuelle ou son expertise sur le BIM management [modélisation numérique de données du bâtiment, NDLR] avec la société d’économie mixte Hubics. Sans oublier un collectif d’hommes et de femmes partageant les mêmes valeurs.
Le succès est au rendez-vous : Domolandes e t Atlantisud incarnent la référence d’une destination très attractive, confirmée par une demande d’installations d’entreprises qui viennent de toutes parts, et qui s’accélère, avec 50 hectares de foncier vendus en 2021, soit autant qu’au cours des 10 dernières années. Neuf start-ups que Domolandes a aidées à grandir et à se développer, parmi lesquelles Materrup et les Chanvres de l’Atlantique, viennent ainsi d’investir leur usine industrielle au sein du parc.
LAL : La construction en cours de l’Écocampus Domolandes qui prévoit de quadrupler l’offre immobilière d’ici 2030, marque-t-elle un changement d’échelle pour le technopôle ?
H.N. : L’objectif est d’être toujours plus innovant avec toujours plus d’entreprises à haut potentiel et de proposer des services à forte plus-value. C’est le cas avec l’arrivée de pépites comme Shield Robotics qui conçoit les systèmes embarqués d’engins volants par des robots, ou AVEC qui crée pour l’industrie des matériaux biosourcés qui n’emploient aucune énergie fossile.
L’extension en cours de Domolandes portera l’offre immobilière de 5 000 m2 à 20 000 m2. Elle permettra d’augmenter les capacités d’accueil pour répondre aux demandes, sous réserves qu’elles aient un sens pour l’innovation.
LAL : La thématique de Domolandes est-elle amenée à s’élargir ?
H.N. : Nous avons commencé avec le numérique et le bâtiment durable. Notre volonté est d’élargir à d’autres thématiques comme l’économie sociale et solidaire (déjà présente dans Domolandes avec des structures comme Api’Up et Voisinage qui vont s’y installer durablement), la santé et le médico-social (grand âge) ou des services à l’industrie. Le point commun à toutes ces thématiques, ce sont les technologies innovantes.
Domolandes a forgé autour d’Atlantisud l’image d’une destination d’exception pour les entreprises de demain
LAL : Quelle sera la part de la recherche et de la formation dans le futur Écocampus ?
H. N. : En partenariat avec l’université de Pau et des Pays de l’Adour UPPA) et l’université Toulouse 1 Capitole, notre laboratoire de recherche, ouvert en septembre et animé par un docteur en informatique, s’apprête à accueillir quatre thésards issus des universités et des entreprises. Dans le cadre de la première chaire industrielle « digital et cadre de vie », ils vont travailler sur le thème de la data écoresponsable et de l’intelligence artificielle au service du bien-vivre et bien-vieillir dans son habitat.
En 2025, nous prévoyons un bâtiment spécifique pour accueillir un hub, carrefour de différentes équipes de formation et de recherche. L’enjeu est de former sur Domolandes des jeunes pour nos entreprises et leur apporter des leviers nouveaux pour être plus compétitives demain.
LAL : La démarche est-elle identique sur Agrolandes ?
H.N. : Le modèle est le même sur Agrolandes où nous amplifions la relation avec l’enseignement et la recherche pour apporter une réponse à nos entreprises.
Les deux technopôles s’inscrivent dans le même processus de projets innovants mis en œuvre avec les entreprises. Ce sont bien les 35 entreprises actionnaires, réunies au cœur de l’écosystème autour de projets d’intérêt commun, qui font la force spécifique d’Agrolandes, un technopôle assis sur son bassin de production d’excellence, celui de l’agriculture et de l’industrie agroalimentaire, depuis la filière forêt jusqu’à la filière canard gras, en passant par le biocontrôle, la biosécurité, les matériaux biosourcés, les énergies… La mutualisation et l’accompagnement permettent d’abaisser les coûts d’innovation et de faire émerger des projets partagés entre les entreprises. Sur les 40 projets en cours, celui sur le recyclage des effluents industriels a, par exemple, donné lieu à une cartographie et à des études particulières sur huit sites landais pour les actionnaires du GIE Agrolandes Entreprises. Un projet sur l’assistance à l’élevage réunit autour d’un même cahier des charges Sasso sur la filière volailles, Aqualande sur les truites ou Protifly sur les insectes et SMI Bouygues Énergies et Services pour le traitement de l’image et des données.
LAL : Quelles perspectives pour Agrolandes ?
H.N. : L’écosystème se remplit peu à peu : 88 % des bureaux et 60 % des ateliers sont occupés. Nous réfléchissons à la construction d’un nouveau bâtiment pour permettre aux entrepreneurs de rester durablement sur site au-delà des cinq ans de location au sein de l’hôtel d’entreprises. Des extensions sont à l’étude pour quatre d’entre elles, dont deux de la filière bois. Agrolandes, c’est avant tout la réalisation de dizaines de projets d’innovation au service de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Ce n’est pas une opération immobilière. L’indicateur de performance se mesure sur le nombre, la diversité et la qualité des projets qui font la vitalité du technopôle.
DOMOLANDES : CONSTRUCTION DURABLE ET NUMÉRIQUE
Création en 2011 au sein du parc d’activités Atlantisud, à Saint-Geours-de-Maremnne
Effectif : 11 salariés dont 2 alternants
Statut : Société publique locale (SPL), réunissant le conseil départemental des Landes et la communauté de communes Maremne Adour Côte Sud, avec une mission de service public pour promouvoir l’innovation dans la construction et l’accompagnement de porteurs de projets publics et privés.
Surface : 5 000 m2 avec 15 ateliers, 25 bureaux, un espace de coworking, des salles de réunion, un centre d’affaires qui permet d’accueillir 120 personnes.
Nombre d’entreprises : 40 employant 110 salariés
Financement : aides publiques et recettes externes pour 40 % générées par son offre immobilière et son expertise.
AGROLANDES : AGRICULTURE ET AGROINDUSTRIE
Création : en 2015 avec inauguration en 2019 de l’Agrocampus, à Haut-Mauco
Statut : Groupement d’intérêt public (GIP) regroupant le département des Landes (55 %), la communauté de communes Chalosse Tursan (10 %), la chambre d’agriculture (4 %), la chambre de commerce et d’industrie (2 %), la chambre de métiers et de l’artisanat (0,5 %), le Crédit Agricole (3,5%) et les 35 entreprises privées du GIE Agrolandes Entreprises (25 %)
Effectif : 4,5
Surface : 2 000 m2
Nombre d’entreprises : 20
Financement : aides publiques du département pour le fonctionnement et cotisations des entreprises adhérentes du GIE
DES PARTENARIATS AU-DELÀ DES LANDES
Au niveau régional et national, Domolandes développe des coopérations avec le technopôle de l’agglomération Pays basque, Hélioparc sur Pau, l’Incubateur Paca-Est à Toulon et à Sophia-Antipolis, French Tech, Technowest, ESTP Paris, Village by CA, Leonard, ou les clusters Odéys, Xylofutur, pour des événements communs. Au-delà du grand prix de l’innovation construction et cadre de vie, l’écosystème a co-organisé, en 2022, avec la Région Nouvelle-Aquitaine, le Moniteur Innovation Day Nouvelle Aquitaine autour de « la ville de demain ». Il contribue à l’association Rêve de Scènes Urbaines pour expérimenter des projets innovants, sous l’action du groupe Vinci en associant collectivités et start-ups. « Notre écosystème est connu des ministères et du réseau d’incubateurs Green Tech comme une référence en territoire pour son expertise et sa capacité à déployer leurs modèles d’innovation sur le terrain. Et nous nourrissons les mêmes ambitions pour Agrolandes qui a déjà lancé son prix de l’innovation. Nous sommes identifiés sur la carte de France pour nos pépinières, mais aussi et surtout pour nos concours, notre expertise, nos projets et nos laboratoires de recherche », se félicite son directeur général, Hervé Noyon.