Couverture du journal du 23/03/2024 Le nouveau magazine

[ Course landaise ] Patrice Larrosa, président de la Fédération de la course landaise : En piste pour la modernisation

Patrice Larrosa, le nouveau président de la Fédération française de la course landaise et son équipe, récemment sortis des urnes, s’attaquent au chantier du redémarrage des spectacles après la pandémie et à la redynamisation d’une tauromachie qui n’a pas son pareil, mais réclame un dépoussiérage du sol au plafond. Les chantiers sont ouverts.

Course landaise

© Cyrille Vidal

L’image est forte. En noir et blanc, un peu jaunie. Elle trône dans la salle de réunion du siège de la Fédération française de la course landaise, à Saint-Pierre-du-Mont, et montre Henri Emmanuelli, alors président du conseil général des Landes, entouré des parlementaires de l’époque, coupant le ruban inaugural du local. Manifestement un ravissement partagé. C’était en 1985. Depuis, le temps a fait son œuvre. Plafond éventré, peintures défraîchies, pièces envahies par une multitude de dossiers, manque de place évident. On est loin des boléros scintillants de lumière. « Il y a déjà un projet de réhabilitation « La course landaise est un sport extrême, un art aux racines profondes » de notre siège, explique Patrice Larrosa, nouveau président de la Fédération. Nous voulons l’adapter à notre nouvelle façon de travailler avec des bureaux plus ouverts, plus d’espace et peut-être un étage. Et puis, il nous faudra étudier le projet porté par la Ville de Mont-de-Marsan de créer un pôle tradition des cultures taurines autour des arènes du Plumaçon. »

La course landaise est un sport extrême, un art aux racines profondes

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© Shutterstock – Leonid Andronov

Les Annonces Landaises : Ce chantier est symbolique de votre volonté de moderniser la Fédération et de mettre en place une nouvelle gouvernance ?
Patrice Larrosa : Je pense que pour être intelligent, il faut être plusieurs. Le temps des élections est passé. Je souhaite maintenant que nos regards se tournent vers l’avenir. Au-delà de la réhabilitation de notre siège, il faut que toutes les composantes du monde coursayre, sans exclusive, réapprennent à s’écouter, se parler, échanger. Les chantiers sont nombreux et tous ceux qui ont la volonté d’œuvrer pour la course landaise sont les bienvenus. Nous avons déjà avancé en créant sept pôles de travail (voir encadré). Ils sont composés d’experts passionnés -certains faisaient partie de la liste adverse- et leurs chefs sont parfois très jeunes. Le conseil d’administration leur a confié des projets. Ils ont un devoir de résultat, dans un temps imparti.

 

Les Annonces Landaises : Votre rôle de président de la Fédération est donc… de fédérer ?
Patrice Larrosa : La course landaise repose sur trois piliers. Les ganaderos, les acteurs et les organisateurs. Ils sont tous les trois essentiels et indissociables. Le conseil d’administration nouvellement élu est composé de 25 % de gens de la piste (écarteurs, sauteurs, entraîneurs, cordiers ou ganaderos). Notre rôle est d’accompagner chacun d’eux. La course landaise n’est pas un folklore. C’est un sport extrême, un art aux racines profondes. Il nous faut travailler tous ensemble et l’adapter à notre époque. Les acteurs au tempérament de Gascons font preuve de courage, de panache et aiment relever les défis. La Fédération est à l’écoute de leurs besoins et veut les aider à vivre leur passion. Ainsi, par exemple, les écoles taurines auront un statut de centre de formation avec des entraîneurs diplômés. Nous voulons également être proches des ganaderias. Actuellement, suite à l’arrêt des spectacles, nous intervenons pour trouver des aides. Nous allons également simplifier le règlement des courses pour créer un spectacle plus court, plus intelligible avec des sorties de vaches revisitées. Le spectacle devra durer 1 h 45 au maximum.

Et puis, dans le même ordre d’idée, nous pensons qu’il serait bon de mettre en place des temps de rencontre entre les speakers, essentiels pour la réussite du moment, les jurés et les arbitres qui travaillent ensemble. Par ailleurs, nous avons édité une affiche qui promeut les huit ganaderias de seconde qui sont prêtes à accueillir chez elles touristes, entreprises ou festayres. [NDLR : sur 12 ganaderias, huit sont « en seconde » et quatre sont « en formelle », c’est-à-dire qu’elles peuvent participer aux grands concours]. Nous envisageons d’ailleurs de trouver un autre nom plus valorisant pour les ganaderias de seconde qui véhiculent l’image de notre tauromachie unique bien au-delà du département.

 

Enfin, nous travaillons avec le comité départemental du tourisme à la mise en place d’une démarche qualité qui débouchera sur un label qualité tourisme, un peu comme cela a été fait pour le surf.

Nous allons simplifier le règlement des courses pour créer un spectacle plus court

La course landaise en chiffres

1953 : création de la Fédération
250 acteurs (écarteurs, sauteurs, entraîneurs, cordiers, vachers) + les écoles taurines.
12 ganaderias
(4 « en formelle »)
2 000 coursières
400 courses en moyenne, en année « normale », 150 en 2021
175 arènes
250 000 entrées en moyenne en année « normale »

Les sept pôles

Patrice Larrosa

Patrice Larrosa Président de la
Fédération française de la course landaise © Thierry Dupere

1 : Course landaise
Responsable : Maxime Bats avec commission sportive, organisation de spectacles, arbitrage et relations avec les ganaderias de seconde2

 

2 : Bétail
Responsables : Jean-François Cazaucurt et Didier Deyres

 

3 : Sportif
Responsable : Sylvia Dertheil

 

 

4 : Financier
Responsables : Marie Senac et Éric Sucère

 

5 : Communication et culture
Responsables : Francis Poustis et François Bordes

 

6 : Jeunesse, formation et social
Responsables : Lucien Laurède et Bastien Moity

 

7 : Administratif
Responsables : Sandrine Darracq et Lucien Laurède

Les écoles taurines auront un statut de centre de formation avec des entraîneurs diplômés

Les Annonces Landaises : Et pour les organisateurs ?
Patrice Larrosa : Spécialement pour eux, je pense à la simplification de notre système informatique. Les trois permanents de la Fédération, dont Didier Goeytes, trois fois champion de France, sont à leur écoute. Ils iront dans les écoles, les collèges, les lycées, les entreprises ou les campings pour faire découvrir notre passion et promouvoir les rendez-vous.

 

Les Annonces Landaises : Le championnat de France 2021 aura-t-il lieu ?
Patrice Larrosa : Vu le nombre de courses effectuées jusqu’ici, il n’y aura pas de championnat de France à proprement parler. Nous organisons cependant un challenge appelé « compétition formelle 2021 » qui réunit les deux comités de l’Armagnac et de Landes-Béarn, avec une finale, le 3 octobre à Nogaro.

 

Les Annonces Landaises : Qu’en est-il du nouveau régime indemnitaire de l’Urssaf qui prévoyait le rattachement de la course landaise aux régime fiscal des fédérations sportives ?
Patrice Larrosa : C’est toujours en cours. Le statut précédent a été remis en cause en 2015. La fédération a déposé des propositions en juin 2020. Depuis, nous allons de dérogation en dérogation. Nous ne refusons pas de collaborer avec les services de l’État qui veulent que tout soit carré et transparent. Mais je veux ici rappeler que la course landaise est un sport amateur. Pour
vivre, tous les acteurs ont un métier. Mis à part une poignée d’entre eux qui atteignent 20 000 euros par an, la majorité ne gagne pas vraiment d’argent. Quand on additionne les frais d’entraînement dignes d’athlètes de haut niveau, les frais de déplacement, l’entretien du boléro et de la tenue, la réparation des tumades [NDLR : coups de cornes, de hanches ou de pattes de la coursière], beaucoup en sont de leur poche. C’est vraiment une passion. Et je voudrais qu’elle perdure chez les jeunes.

Vers un label qualité tourisme pour la course landaise, comme pour le surf

Moderniser l’image de la Course Landaise

Francis Poustis Photo Cyrille Vidal

Francis Poustis Responsable du pôle communication de la Fédération © Cyrille Vidal

« Un plan de communication global sera très prochainement soumis au conseil d’administration. Vous imaginez bien que pour valoriser ce vecteur identitaire de la culture et de l’économie gasconnes, vitrine de la dynamique de notre territoire, nous utiliserons plusieurs supports, notamment la télévision », révèle Francis Poustis, responsable du pôle communication de la Fédération. Dans cette logique, un pancartage des limites du pays coursayre est également envisagé. Et, après la course, à l’heure des selfies, l’objectif est d’inviter les acteurs à partager avec les spectateurs et d’encourager les entreprises qui ont des salariés, écarteurs ou sauteurs, à associer leur image à celle de la course landaise.