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Canards gras : premières vaccinations, nouveaux espoirs

Le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, était dans les Landes et le Gers pour le démarrage de la première campagne de vaccination de palmipèdes après six crises aviaires en huit ans. Entre soulagement et espoir de toute une filière, malgré des freins à l’exportation.

À Horsarrieu, chez l'éleveur Éric Dumas, également président de l'interprofession Cifog, ont été vaccinés les premiers canetons landais en présence du ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau canard

À Horsarrieu, chez l'éleveur Éric Dumas, également président de l'interprofession Cifog, ont été vaccinés les premiers canetons landais en présence du ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau © Ministère de

Ce lundi 2 octobre, dès 8 h du matin, les 3 500 canards d’Éric Dumas, président du Cifog (interprofession du foie gras), ont commencé à être vaccinés sur son exploitation d’Horsarrieu, près d’Hagetmau, sous les yeux du ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau. Cette première injection à la base du cou sur des canetons âgés de 10 jours sera suivie d’un rappel à 28 jours, comme pour la totalité des palmipèdes dans les élevages de plus de 250 têtes (hors reproducteurs), soit plusieurs centaines de milliers en France dès cette semaine et plus de 60 millions dans les prochains mois.

85 % PRIS EN CHARGE PAR L’ÉTAT

« La vaccination, c’est l’espoir de sortir enfin de cette ornière sanitaire. Mais ce n’est pas l’outil miracle, c’est un outil supplémentaire à la biosécurité. On espère retrouver la sérénité entre producteurs, et apaiser les tensions, car en vaccinant, on protège aussi les élevages voisins », a salué Éric Dumas alors que chacun espère ne plus avoir à subir d’abattages massifs de millions de bêtes comme ces dernières années.

Cette campagne obligatoire avec des vaccins formulés par le laboratoire allemand Boehringer Ingelheim*, est « inédite dans son principe et par son ampleur », a résumé Marc Fesneau, lançant des « mercis et bravos collectifs » à toute la filière qui produit, avec le foie gras, un « élément identitaire patrimonial » de la France.

L’État prend en charge 85 % du coût de ce dispositif estimé à 100 millions d’euros. « Les 15 % restants, c’est un sujet, a fait valoir Xavier Fortinon, président du conseil départemental. On sera certainement là pour en discuter dans la mesure où on avait pris les devants en inscrivant des crédits pour ne pas faire peser sur les canards un prix trop important. Il en va de l’avenir de cette filière. On n’a pas l’habitude de s’échapper. » Autre problématique, l’export. La France est à ce jour le seul pays d’Europe à vacciner ses palmipèdes contre la grippe aviaire, et le Japon, auparavant premier marché du foie gras français hors Union européenne, a déjà fait savoir qu’il suspendrait les importations de produits avicoles français.

Avec « notre processus de suivi sanitaire très exigeant, nous avons trouvé les voies et moyens de faire en sorte que (la vaccination) ne soit pas un problème » pour un certain nombre de pays, et « pour le Japon, on est encore en discussion », a souligné Marc Fesneau, mettant en avant « la diplomatie sanitaire » qui « œuvre à bas bruit ».

De « longues négociations qui pourraient être liées à des accords du Japon avec l’Europe pour des demandes de réciprocité sur d’autres sujets », croit savoir un responsable de la filière.

LA DIPLOMATIE SANITAIRE À L’ŒUVRE

Globalement, « l ’export représente 20 % des débouchés en volumes » et le pays du soleil levant « la moitié de ces volumes et plus encore en valeur », explique

Fabien Chevalier, vice-président du Cifog et directeur général de Lafitte Foie gras à Montaut. Sur l’Asie du Sud-Est, un autre client historique, Hong-Kong, accepte, lui, la vaccination. « Entre ces deux positions inverses, le Canada a, de son côté, rouvert le marché de la conserve la semaine dernière, précise Fabien Chevalier, et si pour l’instant, ils bloquent sur la vaccination, on sent des perspectives de négociation. Tout est en discussion ». Selon lui, « la vaccination sera totalement une réussite quand on aura réussi l’acceptabilité à l’export. »

Du côté du Modef des Landes (syndicat des petits exploitants familiaux), on se dit satisfait que la vaccination démarre enfin pour l’avoir demandée depuis le début alors que la filière « a mis trop longtemps à reconnaître de peur pour l’export » ; mais pour la présidente Mélanie Martin, il est désormais impératif de « s’attaquer vraiment à la question de la densité des élevages » pour éviter de nouvelles crises et se recentrer sur la qualité.

Quant à Alain Rousset, président du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, il a souhaité que « le travail se développe sur les géniteurs avec des races plus locales et résistantes », pour ne pas laisser ce marché aux géants vendéens du secteur, car « si on unifie trop la génétique, on la rend aussi plus fragile. »

*Un deuxième appel d’offres pour de nouvelles doses doit avoir lieu dans les prochains mois et le laboratoire français Ceva espère revenir dans la course.