Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

Apis Mellona : le miel de la vie

À Seignosse, Laurent Cazenave qui a choisi de se reconvertir il y a trois ans en créant le rucher Apis Mellona, partage sa passion en proposant des ateliers pour s’initier à la vie des abeilles ou savourer un repas autour du miel en pleine nature.

miel

© Laurence Toms

Dans la forêt de Seignosse, Laurent Cazenave, à la tête de Apis Mellona, donne rendez-vous aux épicuriens au soleil couchant pour déguster en pleine nature un repas de la chef Mathé, préparé à partir des produits de la ruche. « J’ai imaginé « L’escapade au rucher » avec Mathilde qui est chef à domicile, passée notamment par le restaurant étoilé, la Villa de l’Étang blanc. Je propose sur demande une visite de la miellerie, des ruches et nous partageons des plats sucrés et salés au miel », explique l’apiculteur. Avec en cocktail de bienvenue, deux nouveautés : un gin au miel de fleurs sauvages et la bière Ours. « C’est important de se diversifier car la récolte de miel n’est pas toujours bonne en fonction de la météo. L’année dernière, avec la canicule, elle a été catastrophique alors que ce début de saison est correct », explique-t-il. Un moment suspendu dans une ambiance conviviale au cours duquel Laurent Cazenave aime rappeler à ses convives l’importance des abeilles dans notre écosystème.

Laurent Cazenave miel

Laurent Cazenave © Émilie Gentils

À FLEUR DE POTS

Cela fait seulement trois ans que cet ancien ingénieur aéronautique chez Safran Helicopter Engines s’est reconverti pour se consacrer pleinement à l’apiculture : « C’est une reconversion déclenchée par le Covid qui m’a permis de mettre le nez dehors. » Conscient du temps qui passe, Laurent Cazenave quitte son emploi de salarié pour créer son auto-entreprise avec l’envie de retrouver le plaisir de son enfance quand son père apiculteur amateur lui faisait découvrir les saveurs du miel. « Je participais gamin, le dimanche, aux récoltes à Asson (Béarn). Je me souviens de l’odeur du miel et de la propolis (cire)… J’ai toujours été fasciné par les abeilles. Quand je travaille les ruches, je retrouve tout ça et je me sens bien. J’ai même l’impression d’avoir rajeuni », s’amuse l’entrepreneur de 52 ans.

Durant une année, chaque samedi, il suit la formation du rucher école de Souprosse et investit dans ses premières ruches. « Pour mettre en pratique ce que j’apprenais, j’ai commencé dans mon cellier à la maison. J’ai aussi fait une saison en Corse chez un ami apiculteur. » En parallèle, il monte son business plan, accompagné par un cabinet privé, puis un comptable et décroche 13 000 euros d’aide de la région Nouvelle-Aquitaine dans le cadre du Plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles. « Pour en vivre, cela nécessite une grande réflexion. Il y a beaucoup d’apiculteurs sur le marché, alors j’ai développé mon activité en valorisant le produit à travers différentes déclinaisons comme mon miel au cacao ou des granolas avec cacahuètes de Soustons et céréales torréfiés au miel. »

Laurent Cazenave s’installe en 2020 dans la zone artisanale de Laubian à Seignosse où il monte son laboratoire et une petite boutique dans un local de 120 m2. C’est là que naît la marque Apis Mellona du nom d’une déesse romaine, protectrice des abeilles. « Les abeilles sont apparues sur terre bien avant les humains. La fascination qu’exerce l’abeille perdure depuis des millénaires. Elle a accompagné beaucoup de grands hommes : on la retrouve sur les insignes de Louis XV ou le manteau de sacre de Napoléon », développe Laurent Cazenave qui confie entretenir une relation un brin mystique avec l’insecte. Aujourd’hui, ce sont sur les tee-shirts, casquettes et tote-bags de la boutique que l’abeille iconique d’Apis Mellona, s’est posée. Elle orne ses pots de miel, boissons, pains d’épices et granolas. « L’image des produits est importante. J’y suis très sensible. Il faut que ce soit beau et bon ! Quand les gens viennent me rendre visite, je veux leur transmettre quelque chose et qu’ils passent un bon moment avec l’envie de revenir », précise l’apiculteur.

SUR LA TABLE DES CHEFS

Aujourd’hui, son exploitation compte 250 ruches. « J’ai recherché des parcelles en fonction des essences d’arbres et des fleurs pour faire du miel de châtaigniers, d’acacias, de myrtilles, de bruyère, de tilleul ou de fleurs sauvages… » Les abeilles d’Apis Mellona butinent ainsi dans les Landes et au Pays basque. Après avoir vendu ses premières récoltes sur le marché d’Hossegor, il est allé frapper aux portes des restaurants, hôtels, épiceries et chambres d’hôtes susceptibles de mettre à leur carte son produit. « J’ai beaucoup utilisé Instagram pour étoffer mon réseau. » Reconnu « artisan de qualité » depuis 2021 par le Collège culinaire de France, l’apiculteur travaille désormais avec des épiceries fines et de nombreux établissements de luxe : Le Régina à Biarritz, le château de Brindos à Anglet et aussi des chefs prestigieux : Yannick Duc du Hittau à Tyrosse, David Sulpice de la Villa de l’Étang blanc à Seignosse, Christian Etchebest de la Cantine du troquet à Paris. Son ambition n’est pourtant pas de se développer davantage. « Je veux juste trouver un équilibre et garder mes valeurs. Je ne fais pas ça pour devenir riche mais pour m’éclater, transmettre et faire de beaux produits. »

LA RUCHE EN CHIFFRES

200 euros, c’est le coût moyen d’une ruche avec son essaim

Entre 50 000 et 70 000 abeilles vivent dans une ruche

30 % de leur fabrication de miel seulement sont extraits par l’apiculteur

On considère qu’un miel est monofloral s’il provient au moins à 70 % d’une seule variété

Le rendement moyen d’une ruche est de 18 à 20 kilos de miel par an selon les conditions météo

Une reine pond 2 000 œufs tous les jours