Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

Steven Burke : l’appel de la forêt

Avec ses œuvres ultra colorées et son style identifiable au premier coup d’œil, le peintre, illustrateur et graphiste Steven Burke est devenu, en quelques années, un véritable ambassadeur artistique de la forêt landaise. Portrait.

Steven Burke

Steven Burke © Bernard Dugros

« Les pins, les fougères, les genêts, les chênes-lièges et les arbousiers… à première vue, la forêt des Landes peut paraître stéréotypée. Mais, pour moi, c’est un aspect rassurant. Quand je rentre de voyage, la vue des premiers pins par la fenêtre du train me fait immédiatement me sentir chez moi. » C’est précisément au milieu de cette nature apaisante – son motif de prédilection – que Steven Burke a choisi de vivre et d’installer son atelier. La pinède n’est pourtant pas son milieu de vie originel. Né en Allemagne, Steven Burke a beaucoup déménagé. Il est notamment passé par Paris, puis Bordeaux, avant de rejoindre les Landes – terres natales de sa compagne, Fanny Fleuraux – il y a une douzaine d’années. Après Hossegor et Seignosse, c’est aujourd’hui à Léon qu’il puise son inspiration. « Cette nature qui m’entoure, je ne m’en lasse pas. Elle semble être toujours pareille, mais elle est finalement très différente au fil des saisons », estime Steven Burke. Une affaire de rythme, très calme en hiver et bouillonnant en été, mais aussi de lumières.

Steven Burke

Steven Burke © Bernard Dugros

DU GRAFF AUX FRESQUES MURALES

La lumière, c’est précisément ce qui saute aux yeux dans le travail de ce peintre à l’univers graphique et coloré. « On apporte la luminosité avec les couleurs, note Steven Burke. Je les choisis en fonction des émotions et de la temporalité. Mon travail est généralement plus coloré en hiver qu’en été car c’est une saison qui réclame des couleurs qui réchauffent, qui dynamisent. » Après des études de communication visuelle, il débute en tant que graphiste, spécialisé dans l’illustration. Il travaille pour de grandes marques de prêt-à-porter, mais aussi pour la presse. À cette époque, son talent s’exprime également en couleurs sur les murs délabrés de Bordeaux. Là, pas de commande ni de cahier des charges à respecter. Juste ses envies et sa créativité.

Cette nature qui m’entoure, je ne m’en lasse pas

« Au fur et à mesure, l’envie de travailler pour moi s’est imposée. Et mon emménagement dans les Landes, dans ce cadre plus introspectif, m’a poussé à me focaliser un peu plus sur mes réelles envies professionnelles », confie Steven Burke. En 2015, la fresque « Wonderlandes », fruit d’une initiative conjointe avec Morgan De Vismes, un des fondateurs de la marque de vêtements Step Art, voit le jour à Hossegor. Signée de son pseudo Lucky Left Hand, cette œuvre devient rapidement emblématique du style Burke. On y retrouve les motifs de la main, de l’œil et de la fougère, chers à l’artiste. « À cette époque, j’étais en quête de sens. J’avais envie de travailler pour des gens dont je  partageais les valeurs. Cette fresque a été un point de départ fort. » Par la suite, d’autres œuvres murales fleurissent dans les communes voisines. Dans des lieux publics, mais également chez des particuliers.

Steven Burke

Steven Burke © Bernard Dugros

PLONGÉE DANS UN BAIN DE FORÊT

En parallèle, depuis 2015, Steven Burke déroule son interprétation de la forêt landaise sur toile. Et les pins – très graphiques, presque oniriques – sont aujourd’hui un sujet majeur, objet de variations aux couleurs vibrantes. En 2020, les murs du centre d’art Troisième Session, à Soorts-Hossegor, se teintent de ses pins colorés à l’occasion de l’exposition « Ça y est, on est enfin perdus ». Steven Burke réalise également une fresque monumentale sur la façade du siège social de l’entreprise Louis Vuitton, à Paris. À chaque fois, il joue avec une palette chromatique très étendue. Il mélange les couleurs pastel aux tons plus percutants, dans un exercice de répétition de motifs qui échappe savamment à la monotonie. Il en ressort une impression joyeuse et positive. On se sent bien. Comme dans son atelier, lumineux et coloré, au milieu de la forêt, où son travail solitaire se mêle à une ingénieuse collaboration avec sa femme, Fanny Fleuraux.

Car, si depuis quelques années, Steven Burke signe ses toiles de son nom, indice d’un « travail plus assumé », confie-t-il, le tandem qu’il forme avec sa femme – baptisé Fleurke [contraction de leurs deux noms de famille, NDLR] – occupe également une place importante. « Au début, c’était mon univers. Maintenant, c’est le nôtre, explique Steven Burke, sous le regard complice et bienveillant de celle avec qui il partage sa vie et son atelier. On a la même sensibilité, les mêmes goûts, la même formation. On échange beaucoup, on partage nos idées. On ne fait que ce qui nous plaît à tous les deux. » Fanny Fleuraux gère la partie linogravures et, ensemble, ils cherchent, imaginent et expérimentent. Alors qu’il vient de clôturer sa dernière exposition, intitulée « Parablues », Steven Burke reste discret sur ses prochains projets : « Dans nos têtes, nous avons beaucoup d’idées et d’envies… ». Ils évoquent « des collaborations à venir » et cherchent « un lieu pour une prochaine exposition ». Pour le moment, nous n’en saurons pas plus. Mais on a déjà hâte.

STEVEN BURKE EN QUELQUES MOTS

Le « style Burke » en trois mots : Minimaliste, coloré et audacieux

L’endroit qui vous inspire : Le lac d’Hossegor en hiver

L’artiste que vous aimeriez faire découvrir : Le peintre Hugo Capron

La bande-son de votre atelier : De l’italo-disco

La couleur que vous utilisez le plus : Le bleu et le vert

La personne que vous aimeriez rencontrer : Sébastien Tellier

Le plus beau compliment qu’on puisse faire sur votre travail : Que ça fait du bien !