Couverture du journal du 07/05/2024 Le nouveau magazine

Un nouveau PDG pour Latécoère

Thierry Mootz, déjà Directeur général de Latécoère, a été nommé Président du Conseil d’administration, lors de l’Assemblée générale du groupe fin juillet.

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Un accord de recapitalisation a été signé par Latécoère et ses partenaires financiers pour permettre de donner de l’air à l’entreprise © Arnaud Spani

Un changement dans la continuité pour Latécoère. Le sous-traitant aéronautique a nommé Thierry Mootz comme PDG lors de son Assemblée générale fin juillet. À 60 ans, celui qui était déjà DG du groupe depuis 2021 ajoute donc à sa fonction le titre de Président du Conseil d’administration. Il appartenait jusqu’ici à Pierre Gadonneix dont le mandat a expiré après avoir atteint la limite d’âge de 80 ans il y a quelques mois.

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Thierry Mootz, nommé Président directeur général de la société. Il était déjà le DG depuis 2021 © Latécoère

Objectif sortie de Covid pour Latécoère

L’objectif principal de cette AG n’était pas tant cette nomination mais plutôt le début des opérations de regroupement des actions de la société. En effet, Latécoère entame les grandes manœuvres financières après l’accord de recapitalisation homologué en juin dernier. Cet accord a fait l’objet d’une négociation entre l’actionnaire de Latécoère depuis 2019, Searchlight Capital Partners LP, la Banque européenne d’investissement et l’État. Il prévoit une recapitalisation de la société de 283 millions d’euros. Une aubaine pour Latécoère qui connaît des années très difficiles depuis la pandémie de Covid-19. Si le chiffre d’affaires de l’entreprise a progressé de 39% en 2022, les pertes se chiffrent à 127 millions d’euros.

L’accord signé entre l’actionnaire américain et l’État prévoit une recapitalisation de 283 M€

Cette recapitalisation va s’effectuer en deux temps. D’abord par une augmentation de capital de 100 millions d’euros puis par une réduction de la dette de 183 millions. En clair, l’Etat – qui a accordé près de 220 millions d’euros de prêts garantis (PGE) à Latécoère – accepte d’effacer une partie de l’ardoise. Le paiement de la dette restante (85 millions) est, quant à lui, échelonné jusqu’en 2027. L’accord prévoit toutefois un mécanisme de retour à meilleure fortune, qui peut permettre à l’Etat d’espérer un remboursement total lorsque l’entreprise ira mieux.

Actif au salon du Bourget grâce à Boeing

Latécoère veut croire que le plus dur est passé. Entre l’arrêt des activités en pleine pandémie, les problèmes d’approvisionnement, les pénuries de matières premières et l’inflation … 2023 doit marquer le retour aux affaires pour le sous-traitant aéronautique. Et le salon du Bourget a apporté de bonnes nouvelles.

Le bureau d’études toulousain a d’abord été choisi pour certifier et fabriquer le prochain porte-passager du Honda Jet 2600, un avion d’affaires pouvant transporter jusqu’à 20 personnes. Mais la plus grosse nouvelle est venue de Boeing qui a choisi Latécoère pour fabriquer les harnais électriques et les boîtiers de raccordement pour le programme 737. Le contrat vaut tant pour la version civile (Boeing 737 Max) que militaire (P-8 Poséidon). L’entreprise va également fabriquer des baies avioniques pour le programme 767. Il s’agit d’un système pour le stockage et l’organisation des équipements électroniques de l’avion. « L’expertise de Latécoère permettra de mener l’industrialisation réussie de ces références complexes », se réjouit la direction.

Boeing a choisi Latécoère pour fabriquer les boîtiers de raccordement pour le programme 737

La production va débuter avant la fin de l’année 2023 sur le site de Latécoère au Mexique, afin de raccourcir les distances avec l’avionneur américain. Mais le bassin toulousain n’est pas en reste. La société recherche ici une centaine de candidats en CDI dès que possible pour des postes de production, mais aussi de fonction support (chaîne d’approvisionnement, achat, logistique, recherche et développement …)

Solder le conflit social de Montredon

Ces embauches prévues sont une bouffée d’air frais pour l’entreprise qui a dû se séparer de près de 250 personnes en 2021, et qui garde des stigmates du récent conflit social causé par la délocalisation des activités du site de Montredon, à l’Union. Les machines ont été envoyées en République tchèque et au Mexique et les 109 salariés du site ont cru tout perdre.

Mais Montredon ne va finalement pas disparaître. Un pôle solutions et services va voir le jour ainsi qu’un pôle développement. Parmi les 109 salariés, quelques dizaines ont quitté l’entreprise pour d’autres projets. Les autres sont en attente de reclassement. La direction promet une solution pour chacun, sur ce site ou à proximité. Des formations sont d’ailleurs proposées aux salariés désireux de se reconvertir au sein d’une autre activité dans le groupe.