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Saint-Paul-lès-Dax – Villa gallo-romaine : visite guidée

La découverte des vestiges d'une importante villa antique et d'une chapelle du Moyen-Âge, en 2022, est venue étoffer le patrimoine culturel de Saint-Paul-lès-Dax. Le rapport de fouilles vient d'être présenté au public.

Villa

La villa d'environ 2 000 m2 a connu son apogée aux IIIe et IVe siècles. © Éveha 2022

Pendant longtemps le patrimoine saint-paulois s’est centré sur son église et son abside romane, classée aux monuments historiques. La mission d’inventaire confiée par la municipalité à l’historien de l’art Kévin Laussu [LAL n° 4122 du 1er novembre 2024] a récemment permis d’identifier en prime des constructions basco-landaises Art déco, un vieux cimetière, un moulin à la charpente remarquable, des tuileries et briqueteries, un domaine d’Abbesse, désormais propriété de la commune, abritant les restes d’une industrie sidérurgique née au siècle des Lumières et recélant un écosystème remarquable, entre milieux naturels patrimoniaux et faune sauvage rare. Et, il y a deux ans, à l’occasion d’une opération d’archéologie préventive au lieu-dit Céros, au bord de la route de Lestrilles, la liste s’est encore allongée avec la découverte des décombres d’une imposante villa gallo-romaine construite au IIe siècle, d’une église érigée entre le XIe et le XIIIe siècle et de son vaste cimetière paroissial regroupant plus de 300 sépultures.

De l’époque gallo-romaine à nos jours

Les fouilles menées par 26 spécialistes du bureau d’études archéologiques Éveha de Limoges ont duré quatre mois. Les fondations, restes de murs, puis colonnes, caniveaux, chauffage par le sol et autres greniers à grains ont été repérés, photographiés sous tous les angles et réenfouis. Tout ce qui était transportable l’a été pour être étudié et répertorié. 26 caisses de céramiques, trois de faune, une de coquillages, une dizaine d’ossements humains, cinq de métaux (médaillons, pièces de monnaie, boucles de ceintures, pinces de linceuls, bagues, outils…).

Début octobre, Pierre Dumas-Lattaque, responsable de l’opération, a présenté les conclusions de ses recherches intitulées « L’occupation au long cours de la villa antique à l’église moderne sur le terroir de Céros », conviant les amateurs à un long voyage didactique de l’époque gallo-romaine à nos jours.

La découverte de la villa d’environ 2 000 m2​​​​​​ a transmis de précieuses informations sur l’histoire locale. C’est à l’époque romaine en effet qu’émerge et se diffuse le système de la villa, modèle d’exploitation agricole fondé sur de grands domaines. Celle de Saint-Paul-lès-Dax appartenait probablement à un notable. Elle se rapproche des villae palatiales semblables à celle de Sorde-l’Abbaye, ou de celles de taille plus modeste (moins de 1 000 m2), connues surtout dans le Gers. La découverte est d’autant plus remarquable que jusqu’à présent, seuls les tronçons d’un aqueduc qui alimentait probablement la ville de Dax étaient connus.

La villa saint-pauloise – même si à l’époque la commune n’existait pas -, a connu son apogée aux IIIe et IVe siècle et comprenait environ 45 pièces autour d’un péristyle (jardin arboré) avec ses caniveaux de récupération d’eau de pluie, une zone thermale avec chauffage par le sol, et une cuisine identifiée par la rubéfaction des matériaux. Ont été découverts des monnaies du IVe siècle, des assiettes ou des épingles à cheveux et des morceaux de verre de vitres.

Salles thermales

L’espace résidentiel était divisé en trois parties distinctes : au nord l’aile réservée au propriétaire et à sa famille, à l’ouest les salles thermales et au sud, les pièces de réception destinées aux invités et à la clientèle du notable. La partie agricole assurait certainement des revenus conséquents au maître qui faisait exploiter ses terres et en vendait les récoltes, probablement sur le marché de Dax. De nombreux outils destinés aux travaux agricoles ainsi que deux puits en garluche et alios (grès locaux) et quelques squelettes d’animaux ont été retrouvés. Des foyers et des fours culinaires en tegulae (tuiles romaines plates et rectangulaires munies de deux rebords sur leurs longs côtés) fournissent de précieuses indications sur l’histoire du site. Les timbres (cachets de potier), découverts sur celles du toit de la villa, ont transmis des informations sur leur atelier de fabrication.

Chapelle de Quillac

La fouille a également permis d’identifier une église d’environ 48 m2 qui a perduré jusque vers le milieu du XVIIe siècle avant d’être complètement oubliée. Installée dans l’angle nord-ouest de la villa, il s’agirait de la chapelle Saint-Sauveur-de-Quillac qui avait disparu. Elle a conservé un très beau sol en tomettes de 12 m2 et est associée à une vaste nécropola dont 70 sépultures ont été datées au carbone 14. Ses pierres ont été utilisées pour la construction de la ferme de Céros qui existe encore à proximité du site.

Un jardin archéologique

La reconstitution en 3D de la villa gallo-romaine est prévue. La commune a annoncé la création d’un jardin archéologique de 3 000 m2 qui mettra en lumière une partie des vestiges (la section thermale, le chauffage par hypocauste, une section du péristyle et des canalisations de la villa ainsi que l’emplacement de l’ancienne église) et deviendra l’espace vert du quartier. Par ailleurs, la sortie d’un ouvrage de 300 pages faisant l’inventaire de l’ensemble du patrimoine saint-paulois serait imminente.