Couverture du journal du 04/03/2025 Le nouveau magazine

Raphaël Chiquet : figure de styles

À seulement 40 ans, Raphaël Chiquet a déjà eu plusieurs vies. Champion de BMX flat, marketing manager, créateur de contenu, professeur de BMX, artiste, ce touche-à-tout a posé ses valises dans les Landes en 2020 et fait de Seignosse son nouveau terrain de jeux. Rencontre.

Quand le vélo devient accessoire de figures artistiques : le BMX flat, discipline dans laquelle Raphaël Chiquet est une référence mondiale. © David Ulrich

Cela ne fait que quatre ans que Raphaël Chiquet a quitté Montpellier et il fait déjà partie du paysage sportif et artistique de la côte sud des Landes. Dans un premier temps, c’est grâce au BMX qu’il s’est fait connaître. Une passion qui a débuté quand il était jeune adolescent. « J’ai commencé dans la rue, avec mes copains, se souvient le natif d’Épernay en Champagne. Je venais de sports plus traditionnels comme l’athlétisme, mais je suis littéralement tombé amoureux du BMX. Ce qui m’a immédiatement plu, c’est le fait de détourner l’usage traditionnel d’un objet – le vélo – conçu pour se déplacer et en faire quelque chose d’artistique avec lequel tu réalises des figures. » Cette pratique a un nom : le BMX flat. Dans les années 1990, pour lui, cette discipline avait aussi un visage : celui de Jimmy Petitet. « Il avait un super style, je m’habillais comme lui et je faisais les mêmes figures que lui, s’amuse-t-il. C’est également un artiste, un dessinateur. C’est quelqu’un qui m’a beaucoup inspiré. » Au fil des années, Raphaël Chiquet a développé son propre style et, à force de travail et d’entraînements, de compétitions et de démonstrations dans le monde entier, il a été sacré Champion FISE World pro flat en 2008 et champion du monde pro flat en 2009, devenant ainsi une référence sur la scène internationale de BMX.

CHANGEMENTS DE DIRECTION

Sur le papier pourtant, rien ne le prédestinait à cette carrière internationale de sportif. Issu d’une famille vigneronne et productrice de champagne, Raphaël Chiquet aurait pu légitimement s’inscrire dans l’histoire familiale et devenir la quatrième génération des champagnes Chiquet. « Cette option m’a peut-être semblée trop facile. J’ai préféré faire mon truc de mon côté, raconte-t-il. Et mes parents m’ont toujours fait confiance et m’ont soutenu dans mes choix. » Embauché chez Monster Energy où il évolue en tant que marketing manager puis team manager senior, il délaisse un temps le BMX : « C’est une discipline exigeante qui nécessite de s’entraîner quotidiennement. À ce moment-là, je n’avais plus vraiment le temps, ni l’envie. Cette époque correspond aussi à l’avènement des réseaux sociaux. Cela a profondément changé la donne. Il fallait alors être rider et créateur de contenus. » C’est finalement avec sa femme, Céline, qu’il finit par remonter en selle et quitter Paris pour Reims pendant deux ans, puis Montpellier, « la ville française où beaucoup de choses se passent dans les sports extrêmes ». Un pari qui s’avère gagnant puisque tous les deux sont couronnés vainqueurs de la Coupe de France en 2018. Et l’année suivante, Raphaël Chiquet termine cinquième des BMX World’s de Cologne.

Mais une petite escapade dans les Landes au moment du Covid rebat une nouvelle fois les cartes. En seulement quelques semaines, les valises sont bouclées et un aller simple pour les Landes est pris. Après une première étape à Bénesse-Maremne, la famille (ils ont deux enfants, Gaston et Lazare) s’installe à Seignosse où Raphaël Chiquet ouvre en 2021 son école de BMX flat, animé par une profonde envie de transmettre sa passion. La BMX Freestyle & Flat Landes accueille aujourd’hui une vingtaine d’élèves.

© Jeremy

MUSIC IS LIFE

En parallèle, ce passionné de musique – qui a appris la guitare « comme beaucoup de personnes de sa génération, en écoutant Nirvana » – s’est lancé un nouveau défi. Il a créé son groupe The Chiquet’s et déjà sorti trois titres. Notamment Sacré Hossegor qui, l’été dernier, a fait danser et chanter les locaux comme les touristes. « J’ai eu du mal à me lancer car je pensais ne pas en être capable, confie Raphaël Chiquet. Je pensais ne pas avoir assez de compétences pour composer et pour produire de la musique. Mais l’inspiration est venue, je me suis lancé et depuis je suis à fond dans la musique. » Au fur et à mesure des rencontres, il a su s’entourer de musiciens locaux talentueux et a fait appel à des professionnels du son, comme le studio Shorebreaker à Tarnos. Un nouveau titre et un remix de Sacré Hossegor devraient sortir prochainement. « Et peut-être un EP en fin d’année », murmure-t-il à la fois très enthousiaste et un peu surpris par cette nouvelle corde à son arc. Un projet de clip est également en réflexion avec un réalisateur qui a déjà collaboré avec de grands noms de la musique. Mais face à ce flot continu de projets, il a choisi de prendre son temps, allant un peu à l’encontre de son caractère pêchu et de son énergie communicative. « La musique m’enseigne la patience », confie celui pour qui les Landes sont devenues un « territoire inspirant », un « lieu de créativité » et un « cadre de vie privilégié » pour lui et sa famille.

EN QUELQUES MOTS

Le mot qui vous définit le mieux : artiste

Votre occupation préférée : composer de la musique

Votre devise : Family first. Ma famille est un moteur. Ma femme est ma muse pour la musique en plus d’être un soutien de tous les instants ; mes fils sont mon carburant pour la vie.

Votre figure de BMX préférée : le Stubble Duck

Votre chanson préférée : Nous étions deux de La Femme

Votre endroit favori dans les Landes : la forêt car, chaque fois que j’y vais pour courir, je mesure ma chance d’être ici.