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L’Escoutère, quartier économique en circuits courts

BÉNESSE-MAREMNE. Enfant de la commune, Jérôme Graciet dirige Zelaia Immobilier à l’origine du quartier économique de l’Escoutère, sur 3 hectres, à la sortie de l’autoroute A63.

L’Escoutère

Des bâtiments bas carbone et bioclimatiques © Xavier Ges

À la sortie de l’autoroute A63 sur la commune de Bénesse-Maremne, on ne peut pas le rater. Depuis plusieurs mois, un programme immobilier s’élève à vue d’œil. Des bureaux, des locaux artisanaux, de futurs commerces se partagent entre quatre bâtiments, au côté desquels s’implantent des entreprises locales. Un grand panneau promotionnel devant ce chantier géant indique qu’il est l’œuvre de Zelaia immobilier. Zelaia comme terrain en basque. Mais si les bureaux de l’entreprise sont situés à Bayonne, l’homme qui la dirige, Jérôme Graciet, 42 ans, est bel et bien landais, qui plus est Bénessois et cela n’est pas neutre dans la conception même de ce projet.

VOCATION PLURIDISCIPLINAIRE

« Zelaia est une structure que j’ai montée après avoir appris mon travail dans les grands groupes que sont Eiffage et Nexity, raconte Jérôme Graciet. Une formation polyvalente, plutôt de constructeur technique avec Eiffage et de promoteur avec Nexity. Mais j’avais la volonté de sortir des schémas où les logiques financières ont souvent pour conséquences l’augmentation du volume des opérations, la baisse de la qualité ou de la variété architecturale. Nous n’allons pas tout révolutionner, mais comme dans d’autres secteurs, nous avons la volonté de travailler en circuits courts, en gérant tout du début à la fin, et surtout, nous vendons l’intégralité de notre production nous-mêmes. » Créée en 2011, Zelaia composée d’une équipe resserrée de six personnes, a livré sa première résidence à Bayonne en 2014 et revendique une vocation pluridisciplinaire, de la maison groupée à Briscous au collectif très haut de gamme à Biarritz, sans oublier le tertiaire.

L’Escoutère

JÉRÔME GRACIET © Xavier Ges

PRODUIT DU TERRITOIRE

Le quartier économique de l’Escoutère constitue le premier programme landais de Zelaia si l’on excepte le village d’artisans, nommé Initial, sur un terrain situé en face, à côté du nouveau Lidl. « Déjà, souligne le promoteur bénessois, toute la conception avait été faite pour s’adapter à l’environnement boisé. Je suis un produit du territoire et j’y suis profondément attaché. Gamin, j’ai planté de la forêt derrière avec mon grand-père. Le quartier de l’Escoutère s’est fait dans le même esprit, en prenant conscience qu’il s’agit d’un point névralgique, à mi-chemin entre l’agglomération de Bayonne et celle de Dax, au cœur de la zone de chalandise de Maremne Adour Côte Sud. Mais je n’ai pas voulu créer une zone commerciale où chacun fait son bâtiment de son côté. Je voulais faire quelque chose d’homogène. Je suis non seulement aménageur, mais aussi promoteur de l’ensemble, en gérant tout ce qui est intégration urbaine et architecturale. »

20 MILLIONS D’INVESTISSEMENT

Environ 250 emplois et 75 entreprises vont se répartir sur la zone et notamment dans les quatre bâtiments, baptisés Séquence, Canopée, Origine et Ellipse, misant sur l’emplacement stratégique et la facilité de stationnement. Séquence regroupe 14 locaux d’artisans, la moitié à la vente et le reste en location. Origine et Canopée accueillent des bureaux (cabinet comptable, assureur, concepteur web, négoce agroalimentaire et thérapeutes dont un gynécologue) et commerces. Ellipse, ainsi nommé pour sa conception esthétique qui épouse la forme du terrain, abritera 10 commerces. Parmi les enseignes du quartier, on trouve beaucoup de restauration mais pas seulement : Harte Bon (produits fermiers et restauration), Pizza Cosy, le Pims (nourriture healthy, produits frais et locaux), Boosco (concept store pour animaux avec dogwash), mais aussi des vêtements de l’ameublement, de la literie, Sis Sécurité, etc.

Par ailleurs, deux entreprises locales, BNS’Eau et Idea Bois, disposent de leur propre bâtiment, dont Zelaia a géré la conception et la réalisation en tant qu’assistant à maîtrise d’ouvrage, après leur avoir cédé les lots à des tarifs abordables. L’investissement global sur ce quartier avoisine les 20 millions d’euros, dont 14,5 millions directement par Zelaia immobilier. Le reste correspond aux investissements de BNS’Eau et Idea Bois.

L’Escoutère

Environ 250 emplois et 75 entreprises vont se répartir sur la zone de l’Escoutère. © Xavier Ges

FLEX OFFICE

L’une des originalités de ce quartier consiste dans la conception de bureaux adaptés à ce que l’on nomme aujourd’hui le flex office (absence de bureau attitré). « Nous, ce que nous avons voulu, c’est que les gens achètent les métros carrés dont ils ont vraiment besoin. Et à chaque étage, nous avons géré les parties sanitaires, un espace d’attente, de détente et de restauration qu’on a meublé. On a mis en place des cabines de réunions informelles, acoustiques sur chaque étage, une autre pour s’isoler et passer un coup de fil. Et ensuite au dernier étage, nous avons créé sur 40 m2, une salle de réunion avec possibilité de projection. »

« FAIRE BIEN »

Le programme occupe 3 hectares dont ASF (Autoroutes du Sud de la France) s’était servi comme zone de chantier. Jérôme Graciet insiste sur la volonté d’adapter le projet au terrain et non le contraire. « On a fait un inventaire écologique de l’ensemble de la zone, et on est venu aménager ce qui était aménageable, en prenant soin de ne pas détruire les espaces protégés. On a voulu faire les choses bien. » Pour ce qui est de l’intégration urbaine, elle a été confiée au cabinet Samazuzu qui travaille aussi avec les collectivités. « On a voulu marquer depuis le giratoire, l’entrée de la zone avec deux bâtiments qui sont quasiment jumeaux, avec beaucoup de bois, représentatif de l’environnement landais. Au niveau écologique, tout est bas carbone, bioclimatique, de manière à avoir une gestion des charges la plus resserrée possible. Tout en étant un gros producteur d’énergie verte. »

« Faire les choses bien », un leitmotiv pour Jerôme Graciet. « J’aurais pu rentabiliser davantage ce programme en vendant à Mac Do ou à des grandes enseignes et en ne gérant pas la promotion. On a fait en sorte de privilégier le territoire, des entreprises locales. J’ai rencontré de nombreux obstacles, mais j’ai mis beaucoup de cœur dans ce programme. »