Attiré par le surf, les paysages et la qualité de vie, Kevin Escoda, originaire de Marseille, a posé ses valises et ses planches sur la côte landaise en janvier 2023. Un changement de vie qu’il a effectué avec sa compagne Flora, maître d’œuvre de formation. Cette vie au bord de l’océan, le couple en rêvait. Dans la cité phocéenne, Kevin Escoda officiait dans un atelier de réparation de planches de surf et travaillait en collaboration avec un shaper local. Il venait régulièrement sur la côte landaise et l’envie de déménager a lentement mais sûrement émergé. « Ça surfe un peu en Méditerranée, confie-t-il. L’hiver essentiellement. Mais ici, c’est l’épicentre du surf. Le choix pour nous était donc évident. » Trouver un logement, puis un atelier, a nécessité un peu de temps et d’énergie, mais la sensation d’être arrivé au bon endroit n’a pas tardé à se faire sentir. « Les gens sont zen ici, comparé à Marseille, et le cadre de vie est vraiment nature. Ce qu’on apprécie, ce sont les grands espaces. On peut vraiment en profiter. On s’est donc rapidement senti chez nous. »
Artisan du surf
C’est à Saubion, dans la zone artisanale du Plach, que Kevin Escoda a fini par trouver un atelier et a pu poser son matériel et son enseigne Escoda Surfboards. « J’ai commencé à travailler en tant que shaper en décembre 2023, après quelques mois de travaux pour aménager le local, explique le Marseillais. Ensuite, avec Flora, nous avons commencé à démarcher afin de nous faire connaître. Nous sommes allés voir tous les surf shops du secteur, quelques shapers locaux. On a distribué des flyers et des cartes. À chaque fois, l’accueil a été bon. »
Menuisier de formation, Kevin Escoda s’est formé sur les matériaux composites à Bordeaux. Aujourd’hui, il prône le 100 % fait-main. « C’est un aspect de mon métier important pour moi, souligne-t-il. Mes planches ne sont pas découpées à la machine. Je ne me contente pas de faire le glaçage. Je crée et fabrique les planches de surf de A à Z. » Ce jour-là, dans son atelier, au rideau de fer fermé pour cause de météo hivernale capricieuse, trône une planche en cours de réalisation, arborant le dessin d’un artiste local, une carpe koï portant un masque Oni. Un « auto-cadeau », confie Kevin Escoda dont le credo artistique n’est pas le dessin mais la couleur. La couleur qu’il travaille, qu’il sélectionne avec minutie, en accord avec ses clients et qu’il applique sous forme de résine teintée sur les planches qu’il conçoit.
« Côté style, j’ai une appétence pour le shape rétro, poursuit Kevin Escoda. Mais je la conjugue avec les techniques modernes. Par ailleurs, j’aime beaucoup étudier l’hydrodynamique de la planche. » Et d’ajouter : « Il y a des centaines de manières de faire une planche pour un résultat similaire. Chacun a son œil, son mouvement. Pour devenir shaper, il n’y a pas vraiment de parcours type. On apprend en autodidacte ou au contact d’un autre shaper. Il faut regarder, toucher les planches. En ce qui me concerne, j’ai commencé par la réparation avant de m’atteler au shape. »

Un changement de vie que Kevin Escoda a effectué avec sa compagne Flora, maître d’œuvre de formation. © Bernard Dugros
Création et réparation
Aujourd’hui, à Saubion, la réparation reste une part non négligeable de son activité et lui permet d’attirer la clientèle. Notamment en période estivale où l’affluence des surfeurs sur la côte sud des Landes est importante. « Si j’aime beaucoup la création et que je souhaite vraiment développer cette partie de mon activité, la réparation des planches possède pour moi une réelle importance, note Kevin Escoda. Je suis attaché à l’idée de prendre soin de sa planche, de la réparer quand elle en a besoin pour la faire durer dans le temps. Mais cette démarche vertueuse commence bien évidemment avec l’achat d’une planche de qualité. Ainsi, on pense dans la durée et cela évite de jeter sa planche dès le premier accroc. On voit des planches qui ont 10, 20 ans et qui sont toujours opérationnelles, c’est génial ! »
Au cœur de l’hiver, alors qu’il se concentre sur la recherche, il s’attend à recevoir les premières commandes en vue du printemps. Nouvelle année, nouvelle planche. Pour lui, « chaque surfeur est unique et donc chaque planche doit l’être aussi ». Avec chaque client, il prend le temps d’échanger en amont du projet. « Il me faut comprendre sa vision du surf avant de commencer à créer une planche, insiste le shaper. Cela commence par un vrai questionnement. Je dois connaître son comportement dans l’eau, sa technique, le type de vagues qu’il souhaite surfer. Ensuite, on réfléchit ensemble sur les couleurs ».
À 36 ans, Kevin Escoda se définit comme « un shaper de proximité ». Une proximité au moment de la conception du projet qu’il prolonge au-delà. « C’est important pour moi d’avoir un retour sur mon travail une fois la planche confiée à son propriétaire. Et c’est bien de garder un lien. Ça s’inscrit dans l’esprit même du surf. » En pleine phase de développement après un an d’activité, Kevin Escoda souhaite entretenir le bouche-à-oreille positif, continuer à tisser des liens avec l’ensemble des acteurs du surf de la région et développer plus de modèles de planches. Et, bien sûr, profiter des nombreux spots de surf que lui offre désormais au quotidien la vie dans les Landes.

« Chaque surfeur est unique et donc chaque planche doit l’être aussi. » © Bernard Dugros