Couverture du journal du 19/11/2024 Le nouveau magazine

Julie Delos, commissaire de justice

Julie Delos ne ménage pas ses efforts pour dépoussiérer une profession qui la passionne notamment pour sa polyvalence et son nécessaire sens du dialogue. Constat.

© H. R.

La jeune Buglosienne, née à Dax, se rêvait commissaire de police. Alors, elle s’est lancée dans des études de droit et lors de stages d’été, elle est allée découvrir les métiers d’avocat, de notaire et d’huissier. Là, il y a eu un déclic. « Certainement parce que je me suis bien entendue avec la personne qui m’a reçue, mais aussi pour la diversité de la profession. Mon choix était fait. » À cette période, pour devenir huissier de justice il fallait être titulaire d’un master de droit, puis faire un stage de deux ans dans une étude. Un peu selon le principe de l’alternance avec une journée de formation chaque semaine dispensée par l’École nationale de procédure ou par la Chambre nationale des huissiers de justice. Ce cursus avec un double examen permettait d’obtenir le titre de clerc expert, le plus haut grade de clerc, puis l’aptitude à la fonction d’huissier. Restait à trouver une place dans une étude ou à en acheter une.

DEUX ÉTUDES SEMI-RURALES

En 2022, la réforme fait évoluer les choses. Le parcours ressemble plus à celui des avocats. Il y a un concours d’entrée, un examen de sortie, puis un stage de deux ans. « C’est plus facile aujourd’hui de trouver un lieu de stage, car il y a moins de candidats, précise Julie Delos. À l’époque, j’avais dû aller à Versailles. Je ne le regrette pas du tout, car c’est très formateur d’être confrontée à des environnements très différents. Après un peu plus de trois ans dans les Yvelines, je suis descendue à Bordeaux où j’ai exercé en tant que clerc. Pour avoir le titre d’huissier, il faut avoir son étude. Maintenant, avec les nouveaux textes, il existe le statut d’huissier salarié. Ma vie me plaisait plutôt bien à Bordeaux. J’avais été habituée à travailler dans de grosses structures en ville. Et le destin a fait que maître Pierre Arlegui, huissier à Pouillon, a souhaité transmettre son étude à quelqu’un d’ici. Il a pris contact avec moi et, parce que c’était un plaisir de revenir dans ma région et parce que nos échanges étaient très cordiaux, même si j’avais toujours travaillé dans des études urbaines, j’ai fait le choix d’acheter ses deux études semi-rurales des Landes. La principale à Pouillon et une secondaire à Montfort-en-Chalosse. »

PRIORITÉ AU DIALOGUE

Depuis avril 2016, Julie Delos « essaye d’appliquer les valeurs qui lui ont été inculquées et de les mettre à profit avec empathie, humanité et pondération », car pour elle « la qualité des relations humaines est essentielle. C’est là toute la richesse de notre métier. Un métier, coercitif certes, réclamant beaucoup de rigueur, mais qui trouve toujours la résolution des problèmes dans le dialogue. »

Le commissaire de justice, nouveau nom des huissiers de justice depuis la réforme dite de fusion des métiers d’huissier de justice et de commissaire-priseur judiciaire est, en effet, à la fois un officier public et ministériel, détenteur d’une parcelle de la puissance publique, et professionnel libéral du droit. Son activité, très réglementée, comprend notamment des missions dont il a le monopole, comme la signification des actes judiciaires et l’exécution des décisions de justice. « Trop souvent, regrette Julie Delos, notre métier est vu exclusivement à travers ces missions de recouvrement de créances qui peuvent passer par des saisies mobilières – de plus en plus rares -, immobilières, sur comptes bancaires, sur salaire ou par des expulsions. Nous garantissons l’effectivité du droit, indispensable dans un État de droit, mais nous pouvons le faire avec humanité. La manière fait la différence. »

TALONS AIGUILLES REMISÉS

Le commissaire de justice exerce également d’autres missions de façon concurrentielle comme le recouvrement amiable des créances, la vente aux enchères à la demande d’entreprises ou de particuliers indépendamment d’un titre exécutoire, la rédaction d’actes ou le conseil juridique et bien sûr le constat (procès-verbal qui peut être demandé à chaque fois qu’une personne a intérêt à obtenir la preuve de faits ou d’une situation). Dans ce domaine, Julie Delos, ne manque pas d’anecdotes. Elle a été amenée à gravir des échafaudages, à monter sur un château d’eau, à faire du quad, à emprunter une barque.

« Il faut être tout-terrain. Il y a bien longtemps que les talons aiguilles ont été remisés, certifie-t-elle. Chaussures plates, baskets, voire bottes sont bien mieux adaptés à la diversité de mes activités. »

Celle qui voulait devenir commissaire de police est manifestement très heureuse d’être commissaire… de justice.