Couverture du journal du 01/10/2025 Le nouveau magazine

Europlasma : le défi de l’énergie 

Le groupe lando-girondin Europlasma, spécialisé dans la dépollution et la décarbonation, œuvre à la création d’un modèle énergétique vertueux et compétitif, en particulier avec son usine Inertam à Morcenx-la-Nouvelle.

Europlasma

Stéphane BONILLO, directeur industriel d'Inertam © Thibault Toulemonde

Toutes les deux heures, semblable à de la lave rouge incandescente, une coulée sort des entrailles du volcan Inertam. Un bain en fusion porté à 1 500 degrés, dans lequel l’amiante voit sa toxicité neutralisée par une savante recombinaison moléculaire et le recours à un bijou scientifique, la torche à plasma. « Depuis 30 ans, je suis toujours autant fasciné par le processus », souffle Stéphane Bonillo devant la cuve fumante qui réchauffe l’air hivernal. « Les coulées sont toutes différentes. Les plus belles, c’est la nuit. » Le directeur industriel d’Europlasma, entré à Inertam au début des années 1990 comme aide opérateur, pilote désormais l’entreprise morcenaise tout comme Les Forges de Tarbes, une filiale florissante du groupe dédiée à la fabrication de corps creux d’obus (c’est-à-dire le contenant sans la charge explosive). À quelques mètres du four, s’entassent des monticules de Cofalit®. Ce matériau, issu de la vitrification de l’amiante, est un agrégat extrêmement friable de silice, de calcium et d’alumine. On se croirait dans une carrière d’obsidiennes (roche volcanique) aux reflets vert sombre.

Ces « vitrifiats » refroidis, c’est tout ce qu’il reste des déchets d’amiante arrivés par camion sur le site d’Inertam. Non content d’offrir à ses clients une solution « unique au monde » de traitement définitif des déchets d’amiante, Europlasma pousse la vertu jusqu’à recycler ces reliquats désamiantés. Le Cofalit® est, en effet, valorisé comme sous-couche dans la confection des routes. « Vous voyez cette partie blanche, là ? C’est une inclusion de céramique. On dirait du Toblerone », s’amuse Stéphane Bonillo, en manipulant un morceau de Cofalit®. L’œil expert s’attarde sur le paysage environnant. En 30 ans, il en a connu toutes les transformations, à commencer par l’arrêt et le démantèlement de la centrale EDF de Morcenx-Arjuzanx en 1992. « J’avais fait des stages à la centrale. J’ai vu ses tours s’écrouler. On est arrivé sur le site pour le dépolluer. À l’époque, Inertam, c’était une installation déplaçable sur camions, dans des conteneurs. Le processus a duré deux ans », se remémore Stéphane Bonillo. En 2001, Europlasma rachetait Inertam et le site resté vacant.

Crise énergétique

Vingt-quatre ans plus tard, Inertam en est à sa troisième ligne de production, avec un four capable de neutraliser 8 000 tonnes d’amiante par an. Alternative écologique à l’enfouissement, l’inertage de l’amiante est très énergivore, et bien plus coûteuse. Depuis 2022, l’entreprise morcenaise paie au prix fort la crise énergétique mondiale. « 2024 n’a pas vraiment été une bonne année. Comme en 2023, on a dû mettre en place un plan de sobriété avec de l’activité part…