Couverture du journal du 04/03/2025 Le nouveau magazine

Entretien Sérénité 40 : gardienne des dernières demeures

À Meilhan, Laure Collin a créé une entreprise d'entretien de sépultures. Elle nettoie, rénove et fleurit les tombes dans le département et au-delà.

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Laure Collin s'applique à préserver les monuments funéraires des attaques du temps pour honorer la mémoire des disparus. © Entretien Sérénité 40

Laure Collin n’est ni gothique ni morbide. Pourtant, c’est dans les cimetières qu’elle trouve la majorité de ses clients. Et pour cause : elle est gazonnière. « C’est le nom qu’on donnait aux veuves qui entretenaient les tombes des soldats après la Première Guerre mondiale », explique-t-elle. Bien que l’activité soit un peu tombée dans l’oubli, la jeune femme originaire de Nice en a fait son métier.

« J’habite Meilhan, et un jour de mars 2021, en passant devant le cimetière, je me suis rendu compte que de nombreuses tombes n’étaient pas entretenues. J’ai un grand respect pour les défunts et ma grand-mère m’a transmis sa passion des vieilles pierres. Alors, voir les vases renversés, les fleurs fanées et la mousse sur les sépultures, ça m’a touchée. Mais ça m’a aussi inspirée. Moi qui ai toujours eu l’entrepreneuriat chevillé au corps, j’ai trouvé ce jour-là l’idée qui me manquait pour me mettre à mon compte ! » C’est ainsi qu’Entretien Sérénité 40 a vu le jour.

Obligation légale

« L’entretien des sépultures est une obligation légale. Mais l’âge, l’incapacité physique, l’éloignement géographique ou encore le temps du deuil propre à chacun, rendent difficile ou impossible cet acte. J’interviens pour le faire à la place des familles. » Se déplaçant dans tout le département et même au-delà, elle propose un panel complet de prestations.

Elle balaie, brosse, démousse et nettoie les tombes, qu’elles soient en marbre, en granit, en pierre ancienne ou en ciment. Elle ravive les plaques et objets d’ornement. Elle désherbe et entretient les plantes existantes, regravillonne, refait les peintures sur lettrage et rénove les joints. À la demande, elle peut également fleurir les tombes. « La seule chose que je ne fais pas, c’est la dorure à la feuille d’or. »

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Laure Collin réalise des photos avant/après de ses interventions pour montrer son travail à ses clients qui n’habitent généralement pas sur place. © Entretien Sérénité 40

Professionnalisme et bienveillance

Après 20 ans dans le domaine du service à la personne et de la petite enfance, c’est toujours la relation à l’autre qui la motive dans cette activité. « Je n’ai aucun problème avec la mort. Mais chaque personne vit le deuil différemment. Certaines se rendent sur la tombe de leurs êtres chers tous les jours et d’autres, accablées de tristesse, sont incapables d’y aller. D’autres encore aimeraient le faire, mais ne peuvent pas. Je pense notamment à toutes les personnes qui sont en Ehpad ou qui habitent loin. C’est pour prendre soin des lieux symboliques de leurs défunts que je fais ce que je fais. »

Sans jugement ni distinction de culture ou de confession, elle s’applique à préserver les monuments funéraires des attaques du temps pour honorer la mémoire des disparus. Les photos « avant/après » de ses interventions apportent du baume au cœur aux familles. Les nombreux témoignages laissés sur sa page Google Entreprise le prouvent. Tous soulignent son professionnalisme, sa bienveillance et sa compassion.

Reste que Laure Collin ne vit pas encore de son activité. « Souvent, les gens pensent à leurs défunts au moment de la Toussaint, et moins le reste de l’année », note celle qui fait la plus grande part de son chiffre d’affaires au dernier trimestre. Elle a d’ailleurs créé un forfait spécial dans lequel elle propose deux passages : le premier en octobre comprend un nettoyage complet de la sépulture et son fleurissement avec deux chrysanthèmes, le second en novembre intègre le balayage de la tombe, l’arrosage et l’entretien des plantes.

Mais elle aimerait développer son activité tout au long de l’année. En plus de ses prestations classiques, elle propose donc un forfait obsèques dans lequel elle passe le 7e et le 21e jour après la cérémonie pour retirer les fleurs et végétaux fanés, arroser les plantes et balayer la sépulture.

« Apporter du réconfort aux gens »

Le choix du statut

« Au départ, j’ai voulu m’installer en EURL. Mais j’ai finalement opté pour la micro-entreprise qui revient moins cher et qui m’a permis de cumuler mes revenus avec mes indemnités chômage. »

Les difficultés surmontées

« Me faire connaître reste problématique. La publicité est trop chère pour moi et plusieurs entreprises de pompes funèbres n’ont pas pris le temps de m’écouter. Mais ça ne me décourage pas et je trouve d’autres solutions. J’essaie de me faire connaître dans les mairies et je laisse des flyers chez les commerçants de proximité. J’ai aussi mis une annonce sur Le Bon Coin et une publicité sur ma voiture que je gare aux abords des cimetières. »

Les bonnes surprises

« La puissance du bouche-à-oreille. Certains clients m’ont laissé de très beaux avis sur ma page Google. Et ils parlent de moi autour d’eux, ce qui m’amène d’autres clients. Au-delà de l’aspect commercial, c’est une vraie fierté de voir que mon travail est apprécié et qu’il apporte du réconfort aux gens. »