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Entreprise : décoder la cotation Banque de France

Sésame pour l’accès aux prêts, la cotation Banque de France est une notion financière qui gagne à être connue. Les clés pour la comprendre et l’optimiser.

Franck Merel, copilote de la relation bancaire et financière pour les PME et TPE, à Anglet. Intervenant sur la formation Grand Dax Managers du technopôle Pulseo banque

Franck Merel, copilote de la relation bancaire et financière pour les PME et TPE, à Anglet. Intervenant sur la formation Grand Dax Managers du technopôle Pulseo © Patxi Beltzaiz

LA MESURE DE LA « RÉSISTANCE AU DÉFAUT »

La Banque de France attribue une cotation à toutes les entreprises françaises qui réalisent un chiffre d’affaires supérieur à 750 000 euros. Par définition, elle apprécie « la capacité d’une entreprise à honorer ses engagements financiers à un horizon d’un an à trois ans », au travers d’une échelle de cotation, qui est passée de 13 niveaux à 22 niveaux en janvier 2022 afin d’offrir une évaluation plus précise, de 1 + (le Graal !) à 8 et P pour les situations compromises ou de défaillance.

Concrètement, le modèle informatique utilise plusieurs indicateurs dont quatre principaux qui mesurent « la liquidité » (ou la trésorerie), la capacité bénéficiaire (autrement dit la rentabilité), la structure financière (c’est-à-dire l’équilibre du bilan) et enfin l’autonomie financière (ou le niveau de la dette).

UN INDICATEUR INCOUTOURNABLE

La cotation a toujours constitué un repère pour le dirigeant sur la santé de son entreprise et un élément- clé dans l’appréciation du risque d’une société par un fournisseur ou un établissement financier. Mais aujourd’hui, dans un contexte économique chahuté depuis plusieurs mois, elle est encore plus stratégique, car elle fait foi dans le monde des affaires et constitue une base de référence incontestée et impartiale.

La cotation Banque de France est le sésame pour l’accès aux prêts bancaires et impacte les conditions de financements qui seront octroyées et le pouvoir de décision de la banque (et par ricochet son délai de réponse).

En résumé, elle est indissociable de la santé et de la pérennité de l’entreprise et contribue à la qualité de la relation avec les établissements bancaires.

Cette cotation est disponible dans l’espace client sur le site www.fiben.fr. Elle est adressée par courrier au dirigeant à chaque mise à jour de celle-ci, et dernièrement, en fin d’année 2022, avec la nouvelle échelle de notation notamment. Il est à ce titre très important d’en prendre connaissance pour mesurer son évolution, de surcroît avec les nouvelles modalités de calcul qui peuvent, dans certains cas, modifier significativement celle-ci (à la baisse notamment). C’est pourquoi, il est primordial pour un dirigeant et ses conseils d’en comprendre le mécanisme et de se donner tous les moyens pour l’optimiser.

La cotation Banque de France est indissociable de la santé et de la pérennité de l’entreprise. Elle contribue à la qualité de la relation avec les établissements bancaires

LES CONSEILS : ANTICIPER ET COMMUNIQUER

Pour cela, la Banque de France est le partenaire privilégié et disponible sur rendez-vous pour échanger et expliquer, d’autant plus qu’elle est très demandeuse et attentive à ce type d’initiative. Il convient, bien évidemment, de continuer à anticiper les travaux de clôture du bilan avec le cabinet comptable, mais également de s’arrêter désormais encore plus longtemps sur les ratios financiers clés décrits précédemment, pour une comparaison pertinente avec l’exercice comptable précédent et le secteur d’activité le cas échéant.

Il est bien sûr judicieux de présenter un budget prévisionnel d’activité et de trésorerie et un point d’étape intermédiaire avec des tendances de l’année en cours. Il est aussi essentiel de mettre l’accent sur une analyse qualitative de l’entreprise, telle que la stratégie, les moyens humains, la qualité et la sécurité au travail, la responsabilité sociétale et les enjeux du développement durable, autant d’informations qui seront de plus en plus déterminantes pour l’attribution de la cotation Banque de France et une communication sereine avec les banques.

L’IMPACT DES DONNÉES QUALITATIVES SUR LA NOTATION

Prenons l’exemple d’une entreprise à laquelle l’analyse des derniers comptes par l’outil de décision de la Banque de France a initialement attribué une cotation 5 -, qui signifie « assez faible » sur l’échelle de référence. Un premier examen contradictoire d’un ratio (celui de la structure financière et plus précisément des capitaux propres, autrement dit des ressources propres et pérennes de l’entreprise comme le capital social et les bénéfices passés) a permis de relever celle-ci à 5 (« fragile »).

Mais c’est fondamentalement la remise d’un budget et d’une situation intermédiaire, mais surtout de données qualitatives et de commentaires sur les perspectives et le marché, les projets, qui ont permis à la Banque de France (dans le strict respect bien évidemment de ses règles internes) de relever la cotation à 5 + (« intermédiaire – » ) qui reflète le vrai « risque » de cette entreprise, au-delà des seuls chiffres et ratios interprétés isolément.

UN RÉFLEXE À ADOPTER

Cette démarche doit être systématiquement engagée, à minima une fois par an lors de la parution du bilan, et il serait vraiment regrettable de s’en priver. Anticiper et savoir bien s’entourer : deux qualités essentielles d’un dirigeant dans la gestion de son entreprise et qui doivent s’appliquer à l’analyse financière contradictoire de celle-ci et à la parfaite appropriation du mécanisme de construction de la cotation Banque de France.

 

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