Couverture du journal du 01/10/2025 Le nouveau magazine

Cyril Laudet : l’enfant de Laballe

À 45 ans, gérant de deux domaines à Parleboscq et Capbreton, producteur de vins et d’armagnac, Cyril Laudet a mis ses pas dans une longue histoire familiale. Un héritage qui oblige et anime sa passion d’entreprendre.

Cyril Laudet

Cyril Laudet © Patxi Beltzaiz - Hans Lucas

Sans doute s’est-il beaucoup ennuyé à Parleboscq. Mais l’ennui n’est-il pas le meilleur allié du rêve ? Celui de ressusciter ce domaine de plusieurs centaines d’hectares aux confins des Landes et du Gers où travaillaient 120 personnes, cuisiniers, jardiniers, avec son château, ses dépendances, ses bois, sa propre église. Tel que l’a découvert Cyril Laudet dans l’ouvrage de son ancêtre Fernand, En Armagnac il y a cent ans. N’est-ce pas au fond ce désir-là qui anime toujours plus ou moins consciemment le quadragénaire, héritier de la huitième génération, que tout et rien ne destinait à reprendre les rênes du domaine de Laballe ? D’y produire vins et armagnacs issus de ce terroir de sables fauves, d’y ajouter plus au sud du département, le domaine de La Pointe dans les sables blonds de Capbreton. Et de multiplier les rencontres, les découvertes, les initiatives pour imprimer sa propre empreinte. Écrire son chapitre de l’histoire familiale, avec son style et selon les aspirations de l’époque.

Domaine Laballe, Cyril Laudet

© Domaine Laballe

20 ans d’avance

De fait, Cyril Laudet est très en avance sur les générations qui l’ont précédé. « J’ai racheté le domaine à mon grand-père à 40 ans alors qu’habituellement c’est à 60 ans que cela se faisait. Pour ceux qui m’ont précédé, le domaine n’était pas l’activité principale. Ils le reprenaient après avoir réussi leur vie professionnelle ailleurs. » Et suivaient en cela le modèle de Jean-Dominique Laudet qui avait acheté le domaine en 1820. Armateur, il avait fait fortune dans le commerce des épices. Idem pour Fernand Laudet, homme de la quatrième génération, écrivain, qui avait fait carrière dans les ambassades, ou encore pour Noël, le grand-père de Cyril, ancien régisseur du château Beychevelle. Sacrée histoire familiale dont on peut se sentir les prisonniers ou les fiers héritiers. Cyril fait partie des seconds.

« Pourtant ma grand-mère m’a dit que personne n’aurait parié sur ma réussite », sourit-il. À 12-13 ans, lorsqu’il entend dans les repas de famille qu’il faut réfléchir à vendre la propriété, de plus en plus lourde à assumer financièrement, le jeune garçon ne s’y résout pas. « Davantage parce que je trouvais ce domaine beau, bien plus qu’animé par la production de vin et d’armagnac. » Oui mais voilà, pour reprendre le domaine il faut d’abord gagner de l’argent et Cyril n’est pas très bon élève. Il obtient un bac pro vente au lycée à Bayonne et apprend qu’il existe un BTS commerce en vins et spiritueux. Encore faut-il un avis favorable pour l’intégrer. Ce…