Couverture du journal du 02/10/2024 Le nouveau magazine

Courir

L’engouement pour le running bat son plein et, en cette rentrée, l’effet post-Jeux olympiques de Paris 2024 devrait attirer de nouveaux adeptes sur les routes et les chemins des Landes.

Sur 10 km, la course du Moun ouvre les fêtes de la Madeleine à Mont-de-Marsan. © Archives Thibault Toulemonde

Avec 12,4 millions de Français qui déclarent courir (soit 25 % de la population), le running est une pratique populaire et l’engouement pour cette discipline sportive se confirme chaque année un peu plus. Huit millions de Français la pratiquent même très régulièrement, avec au moins une sortie de course à pied par semaine. En cette rentrée, souvent synonyme de bonnes résolutions, les néophytes vont venir grossir les rangs d’une communauté sportive landaise très active.

« Avec le Covid, pendant presque deux ans, nous avons connu une trêve des courses en raison des restrictions sanitaires, se souvient Nicole Sallaberry-Margot, présidente de la commission départementale de running des Landes. En 2022, le programme a repris tout doucement. En 2023, nous avons retrouvé des niveaux de fréquentation équivalents à l’avant-Covid. Et cette année, nous sommes en train d’exploser sur toutes les courses. Le nombre de participants est en hausse aussi bien sur les courses importantes que sur les petites courses. C’est du jamais vu ! »

Un beau terrain de jeu

En parallèle, les profils de coureurs ont évolué ces dernières années. « Après le Covid, on a vu arriver de nouveaux coureurs qui avaient profité de cette « trêve » pour se mettre ou se remettre au sport, note Nicole Sallaberry Margot. Ce sont des gens qui ne sont pas licenciés, qui courent pour le bien-être, pour la santé. Il y a bien évidemment toujours les compétiteurs, mais ils sont une poignée. » Pour la parité, s’il reste du chemin à parcourir, la situation tend à s’équilibrer. « Il y a de plus en plus de femmes qui courent, poursuit la présidente. Dans certaines courses, on arrive même à la parité. Les femmes, au même titre que les hommes, ont ressenti ce besoin et cette envie d’avoir une pratique sportive pendant le Covid, et cette tendance s’est inscrite dans le temps. » Concernant les tranches d’âge, le cœur de cible des pratiquants se situe entre 30 et 45 ans, mais les jeunes font preuve, eux aussi, d’un engouement grandissant pour cette discipline.

« Près de 90 courses hors stade sont organisées chaque année dans les Landes »

Bien-être et convivialité

Qu’on soit débutant ou coureur expérimenté, le département est un formidable terrain de jeu grâce notamment à ses 3 500 km inscrits au Plan départemental des itinéraires de promenades et de randonnées. Des circuits entretenus et balisés. Et si les parcours sont plutôt plats en Haute Lande, la côte landaise et ses tucs offrent un peu de difficulté et la Chalosse n’est pas en reste – loin s’en faut – en matière de terrains vallonnés.

Que ce soit dans la pratique du trail, de la course nature ou sur route, « tout le monde peut y trouver son plaisir, estime Nicole Sallaberry-Margot. D’autant que près de 90 courses hors stade sont organisées chaque année sur le territoire. C’est plus que chez nos voisins girondins. » Les typologies de courses sont très variées, permettant ainsi à chacun, en fonction de son niveau, de trouver un défi à relever. Du classique 10 kilomètres au marathon, en passant par des distances intermédiaires et même des parcours de marche. Le Marathon des Landes, dont la 7e édition se déroulera le 13 octobre prochain autour de Mont-de-Marsan, a enregistré 1 400 participants l’an dernier. Ils sont 1 500 à avoir répondu présent, au printemps, pour la 20e édition des 10 Miles des baïnes – qui se court en bord de mer entre Capbreton et Hossegor –, ou à l’automne 2023, pour Cap en Rose, une course solidaire non chronométrée dans le cadre de la sensibilisation et de la lutte contre le cancer du sein, prévue cette année, le 6 octobre à Capbreton. En préambule des fêtes de la Madeleine, la course du Moun a réuni plus de 1 800 coureurs, le 17 juillet dernier, et pour la feria de Dax, la Feriascapade a battu ses records avec 4 800 participants en dépit de la pluie, le 14 août. Même phénomène pour l’ouverture des fêtes de village : « Autrefois, dans les Landes, l’ouverture des fêtes de village était bien souvent ponctuée d’une course cycliste, raconte Nicole Sallaberry-Margot. Les choses ont changé et les cyclistes ont laissé la place aux coureurs. Ce phénomène a contribué au développement du running dans les Landes. Les participants commencent par un évènement sportif puis se retrouvent ensuite pour faire la fête. Bien-être et convivialité, cela résume bien les Landes. »

Le bien-être est justement une des motivations principales des « runners ». En effet, selon l’Observatoire de l’Union Sport & Cycle, 59 % des pratiquants affirment courir pour être en bonne santé et 58 % pour entretenir leur corps. 50 % le font pour se détendre et évacuer le stress. Enfin, pour 37 %, il s’agit de prendre du plaisir. Des notions importantes pour Maxime Cazalets, préparateur physique au Centre européen de rééducation du sportif (Cers), à Capbreton : « Les notions de plaisir et de bien-être par le sport me semblent primordiales. Le running peut sembler difficile quand on débute. Un peu ingrat, même. Mais si, justement, on commence progressivement, par paliers, en tenant compte de ses capacités, on va trouver du bonheur dans sa pratique sportive. Et c’est de cette manière qu’on va réussir à être régulier, sans se dégoûter. »

« Il y a de plus en plus de femmes qui courent. Dans certaines courses, on arrive même à la parité »

Pas de précipitation 

Pour Maxime Cazalets, il est nécessaire de travailler d’abord sur l’endurance fondamentale, c’est-à-dire en effectuant de « petits footings, sans se mettre dans le rouge, en aisance respiratoire ». Au bout de quelques semaines, on peut commencer à varier l’entraînement, en mettant un peu plus d’intensité. En complément de la course à pied, il recommande de se créer « une petite routine alliant renforcement musculaire, mobilité articulaire et assouplissements ». Et pour une bonne motivation, il peut être opportun de se fixer des objectifs atteignables et à moyen terme.

Si la course à pied est une activité qui peut se pratiquer à presque tous les âges, certains choisissent de la commencer jeune. « Au sein de l’US Tyrosse athlétisme, nous proposons dès sept-huit ans, le baby athlé, explique Valérie Henkès, responsable du club depuis plus de 30 ans. C’est pour les enfants à partir de deux ans. Chez les jeunes, il n’y a pas de spécialisation. Les enfants essayent toutes les disciplines (courses, lancers et sauts). » Le club compte actuellement 170 enfants licenciés. Avec une majorité de filles, « les garçons étant bien souvent plus attirés par le club de rugby », constate Valérie Henkès. Pour elle, l’athlétisme – et notamment la course à pied – est « la base de tous les sports ». Cela permet de développer le cardio et la motricité chez les jeunes enfants, des qualités précieuses pour ensuite pratiquer des sports collectifs ou de la danse.

Si la responsable de l’US Tyrosse athlétisme observe que peu d’enfants persévèrent dans cette discipline, elle s’attend néanmoins à un effet post-JO. « Les enfants s’identifient aux athlètes et ont envie de faire de l’athlétisme quand ils regardent les compétitions à la télévision. Même si les Français ne gagnent pas de médailles. » L’automne devrait donc, JO de Paris obligent, susciter de nouvelles vocations et l’envie chez les grands comme les petits de chausser les baskets. Pour courir seul ou à plusieurs, sur la route ou en pleine nature. « J’invite tout le monde à essayer, lance Nicole Sallaberry-Margot. Participez à une course. Venez en famille ou entre amis. Ne soyez pas dans le chrono, dans la performance. Participez pour le bien-être, pour la santé. Et aussi pour le plaisir. »

« L’athlétisme – et notamment la course à pied – est la base de tous les sports »

Infinity Trail d’Hossegor : jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un 

Pour les plus mordus de la course à pied, les Landes accueillent depuis quatre ans, au printemps, l’un des six Infinity Trails français. Le concept a été créé en 2012 par Lazarus Lake, directeur de la mythique Barkley courue chaque année dans le Tennessee par les meilleurs ultra-traileurs au monde.

Le principe de l’Infinity Trail est simple : le parcours est une boucle de 6,7 km qui doit être réalisée en moins d’une heure. Un départ est donné toutes les heures. L’objectif est de réaliser le plus de boucles possibles et le vainqueur de cette course hors norme est la dernière personne à réussir à faire une boucle complète.

En 2021, pour la première édition en terre landaise, c’est le Périgourdin Philippe Pollese qui s’était imposé après avoir parcouru 34 boucles, soit 228 km, autour du lac d’Hossegor. Cette année, c’est Christophe Rouat qui a triomphé avec 54 boucles au compteur (362 km), tandis que le record du monde est toujours détenu par l’Australien Phil Gore avec 102 boucles (684 km).

Réservée aux plus de 18 ans, cette course de l’extrême connaît un véritable engouement. Pour preuve, les 240 dossards pour l’édition 2025 (25 avril) de l’Infinity Trail Hossegor se sont arrachés en à peine plus de 30 minutes.