Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

Ane Apurna, le nouveau savon au lait d’ânesse

Maëva Grangé a repris les ânes des Pyrénées de ses parents pour les installer à Saugnac-et-Cambran et fabrique des savons au lait d’ânesse. Une reconversion professionnelle afin d’être en phase avec la nature.

Ane Apurna

Savon au lait d'ânesse © Ane Apurna

Ses parents étaient éleveurs de Blondes d’Aquitaine et de veaux à Escaunets, entre Pau et Tarbes. Un couple tombé amoureux des ânes des Pyrénées, une race qui fut, un temps, menacée de disparition par la mécanisation agricole. Un, puis deux, puis une vingtaine d’équidés ont fini par peupler leurs prairies des Hautes-Pyrénées. Pas pour l’exploitation mais pour le plaisir d’avoir chez soi ces ânes typés catalan (fin et élégant) ou gascon (plus petit et arrondi). Quand le sujet de la retraite a commencé à se poser, « qu’est-ce qu’on fait ? S’est-on tous demandé », se rappelle leur fille.

QUESTIONNEMENTS POST-COVID

Après un BTS de commerce international, Maëva Grangé est sortie diplômée de l’École supérieure de commerce de Pau, où elle a rencontré son homme, un Dacquois. Installée dans les Landes avec lui, elle travaille au marketing chez Zoomalia, à Saint-Geours-de-Maremne, avant de devenir, en 2019, responsable web-marketing et commerce pour le linge de maison basque Artiga, fabriqué à Magescq. « En quelques mois, avec le Covid, le site e-commerce a explosé.

En parallèle, je me demandais ce que j’avais vraiment envie de faire de ma vie. Je suis de la génération qui a vécu cette crise sanitaire avec plein de questionnements. En mettant tout à plat sur le papier, j’ai compris que j’avais besoin de revenir à un métier proche de la nature. »

Maëva Grangé, Ane Apurna

Maëva Grangé © J. D.

« Je ne voulais pas être dans l’élevage bovin, j’ai trop vu la difficulté du métier au travers de mes parents. J’ai donc fait venir les ânes ici ! », rigole celle qui disait en débutant ses études : « Jamais de la vie, je ne serai agricultrice ! »

À Saugnac-et-Cambran, la propriété sur laquelle le couple s’est installé en janvier 2021, offre 7 hectares de forêts, de prairies et d’airials, des spots d’ombre parfaits pour les animaux qui passent d’enclos en enclos. L’exploitation est certifiée agriculture biologique depuis le 9 avril dernier, des terres au lait. Et pour en arriver là, il en a fallu des heures de travail : « Autrefois, ici c’était du maïs… Tout était en friche, on a dû tout nettoyer et on a tout ressemé en prairie bio. »

AGRICULTRICE ET SAVONNIÈRE

Les premiers savons en saponification à froid pour une douceur de peau à la Cléopâtre (lait d’ânesse, huiles d’olive, karité) sont sortis de son atelier en novembre dernier, baptisés Lutèce comme l’une des ânesses, fille d’Amigue auprès de qui Maëva a grandi au pied des Pyrénées.

Dans ses champs landais, les futures mamans, Taelle, Bibi, Iltie, Iliade et Hardine, mettront bas entre mai et juillet. « L’idée est d’avoir à terme entre neuf et 12 mamans pour faire des rotations, sans bébé chaque année, et que cela reste à taille humaine car je trais à la main. » Une production très aléatoire, qui dépend aussi de l’humeur de la bête, de 300 ml à 1,5 litre selon les ânesses.

VERS UNE GAMME DE COSMÉTIQUES

Objectif d’ici l’été ? Proposer deux autres formules artisanales de savons surgras aux ingrédients issus de l’agriculture biologique (argile, huiles essentielles…), suivies d’une gamme de crèmes cosmétiques en partenariat avec un laboratoire local.

Ane Apurna qui fait partie du réseau Bienvenue à la ferme et va participer à des marchés des producteurs de pays cet été, s’ouvrira prochainement à des visites pédagogiques sur place. En attendant, du click & collect est proposé sur www.ane-apurna.com. Ses produits sont vendus dans quelques boutiques comme chez DigiMince à Dax, chez les producteurs fermiers des Halles de la cité thermale, ou à la Ruche qui dit oui à Saint-Paul-lès-Dax. L’agricultrice et savonnière fournit également en savons des maisons d’hôtes comme le Domaine de Castetbieilh, à Tercis, et recherche aussi des revendeurs sur la côte pour développer sa toute nouvelle entreprise.

« QUAND ON EST DÉTERMINÉ, ON TROUVE DES SOLUTIONS »

LE STATUT JURIDIQUE :

« Installée en jeune agricultrice hors cadre familial, j’ai monté une Société civile d’exploitation agricole (SCEA), pour plus de liberté (souplesse, rémunération, pas de capital minimum exigé…). Côté pratique, je me suis entraînée à traire chez mes parents, et j’ai suivi une formation de savonnière. »

UN CONSEIL ?

« J’ai été accompagnée par des experts-comptables spécialisés en agriculture, par la chambre d’agriculture pour les études économiques et les prévisionnels, et par leurs conseillers bio, qui m’ont tous beaucoup aidée. Quand on est déterminé, on s’accroche et on trouve toujours des solutions ! »