Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

Zincs Nectoux à Dax : Le nouvel éclat de l’étain

En plein essor avant la pandémie de Covid-19, les Ateliers Nectoux qui fabriquent à Dax des comptoirs en étain pour le monde entier, ont choisi d’investir pour affronter la crise.

Nectoux

Terminus Nord © Wendy Salin

Des moules, créés entre 1870 et les années 1950, pour couler l’étain à 210°, maillets, tas de carrossier et petites enclumes pour relever les bordures des comptoirs, râpes, limes et frisoirs pour lisser les soudures… Au sein des Ateliers Nectoux, les outils et les gestes restent les mêmes depuis 90 ans pour fabriquer à  la main et sur mesure leurs fameux « zincs » que l’on retrouve dans les bars et les brasseries du monde entier. Un héritage qui leur a valu d’être labellisés « Entreprise du Patrimoine Vivant » par le ministère de l’Économie et des Finances. « Nous sommes très fiers de ce label, mais le patrimoine ne reste vivant que si l’on continue à investir », estime Maxime Dethomas qui a repris l’entreprise en 2019 à Thierry Nectoux, petit-fils de son fondateur. Et la stratégie s’avère plus que jamais de circonstance, selon lui, alors que les bars, hôtels et restaurants qui composent 90 % de sa clientèle sont les premiers à trinquer face à la pandémie de Covid-19.

LE PATRIMOINE NE RESTE VIVANT QUE SI L’ON CONTINUE À INVESTIR

Les ateliers dacquois qui flirtaient au 30 mars 2020 avec une croissance de 20 % par rapport au premier trimestre 2019, prévoient en effet une baisse de leur chiffre d’affaires entre 10 % et 12 % sur l’année. « Il y a forcément eu une inertie sur le marché de cet objet de luxe dont l’achat est mûrement réfléchi. Même si des projets prévus fin 2019 ou courant 2020 vont se matérialiser, c’est en 2021 que nous allons prendre la crise de plein fouet, alors que nous sommes aujourd’hui dans les trous de la raquette des programmes d’aides. L’atelier n’est pas au chômage partiel puisque nous avons des commandes. Nous ne bénéficions pas des plans de relance puisque nous ne faisons pas partie des secteurs protégés. Nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes pour nous battre. Mais, nous avons eu le temps de nous y préparer ».

HUIT NOUVELLES BORDURES DE COMPTOIR

© Wendy Salin

L’anticipation passe par un investissement dans les savoir-faire en accueillant de nouveaux apprentis au sein de l’équipe de six personnes. Par une offre étoffée avec le lancement, en 2020, de huit nouvelles bordures de comptoir style néo Art Déco, « de la même infaillible qualité que celles qui se fabriquaient dans l’atelier en 1930, 1970 ou en 2000, mais avec un design plus simple et plus accessible que nos bordures traditionnelles. Cela nous permet d’ores et déjà de toucher une nouvelle clientèle ». En matière de marketing et de communication, l’entreprise prépare la refonte de son site Internet déjà bilingue et de ses catalogues en anglais. Sans oublier une forte présence sur les réseaux sociaux pour conquérir une nouvelle clientèle à l’international où elle a été présente cette année aux USA, au Maroc, Danemark, en Suède, Allemagne, Angleterre, Arabie saoudite, Suisse avec des projets en cours au Japon et à Singapour. Et même si le nouveau dirigeant ne compte pas changer en un an le business modèle d’une activité presque centenaire, l’export devrait progresser en 2020 de 20 % à 30 % du chiffre d’affaires quand les particuliers passent de 10 % à 15 % de la clientèle.

 


« Comme nos comptoirs durent 100 ans, nous n’avons guère de chance de revoir nos clients, sauf s’ils achètent un nouvel établissement. En revanche, ils demeurent nos meilleurs ambassadeurs ». Maxime Dethomas, directeur des Ateliers Nectoux