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Les sports nature unissent leurs forces

Eurosima, l’association européenne des entreprises des sports de glisse et l’Union sport et cycle (USC) nouent une alliance stratégique. Dans l’objectif : accompagner leurs entreprises adhérentes dans le plan de relance et renforcer leur poids auprès des pouvoirs publics.

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© Shutterstock / Dudarev Mikhail

Si la crise sanitaire a causé des dégâts considérables dans l’univers du sport (voir encadré), les activités de pleine nature ont plutôt tiré leur épingle du jeu. « Les écoles de surf ont battu des records d’affluence en 2020 qu’elles comptent bien renouveler en 2021, avec un chiffre d’affaires de la filière en hausse sur les planches, les combinaisons de surf et le matériel de glisse en général », observe Jean-Louis Rodrigues, président d’Eurosima, association européenne des industries de la glisse. Même essor sur l’activité vélo, aussi bien dans les loisirs sportifs marchands que l’industrie et les start-up du cycle, selon Jérôme Valentin, président de l’Union sport et cycle, première organisation professionnelle nationale du secteur du sport et des loisirs. Face aux enjeux de la reprise, les deux organisations professionnelles viennent de signer une convention sur deux ans pour « apporter un meilleur service aux entreprises adhérentes des deux associations et à leurs partenaires institutionnels et privés, et avoir plus de poids et d’influence auprès des pouvoirs publics ».

Eurosima en chiffres

Eurosima association européenne des industriels des actions sports

180 adhérents

4 000 salariés

1,8 milliard deuros de chiffre d’affaires

Partenariat gagnant-gagnant

Au sein de ce partenariat, Eurosima compte sur l’Union sport et cycle pour accompagner ses adhérents sur les plans juridique et règlementaire et défendre leurs intérêts auprès des instances nationales avec lesquelles elle entretient d’étroites relations. De son côté, l’Union sport et cycle table sur ce lien avec Eurosima pour développer sa délégation en Nouvelle-Aquitaine où les sports de glisse sont particulièrement implantés.

Si chaque structure garde son indépendance, elles n’en ont pas moins engagé les premiers travaux communs sur la relance de l’activité économique, via notamment le plan France Relance. « Il s’agit pour nous d’assurer la compétitivité des grands groupes et des PME du monde du sport à la sortie de la crise sur des marchés où la concurrence internationale est particulièrement exacerbée », souligne Jean-Louis Rodrigues. Le plan d’action passe également par l’accompagnement à la transformation numérique des entreprises qui ont connu une forte poussée de l’e-commerce au cours de l’année écoulée, la formation sur le travail des équipes à distance, les protocoles sanitaires qui vont perdurer, la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), l’emploi et la création d’entreprise ou le développement du tourisme sportif itinérant à vélo particulièrement adapté en Nouvelle-Aquitaine. Autre volet des travaux : l’application de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec) qui entrera en application le 1er janvier 2022 et prévoit notamment que les producteurs, importateurs et distributeurs d’articles de sport seront responsables de leurs propres déchets.

Le monde du sport impacté

Le sport, intimement lié aux interactions sociales et à l’activité physique, a été percuté de plein fouet par les confinements. Les associations enregistrent en 2020 une baisse des ressources de l’ordre de 30 % et les entreprises un recul de 21 % de leur chiffre d’affaires, selon l’étude « La filière sport retient son souffle », présentée par l’Observatoire du groupe bancaire BPCE, le 5 février. « Plus les structures étaient petites, plus le choc a été violent », note Alain Tourdjman, directeur des études économiques du groupe. Par ailleurs, elles ont aussi été inégalement touchées en fonction de leur activité. Celles liées à la pratique du sport, comme les salles ou le coaching malgré la mise en place de cours en ligne, ont été beaucoup plus impactées que la distribution commerciale. De fait, un quart des entreprises de distribution ont réussi à maintenir, voire augmenter leur chiffre d’affaires. C’est le cas notamment de celles dont l’activité concerne le vélo. Peut-on imaginer, après le chamboulement que vient de subir le secteur, que tout redeviendra comme avant ? 38 % des professionnels interrogés considèrent l’épisode de la pandémie comme une « parenthèse ». A contrario, 44 % estiment qu’il faudra anticiper des changements de business modèle, et 15 %, qu’il leur faudra se réinventer. En effet, plus profondément, d’après la plupart des acteurs du sport, la crise a renforcé des tendances sociétales déjà émergentes : une pratique moins tournée vers la performance, et plus vers le loisir, la santé, la connexion avec la nature… Le tout, dans une démarche toujours plus individuelle.

Anne DAUBRÉE