La demande flambe sur la confection française. Franc succès du salon du Made in France (MIF) avec plus de 100 000 visiteurs lors de son édition parisienne en novembre, avant de se décliner à Bordeaux en mars. Ruée des hypermarchés vers la fabrication tricolore, dans le sillage du groupe Auchan qui se fixe pour objectif de lui consacrer 5 % de ses achats textiles d’ici 2025… « Nous ne sommes qu’aux balbutiements de la mutation de l’industrie du textile en local, mais elle avance. Il est important de continuer à sensibiliser le public », observe Jean-Luc Lagrave, créateur avec son frère Laurent, il y a tout juste 20 ans, de l’entreprise Adishatz qui intègre désormais, sous le nom de DSL Tex, le circuit complet de création et de fabrication (voir encadré).
« L’IGP » DU TEXTILE
« Au-delà de la fabrication française, nous avons constaté sur le salon du Made in France que les visiteurs s’intéressaient aussi à l’identification géographique du produit », poursuit-il. De là à concocter un événement dédié à « l’IGP » du prêt-à-porter, il n’y avait qu’un pas que le duo franchit en créant Modaqui. Cette boutique éphémère réunira, du 1er juillet au 31 août, dans un espace de 300 m2 qui voisine leur atelier de couture de Capbreton, les collections d’entreprises familiales transmises de génération en génération et d’autres reprises ou créées plus récemment. Toutes boostées par l’engouement des consommateurs pour une mode attentive à l’environnement et à cette fabrication bleu blanc rouge qui divise par deux l’impact carbone.
CINQ MARQUES EN RÉSIDENCE
L’entreprise landaise y proposera les imprimés résolument gascons de sa collection Adishatz, les modèles intemporels et durable d’Atelier A, sa marque premium, et ses vêtements en coton bio avec Gasconha Couture. La Manufacture de Layette et Tricots (MLT), spécialiste du tricot, rachetée en 2016 par Karine Renouil-Tiberghien et Arnaud de Belabre, à Morlaàs (Pyrénées-Atlantiques), y viendra en résidence, aux côtés des chaussures en cuir et lainages fabriquées à Nay (Pyrénées-Atlantiques) par Le Soulor 1925, reprise par Stéphane Bajenoff et Philippe Carrouché en 2016. Les jeans en coton biologique ou en lin, seront au rendez-vous avec 1083, créée en 2013 à Romans-sur-Isère (Drôme) par Thomas Huriez, et l’Atelier Tuffery, tailleur depuis 1892, à Florac-Trois-Rivières (Cévennes), dirigée depuis 2014 par Julien Tuffery, représentant de la quatrième génération. Enfin, la Maison Broussaud, fondée en 1938 et aujourd’hui pilotée par Alexandra et Aymeric Broussaud, présentera ses chaussettes fabriquées aux Cars (Haute-Vienne) dans la tradition de la bonneterie française.
Et si ce test estival rencontre le succès escompté, les partenaires prolongeraient bien l’expérience avec un tour de France des villages de marques.
À partir du 1er juillet – 4 rue des Galips – Capbreton
LE NOUVEL ÉLAN
La société DSL Tex qui regroupe les marques Adishatz, Atelier A et Gasconha Couture, est passée de 12 à 30 collaborateurs en deux ans.
Elle doit ce nouvel élan à ses deux ateliers de Capbreton et Saint-Perdon qui intègrent à la fois la création, la confection, la sérigraphie et tout type de marquage, sur des machines qui permettent de travailler aussi bien le coton conventionnel ou biologique que le jean, les tissus recyclés et sur-cyclés, ou à base de maïs, de chanvre et de néoprène. « Même si le chiffre d’affaires (1,5 million d’euros) n’a pas forcément progressé dans les mêmes proportions, nous aurions aujourd’hui besoin de recruter une quinzaine de personnes pour répondre à la demande croissante de marques sensibles à la fabrication française, comme Oxbow, Bleu de Paname, Pyrenex ou 1083 qui nous confient une partie de leur confection », souligne Jean-Luc Lagrave, codirigeant de l’entreprise.