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Mecawire : l’électroérosion en souplesse

À Saint-Vincent-de-Tyrosse, Arnaud Warret et Yannick Minvielle ont créé en 2019, Mecawire, spécialisée dans l’usinage par électroérosion, initialement destiné à la sous-traitance aéronautique. Face à la crise du secteur, les deux entrepreneurs diversifient avec succès leurs marchés.

Mecawire

Yannick Minvielle et Arnaud Warret © N. B.

La passion d’Arnaud Warret et Yannick Minvielle ? L’électroérosion. Dans leur atelier de 150 m2, à Saint-Vincent-de-Tyrosse, les deux entrepreneurs décrivent avec une infinie précision le patient usinage de formes complexes dans les matériaux conducteurs les plus durs par décharges électriques selon trois technologies, le fil, l’enfonçage ou le perçage rapide. Une découpe au micron près dont sont aussi bien issus les moules de pipettes pour l’industrie pharmaceutique ou de contenants plastique pour l’agroalimentaire que les engrenages de la pignonnerie du petit train d’Artouste, des pièces pour la moto électrique Wattman de Venturi, championne du monde de vitesse, des empreintes pour la visserie de matériaux spatiaux, ou les couteaux finement ciselés de machines destinées à la coupe des sarments de vigne.

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Démarche qualité minutieuse

Yannick Minvielle, 39 ans, originaire de Pau qualiticien dans le secteur aéronautique et Arnaud Warret, 33 ans, Tyrossais, technicien opérateur après un DUT en génie mécanique et productique, se sont rencontrés dans les Pyrénées-Atlantiques au sein d’une entreprise spécialisée dans l’activité. Ils partagent la même idée d’une démarche qualité minutieuse et choisissent de se lancer ensemble dans les Landes. Ils investissent dans trois machines d’occasion dénichées en Suisse dont sortiront en juillet 2019 les premières pièces, auxquelles s’ajoutent un compresseur, un climatiseur et un refroidisseur.

L’activité démarre sur les chapeaux de roues avec la prospection de leur réseau dans l’outillage industriel de précision et le soutien des organisateurs du Siane, salon de l’industrie toulousain. « Nous avons passé le mois de février 2020 à faire des devis, se traduisant en mars par notre meilleur chiffre d’affaire. Mais, avec le premier confinement, tous les donneurs d’ordres ont fermé leurs robinets jusqu’à la fin de l’été », témoignent-ils. En septembre, avec une trésorerie en berne, en dépit du Prêt garanti par l’État et les fonds de soutien, le duo s’apprête à rendre les armes en décembre si la situation ne se décante pas. « Au mois de septembre, nous avons développé de nouveaux marchés pour les secteurs de l’agroalimentaire et du médical, moins impactés par la crise sanitaire. Cela nous a permis de rattraper notre retard et de bien débuter l’année 2021 ».

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« Le champ des possibles est immense »

Mais, rien n’est encore joué. « Le contexte actuel fait que nous manquons de visibilité. Dans la mesure où nous ne produisons jamais deux fois le même produit, la mise en place prend du temps et représente des coûts importants », analysent-ils. Leur objectif aujourd’hui : asseoir leur fonds de roulement en développant des marchés récurrents. Ils comptent bien continuer à s’imposer auprès des donneurs d’ordre dans le secteur du moule, s’implanter dans les univers du médical et du luxe pour l’horlogerie ou les flacons de parfum. Tout en continuant à se tenir prêts pour le redémarrage du marché de l’aéronautique, initialement ciblé et pour lequel ils viennent de décrocher les premiers agréments en matière de management qualité axé sur la traçabilité. « Conscients de la situation, nous restons confiants, résument-ils. Avec une gestion rigoureuse, on se dit que ça va finir par marcher. Nous sommes sur la même longueur d’onde et le champ des possibles est immense. Si, dans le contexte actuel, on arrive à sortir la tête hors de l’eau, on se dit qu’il y aura un boulevard à la sortie, quand les secteurs impactés reprendront ».

Mecawire. « Un moral à toute épreuve »

Le choix du statut juridique

« La SARL qui, avec une gestion simple, permet à la fois d’ouvrir le capital à des actionnaires, d’avoir un statut de travailleur non salarié pour réduire les charges sur l’entreprise et d’assurer une protection des associés ».

Le financement

« Les investissements ont été financés avec un prêt de la Caisse d’épargne, et un prêt d’honneur pour chacun par Réseau Entreprendre Adour.

Sur le fonctionnement, nous avons bénéficié d’une subvention de la Région Nouvelle-Aquitaine pour l’aménagement du local ».

Les difficultés rencontrées

« L’absence d’un guichet unique d’information sur les subventions dont peuvent bénéficier les créateurs d’entreprise.

Sur le choix du statut, nous avons eu des points de vue parfois diamétralement opposés entre les experts ».

Les aides covid

« Le montant du Prêt garanti par l’État étant calculé sur le chiffre d’affaires de l’année précédente, nous n’avons pu emprunter qu’une somme dérisoire. Le complément mis en place par la Région nous a permis de passer la crise ».

Le + : notre expert-comptable In Extenso qui pendant le confinement envoyait un récapitulatif quotidien des aides dont nous pouvions bénéficier.

Communication

« Le mailing à notre réseau s’est révélé très efficace. Compte tenu de l’annulation des salons, nous optons actuellement pour une prospection ciblée par téléphone.

Nous sommes présents sur le réseau social LinkedIn et nous travaillons sur le référencement de notre site Internet mecawire.com ».

Leurs conseils

« Bien choisir le moment pour se lancer et avoir un moral à toute épreuve. Il est aussi essentiel d’être bien accompagné par ses proches, qu’ils croient à 200 % dans le projet, sans que la sphère professionnelle n’interfère pour autant dans le privé ».