Couverture du journal du 02/10/2024 Le nouveau magazine

L’étang Noir, perle verte entre dune et mer

SEIGNOSSE. L’étang Noir célèbrera ses 50 ans de classement en réserve naturelle nationale, le 20 septembre prochain, lors des Journées européennes du patrimoine, après avoir dévoilé cet été la nouvelle scénographie de sa maison d’accueil. Rencontre avec Stéphanie Darblade, la conservatrice de ce joyau de 52 hectares.

étang noir

L'étang Noir tient son nom de ses eaux sombres et vaseuses. © RNN étang Noir

Si nous devions retenir une image de la réserve naturelle nationale de L’étang Noir, ce serait sa mosaïque d’habitats, typiques des paysages landais, entre marécages, tourbières, pins, ruisseaux, prairie humide… Sur la passerelle d’1,2 km qui serpente à l’ombre d’une végétation luxuriante, on se faufile en silence, les oreilles grandes ouvertes et l’œil aux aguets pour apercevoir libellules, grenouilles, araignées, tortues, jusqu’au point de vue époustouflant sur l’étang. Cet espace naturel protégé, qui ne pourrait supporter une surfréquentation, témoigne du travail accompli ces 50 dernières années pour préserver son précieux écosystème. Le chemin parcouru s’inscrit dans la nouvelle scénographie de la maison d’accueil, signée Benoît Lafosse, qui « appelle à la curiosité et à l’attention ». Dès l’entrée, le visiteur est invité à ralentir le pas. « La maison est un sas, un endroit de passage qui permet d’adapter son comportement et son questionnement au lieu », explique la conservatrice, Stéphanie Darblade, car « la faune est discrète et la flore, exubérante », prévient-elle.
La maison d’accueil prévoit aussi d’offrir une journée d’anniversaire au public, le 20 septembre, en partenariat avec la Ville de Seignosse et la communauté de communes Maremne Adour Côte Sud. Au programme : un goûter après l’école, suivi d’un spectacle d’illusions sonores en milieu naturel, Trompe-feuilles de la compagnie Ézika et un second, I’m not Gisèle Carter du collectif Balle perdue, en écho à l’histoire de l’urbanisation de Seignosse-le-Penon, étroitement liée à la réserve. 

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La scénographie démontre que la maison d’accueil n’est pas un simple catalogue d’espèces, mais qu’en observant attentivement, on peut découvrir bien plus. © RNN étang Noir

PREMIÈRE RÉSERVE DES LANDES

À l’origine de la protection de L’étang Noir, la Miaca (Mission interministérielle pour l’aménagement de la côte aquitaine) avait lancé, dans les années 1970, l’aménagement du littoral en préservant en contrepartie certains paysages. Initialement, la protection devait inclure les étangs Noir et Blanc, mais la perspective d’interdire la pêche et la chasse à l’étang Blanc suscita des résistances locales, conduisant à limiter la protection au plus petit des deux.
En 1974, l’étang Noir est ainsi devenu le premier site des Landes classé réserve naturelle nationale. Aujourd’hui, sous la gestion du syndicat mixte de gestion des milieux naturels, il attire chaque année 50 000 visiteurs venus vivre une expérience simple et authentique d’observation de la nature. Bien qu’aucun animal ne soit mis en avant, on peut y voir des espèces rares. Les actions de préservation ont maintenu un habitat pour la cistude d’Europe (tortue aquatique), grâce à l’interdiction de la pêche à la nasse ou pour les loutres qui circulent entre l’étang Noir, l’étang Blanc et l’étang de Hardy, mais profitent des zones de tranquillité dans la réserve pour se reproduire, grâce à la limitation des activités humaines sur la zone préservée.

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Le sentier sur caillebotis forme une boucle de 1,2 km à travers une mosaïque de paysages. © RNN étang Noir

LA NATURE SOUS CLOCHE, UN CLICHÉ

À quelques jours de la date anniversaire, Stéphanie Darblade exprime le souhait d’étendre la protection du site car plus le périmètre de protection est petit, plus l’impact du milieu environnant est important. « L’utopie serait que les limites d’une réserve disparaissent un jour, permettant aux différents milieux de s’imbriquer de manière harmonieuse sans qu’un prenne le pas sur l’autre. Mais cela reste une utopie évidemment ! » Pour l’heure, sa mission passe par la sensibilisation du public et les actions menées en partenariat avec les collectivités. « Nous échangeons beaucoup autour de la préservation de l’étang Blanc qui s’étend sur Seignosse, Tosse et Soustons. Elle permettrait de ne pas risquer d’altérer la réserve. Ma démarche consiste à montrer la valeur patrimoniale du site notamment avec l’appui de nos données naturalistes », développe-t-elle. Le sujet est ouvert… Elle souligne cependant que l’idée d’une « mise sous cloche » associée aux réserves est trompeuse, insistant sur le fait que les interactions entre les réserves et leur environnement sont en réalité nombreuses. « Nous nous efforçons de donner à chacun les clefs… », et il reste encore beaucoup à découvrir. « 50 ans c’est jeune pour la nature », conclut la conservatrice, pleine d’espoir.

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Stéphanie Darblade, la conservatrice effectue des suivis scientifiques sur le terrain. © RNN étang Noir

LA RÉSERVE DE L’ÉTANG NOIR EN QUELQUES DATES

1974 – Création de la réserve naturelle nationale de l’étang Noir par décret ministériel
1976 – Création de la passerelle pour visiter le site
1980 – Création de la maison d’accueil de la réserve
1994 – Arrivée de la première conservatrice
1999 – Premier plan de gestion
2017 – 3e plan de gestion sur 10 ans – 4 personnes à temps plein : une conservatrice, un chargé de mission scientifique et deux gardes naturalistes.
2024 – Nouvelle scénographie et 50e anniversaire.