Les Annonces Landaises : Fondés en 1990, Les Jardins de Nonères accompagnent aujourd’hui près de 200 personnes en situation de handicap dans le monde du travail. Comment êtes-vous structurés ?
Julien Lebaillif : Nous sommes un regroupement de trois structures pour favoriser l’accompagnement des personnes en situation de handicap dans leur parcours professionnel. Il y a l’Établissement et service d’accompagnement par le travail (ESAT) qui propose différents ateliers de production dont deux nouveaux, un Service d’accompagnement à la vie sociale (SAVS) et une Entreprise adaptée départementale (EAD) qui est présente sur quatre sites (Mont-de-Marsan, Saint-Paul-lès-Dax, Peyrehorade et Tisse). Tout fonctionne ensemble et permet une montée en compétences de chaque travailleur pour qu’il retrouve un emploi. Je souligne également que nous sommes une entité publique dont le modèle unique en France est géré par le conseil départemental des Landes.

© Les Jardins de Nonères
LAL : Quels sont les métiers auxquels vous formez ?
J. L. : Ils sont multiples. Au sein de l’ESAT, côté espaces verts, il y a le maraîchage biologique [la ferme urbaine est d’ailleurs labellisée Néo Terra par la Région Nouvelle-Aquitaine, NDLR] et la production de plants de légumes sur le site de Mont-de-Marsan. Nous proposons également l’entretien des espaces verts pour les collectivités et travaillons avec les communes de Tosse, Peyrehorade et Saint-Paul-lès-Dax (géré par l’EAD). Il y a aussi l’atelier dédié à la numérisation d’archives et à leur classement. Cela comprend la plastification et la rénovation de livres qui se font en postes assis. Cet atelier réalise aussi les étiquettes de nos conserves dont nous venons d’inaugurer le nouvel atelier. Auparavant, la mise en conserve était externalisée, désormais elle est gérée de A à Z sur notre site afin de mettre en bocaux les légumes bio qui sont cultivés chez nous. Déjà appréciés des clients fidèles [dont les collectivités et le grand public qui peut venir acheter sur place, NDLR] pour leur qualité et leur traçabilité, les Bocaux de Nonères sont une opportunité de plus pour les travailleurs en situation de handicap de se former aux métiers de la restauration. Enfin, le second nouvel atelier concerne le compostage. Il a été cofinancé par l’Ademe. Celui-ci permet le développement de nouveaux métiers comme chauffeur, cariste et agent de tri.
Au final, tous ces ateliers et métiers forment une boucle vertueuse. Les légumes plantés sur place y sont ensuite cuisinés et mis en bocaux, ils nourrissent les collectivités. Collectivités qui font appel à nos services pour ramasser les biodéchets. Chaque semaine, ce sont 2,5 tonnes de restes alimentaires qui arrivent sur notre plateforme de compostage. Ceux-ci sont ensuite compostés pour générer 350 tonnes de compost par an qui viennent ensuite alimenter les cultures locales. Chaque atelier est interconnecté.

Atelier de conserverie © Les Jardins de Nonères
LAL : Ce travail de longue haleine porte-t-il ses fruits ?
J. L. : Effectivement et c’est notre plus belle réussite. En 35 ans, ce sont 540 personnes qui ont été accueillies et embauchées par les Jardins de Nonères, et 120 ont notamment intégré durablement le monde du travail ordinaire. Une dynamique rendue possible par une vision à long terme, une équipe de professionnels de 80 personnes qui portent la double casquette de travailleur social, une gestion de proximité et surtout un investissement annuel de 7 millions d’euros de la collectivité qui illustre la volonté du département d’innover et de faire société tous ensemble. Nous sommes plus qu’un dispositif médico-social, nous construisons une société plus inclusive avec l’objectif d’intégrer un maximum de personnes souffrant de handicaps (ceux-ci ne sont pas forcément visibles comme des troubles psychiques ou autistiques) dans le milieu ordinaire du travail.

© Les Jardins de Nonères
LAL : Vous venez également d’inaugurer le nouveau bâtiment du Pôle Adulte départemental. Quel est son rôle ?
J. L. : Ce pôle symbolise l’union des compétences au service de l’inclusion et donc de nos travailleurs-usagers. Tous nos professionnels de l’accompagnement (médical, social, formateurs internes, pair-aidant…) sont regroupés au même endroit pour une meilleure coordination avec les différentes unités de production.