Les Annonces Landaises : Les agriculteurs ont vu les promesses de l’État suspendues en décembre par la censure du gouvernement Barnier. Est-ce que vous craignez une nouvelle mobilisation en ce début d’année ?
Françoise Tahéri : Je discute beaucoup avec le monde agricole. Il y a une liberté de manifester, qui est inscrite dans notre Constitution. Mais cette liberté ne doit pas se traduire par des dégradations ni des atteintes aux biens ou aux personnes. Ça, c’est la ligne rouge. J’ai été amenée à déposer plainte, c’est la première fois que je le faisais, parce que la ligne rouge avait été franchie. Pourquoi ? Le 20 novembre dernier, de la paille a été déposée par la Coordination rurale au pied du portail de la DDTM [Direction départementale des territoires et de la mer, NDLR]. Volontairement, le feu a été mis dans ces ballots de paille qui ont ensuite été projetés dans l’enceinte de la DDTM, à proximité du bâtiment, alors que des collaborateurs étaient encore en train de travailler. Ça, ça n’est pas acceptable. C’est la raison pour laquelle j’ai déposé plainte. Et j’enverrai la facture de réparation du portail.
LAL : Êtes-vous inquiète pour la suite ?
F. T. : Non, je ne suis pas inquiète parce que je pense que les agriculteurs souhaitent conduire des actions qui ne dévalorisent pas l’agriculture et qui ne portent pas atteinte à l’image de l’agriculture. Je pense que les phénomènes de dégradation sont contre-productifs et desservent la profession agricole.
Il y a une grande robustesse de nos institutions, et toujours une permanence de l’État
LAL : L’année 2024 a donc été marquée par cette colère des agriculteurs et par une forte instabilité politique, si vous regardez en arrière, quel a été le moment le plus difficile ? Et le plus heureux ?
F. T. : Les plus difficiles, incontestablement, ce sont les manifestations agricoles. Et, je ne le cache pas, avec une grande déception de ma part. Déception et condamnation fortes. Les moments les plus réjouissants, ce sont les fêtes qui maillent tout le territoire, plus de 300 entre avril et octobre. C’est formidable. J’adore ! Et puis les Jeux olympiques et paralympiques, le fait d’avoir vu cette ferveur, cet enthousiasme populaire, c’était très impressionnant de voir tous ces sportifs de haut niveau qui sont venus s’entraîner dans les Landes.
LAL : Les communes, les intercommunalités et le conseil départemental sont très inquiets pour leurs finances, alors que le budget de l’État n’est toujours pas voté pour 2025. Comment les rassurer, eux qui comptent sur la Dotation globale de fonctionnement (DGF) pour mener à bien leurs politiques ?
F. T. : Tout d’abord, un point qui est clair, c’est que dès ce début d’année, la DGF va être versée par douzième aux collectivités locales, sur la base de la DGF qui a été calculée en 2024. À cet égard, c’est inchangé par rapport à ce qui existe chaque année. Ça a été clairement précisé par les ministres qui ont adressé des courriers aux associations d’élus, aux collectivités locales. Ensuite, il faut que la DGF 2025 puisse être calculée conformément aux dispositions qui seront dans la loi de finances 2025, donc il est très important qu’elle puisse être adoptée.
Ma priorité en 202…