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La « forêt sacrée » de Christophe Doucet

Pour son exposition « Artémis et la Grande Ourse », le sculpteur landais Christophe Doucet investit la Méca, à Bordeaux, jusqu’au 30 octobre, avec 27 de ses œuvres créées au fil du temps, en harmonie avec les arbres et la forêt.

Christophe Doucet, Méca, Frac, Artémis et la Grande Ourse

Exposition « Artémis et la Grande Ourse, Christophe Doucet, Méca © Gaëlle Deleflie

La forêt, un territoire sacré pour Christophe Doucet ? Lui qui a fait de sa proximité avec les arbres, le bois, son principal sujet d’études, ne cessant jamais de sculpter depuis les Beaux-Arts de Bordeaux, il y a 30 ans, même pendant la vingtaine d’années où il était forestier, en est convaincu : « Je pense qu’on fait partie d’un tout et qu’on ne sépare pas l’homme de la nature. Je travaille dans cette totalité. Cet environnement est sacré et je dois le respecter parce qu’il fait partie de moi. »

FORMES FIGURATIVES ET DÉCALÉES

À l’invitation du Fonds régional d’art contemporain (Frac), en mai dernier, il a quitté quelques jours la solitude de son atelier dans l’ancienne distillerie de résine, au cœur d’un airial planté de chênes à Taller, pour investir la Méca, à Bordeaux. Là, il a agencé ses sculptures géantes, comme « La Grande Ourse » qui provient de la souche du chêne qui abritait sa cabane d’enfant, et les masques à dimension de visage qu’il creuse dans l’aulne avec des outils de sabotier. Autant de formes figuratives et décalées qui s’extraient du bois, « avec une espèce de violence dans l’expression, toujours relativement brute », et ces raccourcis qui mettent en face de l’évidence pour mieux susciter l’émotion.

Certaines œuvres sont récentes, d’autres ont plus de 20 ans comme le « Calice », né dans un platane qu’on lui avait donné. Et pourtant, « c’est un peu toujours la même histoire. Si la technique a évolué, le propos reste identique », observe le sculpteur. « Ce n’est jamais une idée que je transforme en sculpture. C’est d’abord l ’essence [chêne, tilleul, acacia, séquoia, aulne, cèdre, ndlr], ensuite la dimension de la pièce de bois et ce qu’elle me raconte qui décident de mon choix. » Pour créer au gré de ces interrogations qu’il explore à l’infini : « Quelle est notre place dans l’environnement forestier ? Comment représenter l’univers qui nous entoure ? Quel est notre rapport au divin, au sacré ? » Et qu’il est loin d’avoir épuisées.

 

Frac Nouvelle-Aquitaine Méca
5 parvis Corto-Maltese – Bordeaux
Du mercredi au dimanche de 13 h à 18 h