À l’approche de la cinquantaine, les enfants quittant le nid familial, Emmanuelle et Bertrand Piel ont eu envie de changement, d’un projet nouveau. « L’idée de départ est l’envie de trouver un lieu plutôt à la campagne, qui soit ressourçant et où on viendrait à titre privé ou professionnel. Un lieu pour nous et à partager », se rappelle le couple qui est alors « parti à l’aventure dans cette quête » à la croisée des chemins entre parcours professionnel et épanouissement personnel. Plutôt dans l’Entre-Deux-Mers au départ, pas loin de Bordeaux afin d’être facile d’accès pour les entreprises, c’est par hasard qu’ils découvrent ce qu’est un airial landais, du côté de Bazas (Gironde) : « On a failli l’acheter, mais c’était un peu trop important en budget et en plus, il nous est passé sous le nez », explique Emmanuelle Piel.
COUP DE CŒUR
En tombant sur l’airial d’Arjuzanx, rien qu’en regardant les photos, c’est le coup de cœur : « On a visité et on s’est dit : « C’est là ! » On avait vu une vingtaine de propriétés et aucune ne nous avait fait cet effet. » Sur ce lieu-dit Le Puy déjà bien rénové par les propriétaires précédents qui le louaient de temps en temps, le couple qui ferme alors son cabinet de recrutement bordelais ouvert 12 ans plus tôt, décide de réhabiliter la bergerie où il ne restait que quatre murs, un toit et de la terre battue au sol, pour créer quatre nouvelles chambres avec chacune sa salle de bain. Au fil des travaux à mesure que les lieux attirent, il y a désormais un potentiel de 30 couchages pour les particuliers, avec 12 chambres doubles plus un dortoir de six couchages, mais seulement 24 places en configuration entreprises, la plupart des lits en 180 cm se dédoublant en deux lits de 90 cm, afin que chacun ait son intimité.
Généralement, les entreprises qui viennent surtout de Bordeaux et du Pays basque, mais aussi de Toulouse ou de région parisienne, louent plutôt les lieux en semaine pour des séminaires, de simples journées de travail, ou du team building (renforcement d’équipe), qui représentent aujourd’hui 50 % de l’activité. Des familles ou des groupes d’amis y viennent les week-ends et pendant les vacances, et des séjours bien-être (méditation, sophrologie, yoga) sont organisés de novembre à mars à tarif spécial. Le tout avec une équipe d’une à quatre femmes de ménages selon les saisons, mais jusqu’ici « un seul jardinier, Bertrand, qui aime tondre la pelouse sur son tracteur en faisant de la méditation », souligne sa femme.
CUISINIÈRE, YOGA, CHEVREUILS ET NATURE
Côté prestations, en plus des deux piscines, du terrain de pétanque et de volley, une cuisinière peut intervenir à domicile, tout comme un loueur de tireuses à bières ou un spécialiste du yoga. Et tout près : le lac d’Arjuzanx et ses couleurs paradisiaques, pour des balades en paddle ou canoë, ou une halte à la Maison Catachot, le restaurant que le couple a ouvert au tout début de l’été, en lien avec les collectivités locales.
Finalement pas de salle de réunion perchée dans les chênes presque tricentenaires, comme imaginé au début : « On a eu peur que ça dénature le lieu et que des personnes aient le vertige en y montant. » Le nom de Canopée des Landes est en tout cas resté. « Ces chênes sont les maîtres des lieux, nous sommes chez eux. Ça nous replace, petits êtres humains, dans cette nature où nous ne sommes pas grand-chose avec notre centaine d’années de vie. Ce qu’on a redécouvert ici, c’est ce rapport à la nature qu’on pensait avoir déjà un peu en ville… Mais ici, les chevreuils viennent sur l’airial, c’est un vrai bonheur. Et puis cette luminosité propre aux Landes, avec le lever du jour dans les pins à l’est et le coucher le soir de l’autre côté… »
Le grand saut de Bordeaux aux Landes intérieures, le couple ne le regrette à aucun moment. Et les séjours dans la capitale girondine se font de plus en plus rares : « Le monde vient à moi ici, relève la gérante. J’échange beaucoup avec les entrepreneurs et salariés sur leurs métiers, leur travail et des tas de choses, je ne me sens pas du tout isolée, pas du tout ! », assure celle qui s’est aussi intégrée dans la vie locale à l’association des anciens quand son mari est aussi responsable des Saisons d’Arjuzanx qui organisent les fêtes de la commune et la fameuse cartonnade, la course de bateaux en carton sur le lac. Bref, « on n’a jamais le temps de s’ennuyer ! »