Après une « saison historique » où les rouge et blanc de l’US Dax Rugby Landes ont fait rêver leurs supporters en accédant aux barrages de Pro D2, alors qu’en septembre 2023, certains craignaient une redescente directe en Nationale, l’objectif est à nouveau au maintien, trace Jean-Frédéric « Jeff » Dubois, avant le premier match du 30 août face à Montauban. « Désormais, on est pris au sérieux, on est attendu. Mais toutes les autres équipes se sont beaucoup renforcées, à nous de confirmer », confie le technicien du premier club promu de l’histoire à accéder ainsi aux phases finales.
Très content du recrutement et des tout nouveaux vestiaires portés par la Ville, Jeff Dubois attend avec impatience que le projet d’une salle de musculation plus adaptée au haut niveau porté par le club aboutisse. L’objectif : « Donner une autre dimension aussi au centre de formation » pour lequel il s’est impliqué et qui a reçu l’agrément national cet été, synonyme de nouvelles rentrées d’argent. « C’est très bien d’avoir fait de belles loges [pour les sponsors, NDLR], mais il faut aussi améliorer le bien-être des joueurs, et je pousse pour ça », rappelle cet adepte du jeu d’attaque, qui n’aime rien de plus que « faire jouer les gars au ballon en fonction de ce qu’il se passe en face ».
ALLIER RUGBY ET FAMILLE
Si des tensions ont émergé après les mots difficiles à oublier du nouveau président et entrepreneur girondin Benjamin Gufflet sur la capacité de l’équipe à jouer en Pro D2 en début de saison dernière, le magicien du banc dacquois qui a été courtisé par d’autres clubs, a choisi de rester à Dax pour son groupe de joueurs qu’il façonne encore, au moins cette année.
Entraîner, Jeff Dubois ne l’avait pas du tout imaginé au départ. D’agence immobilière en société d’externalisation de paie à la fin de sa carrière de demi d’ouverture, le hasard le fait arriver au centre de formation de Massy (Essonne). De fil en aiguille, Dubois est plébiscité par les joueurs de la première pour les entraîner. « Ça s’est enchaîné très vite », relève celui qui a tout de suite « aimé transmettre aux jeunes, dans l’écoute, et voir que (ses) conseils donnaient de belles choses ». Le coach poursuit au Stade Français (champion de France en 2015), puis deux ans avec les lignes arrières de l’équipe de France au côté de Guy Novès qui l’avait connu au Stade Toulousain comme joueur (« On n’a pas eu les moyens qu’ont eus nos successeurs »), avant Montauban, Bayonne et Dax où les liens avec les dirigeants historiques Jacquemain, Bérot et Pécastaing restent forts. « Ma femme, Dacquoise, qui a aujourd’hui son concept store Vert Louison à Capbreton, m’a jusqu’alors, toujours suivi et les enfants sont nés dans les clubs où je suis passé… L’opportunité de venir ici était intéressante, pour allier rugby et famille en restant dans la région, avec aussi l’envie de faire retrouver à ce club ce qu’il avait vécu avant. »
Avant, c’est, entre autres, 1996 quand Jeff Dubois, le Peyrehoradais, signe dans la cité thermale alors que l’US Dax, club quasi-centenaire dans l’élite, vient d’enchaîner deux demi-finales du championnat de France en trois ans face au Stade Toulousain avec la génération dorée des Dourthe, Ibañez, Magne, Lacroix, Pelous…
L’HUMAIN AU CENTRE DU JEU
Une époque où le numéro 10 joue à Dax avec le Mimizano-Dacquois Jérôme Daret qui vient de remporter l’or olympique des Jeux de Paris 2024 avec ses hommes du rugby à VII : « On se parle souvent, le VII est une source de trouvailles pour le XV, dans les rucks, le grattage de ballon… »
Sa carrière de joueur se poursuivra à Béziers, Colomiers puis au Stade Toulousain, de 2004 à 2007, avec un titre de champion d’Europe, avant de finir au Racing 92. Mais son plus beau titre restera à jamais celui de champion de France obtenu en 1994 avec le Peyrehorade Sports, son club d’enfance formateur : « Dans mon village, avec mon frère en joueur, et mon père qui était alors coprésident, ça reste à part », dit, 30 ans après, celui qui a connu le passage du rugby amateur au professionnalisme. Une histoire familiale, de transmission aussi entre Peyrehorade et Dax où son paternel, Gaston, a failli être entraîneur après avoir été troisième ligne de trois finales perdues de l’USD en championnat de France (1956, 1961 et 1963) et vainqueur du challenge Yves du Manoir en 1957 et 1959, lui qui créa ensuite l’école de rugby de Peyrehorade. Un ADN de formateur donc, avec l’envie commune de toujours mettre l’humain au centre du jeu.