Indarra, pour force en basque, une qualité essentielle aux femmes qui traversent cette épreuve. Le nom de sa boutique dédiée au bien-être oncologique lui a semblé une évidence. Son lieu d’implantation aussi quand sa banquière lui a parlé du nouvel Institut Santé Landes Océan (Islo) à Mées, qui combine activités médicales et services. « Mon projet rentrait bien dans ce qui pouvait se faire dans ce pôle pluridisciplinaire, en synergies », dit-elle. Anne-Laure Snanoudj a investi en janvier des locaux au deuxième étage de ce centre de santé privé. « Je voulais un endroit facile d’accès, pour les gens venant de partout dans les Landes ou des Pyrénées-Atlantiques ; avec la deux fois deux voies, c’est parfait. Être en centre-ville de Dax était moins évident, je pense, pour les clientes, dans la mesure où certaines cherchent souvent un certain anonymat. À Paris, c’est plus rare de croiser des gens qu’on connaît quand on rentre dans un magasin… » Anne-Laure Snanoudj s’est en effet spécialisée en accessoires d’oncologie dans la capitale, dans deux boutiques d’une même enseigne des Ve et Xe arrondissements : « On travaillait beaucoup en lien avec l’Institut Curie et l’hôpital Saint-Louis. »
MÉTIER PASSION
Paris, elle y était montée à 18 ans de Saint-Vincent-de-Tyrosse où elle a grandi, afin d’intégrer une école de maquillage et perruques. Ont suivi 13 ans comme intermittente du spectacle vivant en région parisienne, avant de rejoindre le Parc Astérix comme chef maquilleuse et perruquière et Disneyland. Avec l’arrivée des enfants, les horaires devenaient compliqués. Et avec la maladie désormais présente dans son entourage, la professionnelle s’est interrogée sur quoi faire. « C’était un métier de passion et c’était impossible pour moi de faire quelque chose qui soit juste alimentaire. J’ai besoin d‘être animée par ce que je fais. » La voilà reconvertie dans le soin pour femmes atteintes de cancer. Une deuxième révélation professionnelle. Et l’envie peu à peu de revenir dans les Landes. Avec d’abord un poste sur mesure en télétravail créé alors par son employeur parisien Bahan : « Je m’occupais de la gestion des agendas des deux boutiques, des commandes en ligne, des relations fournisseurs, je préparais les clientes par téléphone, etc. Mais le contact direct me manquait. »
Quand jusqu’ici, l’offre sur le secteur se concentrait chez des coiffeurs, comme au salon Nulle part ailleurs à Narrosse où Yannick Lasserre assure un service perruques et foulards prisé depuis des années, cette nouvelle boutique est entièrement dédiée aux prothèses mammaires et capillaires, turbans, lingerie adaptée, maillots et cosmétiques comme des vernis spéciaux pour ongles fragilisés par la chimiothérapie.

Les perruques sont de la marque allemande Ellen Wille reconnue à l’international pour ses modèles haut de gamme © J. D.
VERS UN ZÉRO RESTE À CHARGE ?
« Ce qui m’importe est que les clientes soient contentes quand elles se regardent dans le miroir », confie Anne-Laure Snanoudj qui travaille aussi en réseau avec des socio-esthéticiennes. « On n’a pas d’intérêt humainement à vendre des prothèses en cheveux naturels à plus de 1 500 euros car elles sont beaucoup plus contraignantes au quotidien alors qu’on n’a pas forcément envie à cette période de se faire des brushings avec la fatigue. Les perruques en synthétique sont aujourd’hui très réussies, avec des choses très faciles d’entretien dès 350 euros en entrée de gamme, et des très jolis modèles entre 500 et 700 euros. » À ce jour, la Sécurité sociale rembourse 250 euros et la mutuelle peut, en fonction du contrat souscrit, fournir un complément pour celles allant jusqu’à 700 euros. Le 30 mai, les députés avaient adopté en première lecture une proposition de loi portée par le communiste Fabien Roussel, « visant la prise en charge intégrale des soins liés au traitement du cancer du sein par l’Assurance maladie », à l’exclusion des dépassements d’honoraires, mais incluant les prothèses capillaires, le renouvellement de prothèse mammaire, divers produits et traitements (suivi psychologique, gestion de la douleur, sous-vêtements post-opératoires, etc.). En attendant les conséquences de la dissolution de l’Assemblée nationale, sur le sujet, « aller vers du zéro reste à charge, ce serait un vrai plus, commente-t-elle, car tout ceci n’est pas un luxe, mais véritablement du confort dans le parcours de soins au quotidien. »

Prothèse mammaire et maillot adapté © J. D.