L’entrepreneur nous reçoit dans les locaux de Surf lounge, son vaisseau amiral ancré dans la zone Pédebert à Hossegor. Le ton est donné avec les Rolling Stones grandeur nature, placardés en vitrophanie sur les portes. Comme un avertissement : ici, vous entrez dans le temple du surf et du rock’n’roll. Hervé Lacastaigneratte l’a conçu à son image : chaleureux, fantasque et passionné.
Au rez-de-chaussée, une spacieuse boutique, mi-surf shop, mi-concept store avec en ligne de mire : Green Bush et Grajagan. « J’ai eu le déclic des deux marques lors de voyages en Indonésie, elles portent le nom de vagues mythiques », raconte l’entrepreneur-surfeur qui collectionne autant les voyages que les planches de surf. En 2018, lors d’un séjour dans les îles Mentawaï, Hervé Lacastaigneratte s’inquiète de l’impact des crèmes solaires polluantes utilisées par les surfeurs. De retour en France, il imagine une ligne de soins solaires naturels et minéraux, sans filtre chimique, respectueux des océans. « J’ai contacté des laboratoires pharmaceutiques, investi 100 000 euros d’économie et lancé ma gamme écoresponsable après un an de recherche », détaille-t-il. Aujourd’hui, Green Bush est distribué dans les surf shops et pharmacies régionales. Le chef d’entreprise compte bien s’étendre encore et conquérir de nouveaux marchés. Enfin si le temps le lui permet car, cette année, l’insatiable créatif a lancé sa marque d’accessoires pour baroudeurs visant à faciliter les road trips. « On pourrait perdre un jour la distribution de certaines de nos marques, alors on se diversifie », justifie le fondateur de Surf Lounge. Acharné de travail, il cherche avec jubilation jour et nuit de nouveaux accessoires. Il a déjà commercialisé des douches portatives, des duvets, des sacs et des mugs isothermes, soutenu par une petite équipe de trois jeunes talents qui partagent évidemment sa passion pour le surf.
CULTIVER LA DIFFÉRENCE
Derrière sa nonchalance et son look décontracté, se cache en réalité un brillant patron d’industrie. Hervé Lacastaigneratte est à la tête d’une société florissante réalisant 3 millions de chiffre d’affaires. Il n’a pourtant rien d’un chef d’entreprise ordinaire, comme en témoigne l’aménagement de ses bureaux, conçus sur le modèle d’un loft américain. Un univers foisonnant et esthétique parfois décalé où chaque objet à sa place : des répliques des guitares de Keith Richards ou Led Zeppelin aux photos d’Al Pacino et de Marlon Brandon. Entre le billard, la table de ping-pong et le baby-foot, trône la réplique exacte du fauteuil de Tony Montana / Al Pacino dans Le Parrain. « Le boss ! » s’amuse l’esthète, prêt à toute excentricité pour servir son imaginaire. Mais le trésor dont il est le plus fier, c’est sa collection de planches de surf des champions du monde. Pour chacune, il a une histoire et de savoureuses anecdotes que sa mémoire encyclopédique retrouve instantanément. « Je garde tout ce qui me plaît et représente à mes yeux une valeur », confie ce collectionneur compulsif.
Ses bureaux sont conçus sur le modèle d’un loft américain. © Patxi Beltzaiz – Hans Lucas
TOUJOURS SUR LA BONNE VAGUE
À 51 ans, le Bayonnais a plus de trente ans d’expérience dans l’industrie du surf et sa passion pour la discipline remonte à ses 12 ans, éclipsant à l’époque son appétence pour le rugby et le tennis. Il décroche ses premiers stages chez Quiksilver à 16 ans. « J’ai vu l’industrie démarrer quasiment de zéro en étant dans les pattes de mon père alors banquier à la BNP. Il travaillait avec les futurs grands patrons, François Payot, Pierre Agnès… » Après sa maîtrise en marketing, il débute sa carrière en 1997 chez Hoff, distributeur de bodyboard. « J’ai compris aux côtés de Michel Hoff ce qu’était une société de distribution. » Après un an et demi, il rejoint la direction du marketing de Sebago à Bordeaux et y reste quatre ans. Mais le surf lui manque ; alors, il postule chez Quiksilver et se retrouve promu chef produit combinaison puis directeur de la division technique appelée Omareef. Il y vit ce qu’il appelle « les années Canal de Quiksilver », gérant un budget marketing de 35 millions d’euros et lançant des gammes innovantes dont la fameuse combi blanche de Kelly Slater. En 2009, l’aventure Quiksilver s’arrête, Hervé Lacastaigneratte récupère la distribution de Creatures of leisure en Europe et crée sa société Surf Lounge. Le début d’une aventure plus personnelle qui ressemble davantage à cet homme qui cultive un certain art de vivre, préservant dans son antre dédié au surf, les valeurs de ce sport qu’il aime tant. Mélange de liberté et de rock’n’roll.
Sa boutique, mi-surf shop, mi-concept store © Patxi Beltzaiz – Hans Lucas
