Après trois mois de travaux, la première phase de réhabilitation de l’ancienne hélistation de Mimizan-plage est terminée. Ce hangar situé en pied de dune qui ne servait plus que de local de stockage pour la mairie et de logements pour les nageurs sauveteurs, abrite désormais sept chambres flambant neuves dédiées aux hébergements saisonniers auxquelles viennent s’ajouter trois chambres supplémentaires aux normes PMR (pour personnes à mobilité réduite), un lieu de vie, une cuisine et un bureau.
25 LOGEMENTS À LOYERS SÉCURISÉS
Il aura fallu un an de réflexion pour mener cette première phase de projet à son terme, avec une enveloppe de 100 000 euros. Dans un contexte immobilier tendu où les prix du foncier comme des locations ne sont pas toujours accessibles aux jeunes actifs, la municipalité a imaginé réinvestir ce bâtiment vieillissant à moindre coût en y intégrant des logements temporaires. Elle a donc fait appel à la Smalah pour ses compétences en construction en bois après avoir découvert les tiny houses réalisées par les stagiaires de l’association d’éducation populaire pour loger les saisonniers au camping de Saint-Julien-en-Born.
Au cahier des charges : créer 25 logements destinés en priorité aux jeunes travailleurs, apprentis, stagiaires et saisonniers, avec des loyers sécurisés. Pour l’accompagner, la Smalah a choisi l’architecte bordelaise Nicole Concordet, spécialisée dans les programmes atypiques et évolutifs, qui travaille avec le collectif bordelais d’architectes-scénographes Cmd+O (lire Commando) suivant une méthode inédite basée sur le travail participatif, la permanence architecturale et la préservation des ressources financières et matérielles. « Nous devions faire en sorte que cette première phase de travaux soit une forme d’expérimentation pour accueillir un projet plus ambitieux jusqu’à 25 logements avec une dimension d’accompagnement sociale. L’idée était de proposer que le projet soit une préfiguration de l’usage. Les gens vivront, fabriqueront ce qui se produira ici », explique Nicole Concordet.
PERMANENCE ARCHITECTURALE ET RÉEMPLOI
Le collectif de jeunes architectes a donc investi les lieux en avril pour trois mois. Cette initiative a permis d’éprouver les constructions et de collecter une multitude d’informations de leur quotidien. « Nous n’envisageons pas notre métier autrement qu’en dessinant et expérimentant nous-même les constructions », assure Victor Garriou, membre de Cmd+O. Autre contrainte majeure, réexploiter le matériel déjà sur place ou récupéré. « 80 % des matériaux utilisés sont issus du réemploi. Cela donne un patchwork en bois où on a mêlé toute sorte de matériaux : casiers d’imprimeur, portes de commodes, vieilles fenêtres, poutres, lambris… », précise le jeune architecte. Le collectif a dû solliciter les entreprises locales, aidé également dans leur travail par les volontaires de la démarche intercommunale Zéro chômeur de longue durée et des stagiaires de la Smalah. Enfin, l’électricité et la peinture ont été réalisées en régie municipale, un gain financier représentant 20 000 euros.
Dans quelques mois, la Smalah prévoit d’aménager un atelier de fabrication à l’arrière du hangar pour pouvoir accueillir des jeunes en formation et participer avec eux à la construction de la deuxième phase, alors que les élus étudient « la possibilité de construire 10 à 15 logements de plus », explique Michèle Perrier, adjointe à la culture et à l’insertion. Car « tout reste encore à définir », indique Marie-France Delest, adjointe à l’urbanisme et présidente de l’Office intercommunal de tourisme de Mimizan, « nous devons d’abord trouver les financements. »
À la fête de fin de chantier, l’équipe du projet au complet était visiblement fière et émue de cette réalisation originale, solidaire et durable qui devrait continuer à évoluer et se réinventer. « On est unanime à dire qu’on se sent bien dans ce lieu. Il est très chaleureux », assurait Vincent Péchaud, directeur de la Smalah.