Le 23 novembre, le foyer rural de Lesperon a réuni élus, professionnels, habitants et institutionnels pour débattre des enjeux liés à la gestion et à la préservation du foncier, une ressource précieuse et très convoitée en Haute Lande. Choisi pour son dynamisme, le village incarne ces défis avec la revitalisation de son centre-bourg, notamment à travers la transformation d’un bâtiment en épicerie, et la réhabilitation de sa friche industrielle. Mais « comment récupérer les friches pour développer de nouvelles actions économiques ? », questionne Jérôme Baylac-Domengetroy, président du Pays morcenais, soulignant l’importance de trouver des solutions concrètes.
Mobiliser les friches industrielles
Si pour la chambre de commerce et d’industrie (CCI), l’aménagement des friches est une véritable opportunité pour maintenir une offre foncière aux entreprises, la problématique reste « la valeur foncière et la concordance des temps », indique Laurent Bernadet, son vice-président, citant en exemple les 20 ans nécessaires pour la réhabilitation d’une friche comme Adidas-Bellocq à Saint-Vincent-de-Tyrosse.
Selon lui, la question de la propriété foncière demeure plus globalement un obstacle, avec des propriétaires parfois réticents à vendre. « Les collectivités doivent privilégier des bâtiments convertibles et assurer une maîtrise foncière pour pouvoir réaffecter les locaux en cas de cessation d’activité », estime-t-il. Une réflexion concertée pourrait aussi permettre de définir la manière d’aménager les parcs d’activité afin d’éviter une saturation rapide. « Ils auront une valeur essentielle dans le développement et l’accueil des entreprises de demain. » La CCI appelle enfin à associer les entreprises aux programmes d’aménagement et rapporte l’inquiétude des industriels face à la problématique de l’objectif Zéro artificialisation nette (ZAN) fixé par la loi Climat et résilience.
Stratégies et outils fonciers
Face à l’urgence d’adapter les aménagements aux mutations rapides de la société, Cyril Gayssot, conseiller départemental, plaide pour une décentralisation accrue et des outils innovants comme le BRS industriel (Bail réel solidaire) pour dissocier foncier et bâti. « Sur le logement on connaît le BRS, sur les petites activités commerciales le BRSA, pourquoi pas le BRS Industriel ? » Il met aussi en avant l’efficacité des syndicats mixtes pour structurer l’économie et le tourisme landais.
Les artisans majoritairement installés dans les centres-bourgs ou en zones d’activité économique (ZAE) affrontent eux aussi de nouveaux défis. Frédéric Bouyssi, directeur territorial de la chambre de métiers et de l’artisanat, souligne que « 80 % des immatriculations sont des auto-entrepreneurs », nécessitant un accompagnement renforcé pour booster leur visibilité. De leur côté, les indépendants installés en zone résidentielle se tournent de plus en plus vers des tiers-lieux et espaces de coworking par besoin de lien social, observe Cécile Marsan, directrice de la coopérative Co-actions.
Pour les collectivités, Ludovic Vaysse, élu en Cœur Haute Lande, recommande le bail à construction pour maîtriser le foncier et freiner la prolifération des bâtiments photovoltaïques dans les ZAE, tandis que Xavier Fortinon, président du Département, invite à élargir les efforts aux 95 % d’entreprises hors ZAE, tout en valorisant l’économie sociale et solidaire (ESS), essentielle pour le développement économique et le maillage territorial.
Concertation, anticipation et maîtrise foncière apparaissent comme des leviers clés pour relever les défis du ZAN et favoriser un développement économique durable, alliant optimisation des ressources, lutte contre la spéculation et création d’espaces adaptés.
Haute Lande en chiffres
42 000 habitants – 4 intercommunalités (12 habitants/km²)
12 500 emplois créés en 5 ans
8 800 habitants travaillent et vivent dans leur commune
10 bassins de vie, dont 8 liés à des pôles extérieurs
Zones d’activités économiques (ZAE)
80 ZAE couvrant 890 hectares
111 hectares publics disponibles
261 hectares privés non occupés
10 hectares réservés
9 hectares pour l’habitat
70 000 m² de bâtiments inoccupés
Seulement 4,2 % des entreprises privées y sont implantées
Prix du foncier : 5 à 35 €/m²
Surface moyenne : 6 000 m²
Centres-bourgs
Loyer boutique : 80,7 à 95,50 €/m²/an
Loyer bureau : de 100 à 113,50 €/m2/an
Espaces diffus
77 % d’espaces forestiers, 18 % d’espaces agricoles
12 % des installations photovoltaïques et 41 % de la puissance photovoltaïque raccordée du département