Deux ans et demi après le début des travaux, les premiers appartements sont livrés en ce début décembre. Au total, dans les trois bâtiments situés à côté de la mairie, 108 logements : 33 en locatif social gérés par le bailleur social départemental XL Habitat et 75 en accession à la propriété sous bail réel solidaire (BRS) portés par le Comité ouvrier du logement (COL), basé à Anglet (Pyrénées-Atlantiques), les deux organismes s’étant associés sur ce projet via une Société civile de construction vente (SCCV).
Les Annonces landaises : En quoi ce projet engagé avec XL Habitat et la mairie de Tarnos est-il inédit ?
Imed Robbana : Il y a plusieurs aspects intéressants. D’abord, le travail de pédagogie qui a été fait pour faire accepter la densité. C’est un élément très important, beaucoup de projets avaient jusqu’ici été bloqués par des recours ; au-delà du R+3 c’était compliqué, alors en R+5… La Ville a fait un travail en amont pour expliquer l’intérêt de monter des étages le long du Trambus qui arrive désormais jusqu’ici pour relier le BAB (Bayonne-Anglet-Biarritz). Densifier ici, ça permet aussi de rester tranquille plus loin. Nous avons intégré beaucoup de T4 et T5 pour apporter la qualité de la maison dans du collectif, avec l’avantage d’être en centre-ville.
On a voulu faire de cet ensemble un lieu de vie, pas juste un projet immobilier, autour de l’économie sociale et solidaire (ESS), de la mobilité, des jardins partagés, de la culture avec une salle de spectacle [dont les portes conservent les œuvres de l’exposition dédiée au street-artiste Banksy dans l’immeuble en chantier cet automne, NDLR]. Bref de l’habitat participatif où les habitants qui ont été associés au projet dès le départ, viennent habiter et vivre les lieux, pas juste dormir. À terme, avec les projets de résidences à côté, ce sera plus de 300 logements sur le quartier, c’est-à-dire une des projets participatifs les plus importants en France. À cette échelle-là, ça n’existe pas.
LAL : Un rooftop avec snack-bar ouvert à tous, ce n’est pas commun dans une résidence sociale…
I. R. : C’est ce qui est aussi assez unique. Dans une gestion globale réfléchie ensemble, la Ville a souhaité être propriétaire de toits-terrasses pour les ouvrir à tous les Tarnosiens et leur offrir la possibilité d’aller voir en même temps l’océan et les montagnes au dernier étage avec notamment ce snack-bar [qui sera géré par le restaurant coopératif du rez-de-chaussée, NDLR]. La vue est assez incroyable de là-haut, jusqu’aux Pyrénées.
LAL : Comment se finance un tel projet avec des tarifs à quasiment moitié prix du marché ?
I. R. : On a plutôt l’habitude de voir des reportages sur des écoquartiers ambitieux avec des prix tellement élevés qu’ils sont réservés aux classes supérieures. Là, c’est un projet 100 % social. On ne dit pas qu’on a créé la cité idéale mais nous y créons en tout cas les conditions du lien social. Côté financement, c’est tout le savoir-faire du COL, il y a énormément de paramètres sur lesquels on arrive à agir parce qu’on travaille main dans la main avec nos partenaires et la commune qui a fait un effort sur le prix du foncier comme le terrain lui appartenait. Il y a toute une alchimie rendue possible aussi par la co-construction avec les techniciens de la Ville de Tarnos, leurs jardiniers, etc. C’est aussi toute une intelligence politique qui fait qu’on aboutit à un projet comme celui-là. Tous les ingrédients sont désormais là pour que ça vive le mieux possible.
En chiffres
Dans ce projet à 27 millions d’euros, le prix de vente moyen des appartements est à 2 840 euros/m², à 45 % en dessous du prix du marché, avec clause anti-spéculative à la revente. T2 à partir de 121 000 euros, T3 dès 170 000 €, T4 dès 228 000 € et T5 à partir de 265 000 €.
À Grândola dont le nom renvoie aux paroles d’une chanson associée au retour de la démocratie au Portugal et à la fraternité entre les habitants de cette ville du sud du pays, tous les deux et trois pièces ont été vendus en un temps record. Il reste sept T4 et T5 à vendre sur les 36 grands logements prévus : « Beaucoup de personnes retraitées voulaient acheter ces grandes surfaces, mais on s’attelle à trouver des familles avec enfants », relève Jean-Baptiste Darroquy, responsable commercial du COL. « La famille de base veut une maison et a du mal à faire le deuil que la maison n’existe plus, avec des prix inaccessibles localement et la perspective de la loi ZAN (Zéro artificialisation nette). Les grandes terrasses privées et les espaces verts pour tous font qu’on peut quasiment se sentir ici comme dans une maison. Il faut convaincre les familles de faire le pas. »
Alors que 500 Tarnosiens sont en attente de logement social et que le nombre total de demandes est de 2 000 selon la mairie, de nouvelles résidences sociales sont en projet et la commune qui compte 1 350 logements sociaux, vient de signer un contrat de mixité sociale avec l’État pour passer d’ici 2027, de 22 à 25 % de logements sociaux (quota de la loi SRU).