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Fibre optique – Le point sur l’aménagement numérique des Landes et la fin du cuivre

La 2e édition des Trophées de la fibre dans les Landes a mis à l’honneur l’implication des acteurs locaux dans l’adoption de la fibre optique. L’occasion d’aborder la fin du réseau cuivre (et donc de l’ADSL), opération progressive qui démarrera dans le département fin janvier 2026. On décrypte le calendrier et les enjeux de ce gros chantier, indissociable des couacs liés à la fibre.

70 élus environ ont assisté aux Trophées de la fibre dans les Landes, l'occasion d'évoquer les problèmes auxquels ils peuvent être confrontés dans leur commune avec le déploiement de la fibre optique. © Élodie Vergelati

C’est devant une assemblée d’élus extrêmement concentrés, et parfois inquiets, qu’ont pris place, le 14 novembre, dans un salon du Stade montois rugby, les directeurs respectifs d’Orange cuivre, du Sydec et de l’opérateur privé Altitude Infra. Au menu du jour, un sujet capital pour tous les maires des petites communes landaises : la fin programmée du réseau cuivre, qui fournit encore à certains foyers la téléphonie fixe et internet en ADSL, au profit de la fibre optique, conformément au plan national France très haut débit qui vise un pays entièrement fibré fin 2025. Dans les Landes, quatre ans après le lancement du déploiement de la fibre, Laurent Civel se félicite du bilan. « En mars 2024, si je prends les chiffres de l’Arcep, seule autorité valable pour les statistiques, nous étions à 85 % de taux de couverture en fibre du territoire landais, avec des pointes à certains endroits qui dépassent les 95 %, voire 98 %. Pour le Sydec, c’est 115 000 prises qui ont été construites en quatre ans, 118 000 prises pour Altitude Infra », résume le directeur général du syndicat d’équipement des communes landaises. Dans le détail, ce partenariat public-privé entre le Sydec et Altitude Infra a permis le déploiement de plus de 230 000 prises dites éligibles. Cela signifie qu’elles peuvent être raccordées mais qu’elles ne le sont pas nécessairement. En effet, le taux de pénétration de la fibre dans les Landes est de 51 % (source : Altitude Infra et Sydec). La moitié des prises sont effectivement raccordées.

La fin du cuivre à partir de 2026

L’enjeu de la poignée d’années à venir consiste à atteindre l’objectif que 100 % des Landaises et des Landais soient non seulement raccordables mais aussi raccordés à la fibre optique, avant que devienne obsolète l’ADSL. Car la dépose du réseau cuivre, historiquement détenu par Orange, répond à un calendrier précis, et à une logique géographique de lots. Il existe, à l’échelle nationale, un total de huit lots, avec la coexistence de plusieurs lots au sein d’un même département. Chaque lot englobe « des grappes de communes, pour éviter l’effet gruyère », illustre Xavier Terraube, directeur des programmes Orange cuivre. Ainsi, pour les Landes, certaines communes appartiennent au lot 3, d’autres appartiendront au lot 4 (la liste officielle n’est pas encore connue), d’autres au lot 5 et ainsi de suite, jusqu’au lot 8. Pour chaque lot, la fermeture se fait en deux temps : d’abord une fermeture commerciale, ce qui signifie qu’un opérateur n’a plus le droit de proposer une offre de connexion ADSL, puis une fermeture technique « qui intervient un an plus tard », souligne Xavier Terraube.

Pour le département, la fermeture commerciale du lot 3 interviendra le 31 janvier 2026, et la fermeture technique le 31 janvier 2027. Petite subtilité pour le lot 4 : sa fermeture commerciale aura lieu au même moment que celle du lot 3, et sa fermeture technique sera repoussée au 31 janvier 2028, deux ans plus tard. Le chantier de dépose industrielle du cuivre, qui concernera « des câbles à la fois en conduite et en aérien » ne sera réellement visible dans le paysage landais qu’« au deuxième semestre 2027, voire au 1er semestre 2028 », estime Xavier Terraube. « Ça va être un très gros chantier. On a un appel d’offres qui va arriver en 2025 avec un cahier des charges et des partenaires industriels qui seront sélectionnés pour voir comment ils pourront déposer tous ces équipements. »

De gauche à droite : Arnaud Van Troeyen, directeur général d’Altitude Infra, Laurent Civel, directeur général du SYDEC, et Xavier Terraube, directeur des programmes Orange cuivre, ont animé une table ronde sur la fin du réseau cuivre dans les Landes. © Élodie Vergelati

Communiquer à bon escient

Et que se passerait-il si l’ADSL disparaissait dans des communes où la fibre n’est pas réellement accessible à tous ? Le scénario est impossible, s’emploie à rassurer Orange. « Dans les critères fixés par l’Arcep, c’est une condition sine qua non. Il faut qu’au moment où arrive la fermeture du réseau cuivre, on ait du 100 % fibre, en dehors de certains logements qui sont bloqués par des refus tiers. Et si une commune, au moment où arrive l’échéance, n’était pas à 100 %, alors elle serait reportée sur le lot d’après », déroule Xavier Terraube, tout en insistant sur la nécessité d’aller chercher les derniers réfractaires à la bascule vers la fibre. À charge aussi aux opérateurs commerciaux de jouer leur rôle. « Ce sont eux qui doivent aller voir leurs clients cuivre pour leur proposer des solutions de migration vers la fibre. Et si la fibre n’est pas disponible, il y a le satellite ou les réseaux mobiles, avec des offres 4G ou 5G qui existent aujourd’hui pour fournir de la data. »

Orange et ses partenaires s’appuient sur une campagne de communication auprès des élus locaux pour préparer le terrain en douceur. Une douceur opportune, tant le chemin vers la fibre optique peut être jonché d’épines. Dans l’assemblée, plusieurs édiles prennent la parole pour dénoncer des délais de maintenance trop longs en cas de problème. « Il a fallu attendre deux mois et demi pour qu’Orange vienne réparer un poteau électrique défectueux », s’agace une maire. « Ce serait bien de remplacer les poteaux penchés, ceux qui tiennent par des fils ! », alerte un autre élu. « On fait de la maintenance préventive, tous les poteaux sont audités à intervalles réguliers », répond Xavier Terraube.

Le cas des raccordements complexes

Autre problème majeur soulevé par les maires, et qui cristallise le mécontentement de leurs administrés, celui des raccordements dits complexes. Un euphémisme, pour décrire une situation particulièrement frustrante : quand une prise est installée mais qu’il est techniquement impossible de la raccorder au réseau. L’équivalent du gâteau qui trône sur la table et qu’on n’a pas le droit de goûter. « Des raccordements complexes, on en a plein sur la commune ! », s’exclame le maire de Goos, Patrick Laborde. « Qu’est-ce que vous allez faire ? Où allez-vous trouver l’argent ? » s’enquiert-il. « On travaille avec Altitude Infra pour apporter une réponse équitable et univoque sur le territoire landais. On a fait du gros pendant quatre ans, là on va dans le détail. On va vers des personnes qui, aujourd’hui, ne sont pas connectables parce que la technique ne le permet pas. Donc il faut à la fois régler la technologie et l’aspect financier des choses, afin de ne laisser personne de côté. On ne peut pas traiter un Landais différemment d’un autre », martèle Laurent Civel.

Problème d’argent

Mais combien de Landais sont concernés, au juste, par ces raccordements complexes ? « On estime que ça concerne 6 000 prises, donc deux personnes par foyer, ça fait 12 000 personnes », calcule le directeur général du Sydec. L’écueil est double. « C’est un sujet techniquement difficile et c’est un enjeu essentiellement financier », pose Arnaud Van Troeyen. « Comment paie-t-on ces raccordements qui sont plus longs, plus difficiles d’accès que ce qui avait été anticipé au moment de la signature du contrat ? On va s’occuper de chacun. Une solution sera trouvée pour chacun », insiste le directeur général d’Altitude Infra, pour qui le déploiement de la fibre dans les Landes a représenté un investissement sur fonds propres de 175 millions d’euros. « On a des réunions programmées avec le Sydec pour régler ce problème », poursuit-il. Du côté du Sydec, on reste prudent : « Pour l’instant, nous n’avons aucune solution, donc il faudra bien trouver l’argent quelque part. Il faudra que certains d’entre nous fassent l’effort, que ce soit les collectivités, les partenaires privés ou autre, puisqu’aujourd’hui l’État est silencieux sur ce sujet », prévient Laurent Civel.

TROPHÉES DE LA FIBRE, LE PALMARÈS

La deuxième édition des Trophées de la fibre dans les Landes a permis de mettre en avant les nombreuses initiatives en matière de transition numérique. Ont été récompensées : les communes de Bascons, Saint-André-de-Seignanx, Aubagnan, Garrey, Clermont et Ozourt, pour leur adoption exemplaire de la fibre ; Altitude Infra construction et les équipes de terrain du Sydec pour leur collaboration pendant quatre ans ; la communauté de communes du Pays d’Orthe et Arrigans pour sa coordination avec le Sydec et PIXL ; Nadège Lalanne, conseillère numérique de la communauté de communes des Terres de Chalosse, pour son accompagnement des seniors dans le numérique ; et l’association Bois et services pour son programme numérique auprès des publics précaires.