Couverture du journal du 06/04/2024 Le nouveau magazine

Fermiers du Sud-Ouest : nouvelle stratégie

Depuis juillet 2022, Fermiers du Sud-Ouest est une entreprise détenue à 100 % par le groupe coopératif landais Maïsadour. Cette reprise en main ouvre de nouvelles perspectives commerciales au troisième acteur français sur le marché de la volaille Label Rouge.

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© Maïsadour

Dans le film d’animation « Chicken Run », Ginger est une intrépide poulette qui tente de faire échapper toutes ses congénères de la basse-cour pour leur éviter de finir à la casserole. Assez ironiquement, l’héroïne à plumes imaginée par les studios Aardman est aussi devenue l’égérie de Fermiers du Sud-Ouest (FSO). Le troisième acteur français sur le marché de la volaille Label Rouge a en effet décidé de donner son nom à sa nouvelle stratégie d’entreprise !

« Ginger est téméraire et audacieuse, et n’a de cesse de trouver des solutions à ses problématiques, souligne Paul Le Bars, directeur de Fermiers du Sud-Ouest. Nous avons souhaité en faire l’emblème du renouveau et de la transformation chez FSO. »

Créée en 2010 et basée à Saint-Sever, Fermiers du Sud-Ouest était à l’origine codétenue par Maïsadour et Terrena (Loire-Atlantique). Mais au fil des années, la vision des deux coopératives a cessé de converger. Maïsadour a donc décidé de prendre le contrôle total de l’entreprise. C’est chose faite depuis juillet 2022. « Pour nos équipes, c’est vraiment une bonne nouvelle, assure Paul Le Bars. Avoir un actionnaire unique simplifie les relations et nous a amenés à revoir notre organisation et nos ambitions. »

Paul Le Bars, directeur de Fermiers du Sud-Ouest

Paul Le Bars, directeur de Fermiers du Sud-Ouest © Fermiers du Sud-Ouest

TROIS OBJECTIFS AFFICHÉS

Le programme Ginger vise, à l’horizon 2026, à « transformer FSO dans un contexte économique et sanitaire de plus en plus chahuté ». L’exercice 2021-2022 a été particulièrement impacté tant par « la flambée historique » des coûts de production (conséquence de la guerre en Ukraine et de l’inflation) que par le quatrième épisode consécutif d’influenza aviaire.

« Cette situation a été frustrante pour les salariés, car notre activité était particulièrement bien orientée en début d’exercice. Mais ce que je retiens de toutes ces épreuves, c’est la mobilisation de tous nos collaborateurs pour trouver des solutions. » Afin de pérenniser l’entreprise, tout en répondant aux contraintes financières et aux attentes sociétales et environnementales d’aujourd’hui, FSO s’est fixé trois objectifs : rester compétitive sur un marché en croissance, redéfinir son identité économique et sociale, et optimiser son organisation.

RECONQUÊTE DU MARCHÉ

« Il n’est pas question pour nous de devenir le leader français de la volaille », précise Paul Le Bars. Le groupe LDC (3,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires en volailles) et Galliance (1 milliard d’euros) paraissent de toute façon inatteignables pour l’entreprise landaise qui réalise 200 millions d’euros de chiffre d’affaires. « Mais plus l’éléphant est gros, plus il y a de la place entre les pattes ! », sourit le directeur. Si elle ne vise donc pas à dominer le marché français de la volaille, l’entreprise ambitionne en revanche de devenir leader des volailles haute qualité du Sud-Ouest.

Pour cela, elle compte s’attaquer à la reconquête du marché intérieur menacé par les importations. « Le poulet reste la viande préférée des Français, mais actuellement 51 % de cette consommation est issue de l’importation. » Les équipes commerciales vont donc s’atteler à consolider le réseau BCTR (bouchers, charcutiers, traiteurs, rôtisseurs) sur lequel FSO est leader historique avec 3 000 magasins livrés chaque semaine. Elles vont aussi conforter les places de l’entreprise en grandes et moyennes surfaces grâce au relancement, début 2023, de la marque St Sever.

Mais leur plus gros défi sera de développer de nouveaux marchés : la vente directe aux consommateurs et les circuits hors domicile, comme la restauration et l’industrie.

Trois objectifs : rester compétitif sur un marché en croissance, redéfinir son identité économique et sociale, et optimiser son organisation

BIEN-ÊTRE ANIMAL

Cette reconquête commerciale passe par une réponse accrue aux attentes de la clientèle. Une offre en produits élaborés est notamment prévue pour répondre à un segment de marché en croissance. Mais il s’agit aussi de prendre en compte les préoccupations des consommateurs en matière de bien-être animal et de respect de l’environnement. Avec leurs modes d’élevage en plein air ou en liberté et leur alimentation produite localement, les volailles de FSO ont de solides atouts à faire valoir. Reste à le faire savoir. En 2018, l’entreprise s’est associée avec l’enseigne Casino et trois ONG pour développer le premier étiquetage en France sur le bien-être animal. D’ici fin 2023, FSO déploiera cet étiquetage sur l’ensemble de ses produits, toutes enseignes confondues.

PERFORMANCE

Pour rester compétitive, FSO parie à la fois sur les hommes et les femmes qui travaillent pour elle, et sur ses outils industriels. « Nous voulons améliorer la qualité de vie au travail pour attirer de nouveaux talents et conserver ceux que l’on a déjà. Et nous souhaitons investir dans des équipements performants. »

Le ton est déjà donné. Sur l’exercice écoulé, les deux abattoirs gersois ont bénéficié d’améliorations. Un million d’euros ont été injectés dans l’agrandissement du site de Saramon. Les 500 m2 supplémentaires ont permis de réorganiser les flux de produits et ainsi de gagner en performance. La modernisation du site de Condom a pour sa part coûté 15 millions d’euros. Désormais, il peut produire jusqu’à 250 000 poulets par semaine et répondre à toutes les demandes clients qui souhaitent des produits découpés. Les nouvelles installations renforcent l’ergonomie des postes pour les salariés et répondent à des exigences en matière de sobriété énergétique de l’usine.

Concernant les investissements futurs, FSO travaille sur une solution alternative à l’euthanasie des poulets qui sera déployée sur l’ensemble de ses sites à l’horizon 2025-2026.

« Bouger, changer, transformer, réussir… Ce sont les maîtres-mots de notre nouvelle politique d’entreprise, conclut Paul Le Bars. Et grâce au soutien de notre actionnaire unique, nous sommes armés pour prendre un nouvel élan sur les années à venir. »

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Avec leurs modes d’élevage en plein air ou en liberté et leur alimentation produite localement, les volailles de Fermiers du Sud-Ouest ont de solides atouts à faire valoir © Maïsadour

FERMIERS DU SUD-OUEST EN CHIFFRES

3 bassins de production : Landes, Périgord et Gers

5 sites d’abattage : Saint-Sever et Pontonx-sur-l’Adour dans les Landes, Saramon et Condom dans le Gers et Terrasson dans le Périgord

200 millions d’euros de chiffre d’affaires

40 000 tonnes de volailles mises en marché

772 salariés

8 marques : IGP Landes, IGP Gers, IGP Périgord, St Sever, Marie Hot, Le Gemmeur, Poulet d’ici, Les Produits du Peyriguet