De l’idée à la concrétisation, il aura fallu presque 10 ans de travail pour que le magasin paysan Ferm’Avenir voie le jour dans la zone de Souspesse, à Saint-Martin-de-Seignanx. Fin 2014, sur fond de crise agricole, neuf agriculteurs et agricultrices du sud des Landes, du Béarn et du Pays basque décident de s’associer pour mieux vivre de leurs productions. Mais ce n’est que depuis le 9 avril dernier que leur surface de vente de 280 m² a ouvert. « Entre-temps, il a fallu mûrir le projet, monter les dossiers administratifs, trouver le terrain et les financements, faire le dos rond pendant le Covid et montrer patte blanche aux services vétérinaires pour obtenir toutes les autorisations nécessaires… tout en continuant de faire tourner nos fermes », sourit Franck Brédé, agriculteur à Sainte-Marie-de-Gosse et président du groupement des producteurs investis dans l’aventure.
Avant cela, tous pratiquaient déjà la vente directe dans leur ferme respective. C’est pour attirer plus de clientèle qu’ils ont décidé de regrouper leurs productions et de proposer une offre complète au même endroit. « Cela nous permet également de répondre aux demandes des collectivités locales et de mutualiser les outils de transformation. » Le magasin abrite en effet un laboratoire bénéficiant de l’agrément européen pour travailler avec les collectivités. Il permet de découper la viande, préparer des plats cuisinés, stériliser et mettre en conserve les préparations sur place.
UN MILLIER DE RÉFÉRENCES
Dans les rayons, un millier de références se côtoient. Livrées chaque matin, la plupart sont issues des exploitations des associés : viandes, fruits, légumes, volailles, soupes, jus, confitures… Une petite centaine d’apporteurs de Nouvelle-Aquitaine et d’Occitanie complètent la gamme avec du poisson, du riz, de l’huile de colza, du vin de Jurançon, de la farine…
Triés sur le volet, ils doivent être producteurs en agriculture raisonnée a minima et fournir des produits sains et de qualité. « C’est important de bien manger. La nourriture, c’est notre première sécurité sociale ! » Si le magasin prend une marge de 30 % pour distribuer leurs marchandises, ils ont toute latitude pour fixer leurs prix eux-mêmes, afin d’être rémunérés à leur juste valeur. L’absence d’intermédiaire doit également permettre d’assurer des tarifs plus justes aux consommateurs.
RENOUER LE LIEN ENTRE PRODUCTEURS ET CONSOMMATEURS
Ouvert du mardi au samedi de 9 h à 19 h, le magasin tourne grâce à une équipe de huit salariés : un directeur, deux bouchers préparateurs, un responsable de la conserverie, un poissonnier et trois opérateurs de caisse. Si à terme, Ferm’Avenir ambitionne de doubler ses effectifs, une chose ne changera pas : les permanences assurées par les agriculteurs associés. Chaque jour, à tour de rôle, deux à trois d’entre eux sont présents en magasin afin de renouer le lien entre producteurs et consommateurs. « Mettre en avant notre métier, c’est aussi ce qui nous a poussés à concrétiser ce projet. »
Sans compter que l’équipement constitue un outil performant pour pérenniser l’activité agricole et sécuriser la transmission aux générations suivantes. Si le plus jeune des associés a 28 ans, les plus âgés ont dépassé la cinquantaine et entendent bien assurer un avenir à leur ferme grâce à Ferm’Avenir.
Un investissement largement soutenu
La construction du magasin Ferm’Avenir a coûté 2,2 millions d’euros. Le projet a obtenu le soutien financier de l’État dans le cadre du programme France Relance (586 000 euros), de la Région Nouvelle-Aquitaine via son plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles (135 000 euros), de l’aide à l’investissement immobilier des entreprises du conseil départemental des Landes (105 000 euros), du programme Leader de l’Union européenne (50 000 euros) et de la commune de Saint-Martin-de-Seignanx (7 000 euros).
Une zone à fort potentiel
C’est dans la zone d’activités de Souspesse, entre Ondres et Saint-Martin-de-Seignanx, que le magasin Ferm’Avenir a pris place. Situé à proximité des exploitations des agriculteurs associés (entre 8 et 40 km), l’emplacement offre un potentiel de développement important. « La zone commence à s’ouvrir, indique Franck Brédé, président du groupement des producteurs. Elle compte déjà 250 salariés et à terme 1 200 sont attendus. Par ailleurs, 8 000 véhicules circulent chaque jour sur la départementale toute proche. » Les premiers retours sont en tout cas très positifs. Depuis son ouverture, le magasin accueille en moyenne 300 personnes par jour.