Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

Eurosima : surfer sur l’innovation

À l’occasion de l’Eurosima Surf Summit, à Hossegor, les 13 et 14 octobre, la filière glisse qui pèse 4 000 emplois en Nouvelle-Aquitaine, a montré sa capacité à se renouveler, elle qui bénéficie d’un avantage certain grâce au « triangle magique sport-nature-santé ».

Jean-Louis Rodrigues, président d'Eurosima

Jean-Louis Rodrigues, président d'Eurosima © Xavier Ges

Pas de Quiksilver & Roxy Pro France cet automne à la suite de l’annulation par la World Surf League (WSL) de la compétition mondiale sur la côte sud des Landes, pour des raisons économiques. À défaut de réunir les meilleurs surfeurs de la planète sur les vagues d’Hossegor, le week-end de la mi-octobre a tout même été consacré à la culture surf avec des concerts, démonstrations, et compétitions locales via les marques du groupe Boardriders.

LA DIFFICULTÉ DU MADE IN FRANCE

L’Eurosima, l’association européenne des industriels des action sports qui fédère 180 adhérents de la glisse (1,8 milliard d’euros de chiffre d’affaires), a également conservé la date de son congrès annuel où, pour la 21e édition de son Surf Summit, 350 participants étaient réunis au Sporting casino d’Hossegor.

Et au fil des conférences avec des majors présentes (Rip Curl, O’Neill…) et des start-ups en démonstration, ici, un leitmotiv : le secteur, porté par le textile, parie toujours plus sur le numérique, l’innovation et la RSE (responsabilité sociétale des entreprises). Voire le made in France, comme en a témoigné Emmanuel Debruères, PDG d’Oxbow, basée à Mérignac (Gironde). « C’est très compliqué de produire en France, mais si nous, marque française, ne faisons pas l’effort de produire tout ou partie ici, personne ne le fera », a-t-il lancé. Depuis janvier 2022, Oxbow a mis sur le marché des produits fabriqués en France, et même made in Capbreton via l’atelier DSL Tex, pour une cinquantaine de références sur les 700 de la collection.

« C’est infiniment petit par rapport à notre chiffre d’affaires global, mais cela représente 10 % de notre activité dans nos boutiques », souligne le dirigeant. Et d’évoquer « un sentiment d’entreprise citoyenne : après les larges subventions reçues pendant la crise Covid, il faut jouer le jeu national », même si cela coûte trois fois plus cher à produire. Avantage : « En produisant en France avec des matières françaises, on limite l’empreinte écologique. »

 

DES MAILLOTS EN 100 % RECYCLÉ

Au-delà de la difficulté de produire français – un projet est en cours sur Peyrehorade avec l’entreprise adaptée FMS et des marques de glisse -, les grandes compagnies du surf business se sont engouffrées, depuis de nombreuses années, dans les produits écoresponsables. Des maillots de bain femmes ou des boardshorts sont fabriqués en matière 100 % recyclée chez le géant Boardriders notamment. Billabong a été un des premiers à arrêter les poches plastique dans ses magasins. Des marques travaillent à des solutions de substituts durables au néoprène des combinaisons. « Nous sommes tous très conscients de tout cela, notre terrain de jeu est la mer qu’on veut préserver. Des choses sont faites depuis longtemps par les marques de surf, mais on ne le faisait pas savoir de manière assez forte, explique Jean-Louis Rodrigues, président d’Eurosima.

Dans la période post-Covid, le triangle magique entre le sport, la nature et la santé fait qu’on a la chance de se trouver au bon endroit vis-à-vis des valeurs. » Résultat, les ventes continuent de progresser, avec sur les 12 derniers mois, des augmentations de chiffre d’affaires sur le secteur action sports de 10 à 15 % sur le textile (quand le secteur en général est plutôt en légère baisse), de 5 à 7 % sur la partie matériel. Et toujours des ventes en ligne en hausse, représentant aujourd’hui 10 à 15 % du chiffre d’affaires des marques de surf (contre 40 % pour Nike en 2021 par exemple).

Sur les 12 derniers mois, le chiffre d’affaires sur le secteur action sports a augmenté de 10 à 15 % sur le textile

APPEL À PROJETS INNOVATION

Le développement durable et l’économie circulaire sont « des piliers de la stratégie d’Eurosima, et l’écoresponsabilité des produits doit aujourd’hui être l’essence même des futures marques », assure le président. Dans les nouvelles entreprises qu’accompagne le cluster, ces enjeux comme ceux du numérique, sont en effet prégnants, comme en témoigne le l’appel à projets innovation Eurosima auquel ont, entre autres, participé, Sealocker (le gagnant, voir page 8) et sa plateforme connectée pour la location de planches, My-Sessions qui met en relation surfers et photographes amateurs pour acheter ses meilleurs clichés sur la vague, Woody Van et ses vans aux aménagements en bois 100 % écoresponsable, ou encore Wyve et ses planches biosourcées, imprimées en 3D.

Des start-ups qui sont parfois hébergées au Pays basque avec la pépinière d’entreprises du technopôle Olatu Leku, à Anglet, spécialisé dans les action sports et géré par la chambre de commerce et d’industrie (CCI) Bayonne Pays basque et l’école d’ingénieurs, Estia.

Lors du congrès d’Eurosima, des élus de la communauté de communes Maremne Adour Côte Sud (Macs) sont venus appuyer la future pépinière de la zone d’activités Pédebert à Soorts-Hossegor, haut-lieu du surf business. « Le projet continue. C’est une de mes actions fortes en tant que président d’Eurosima, il y a pas mal de pression pour qu’elle voit le jour. On en est à la phase architecturale, pour une ouverture dans 24 à 36 mois », assure Jean-Louis Rodrigues.