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[ Dossier sauvetage côtier ] Stéphanie Barneix : le sauvetage dans la peau

Des podiums du monde entier aux plages du littoral landais Stéphanie Barneix incarne le sauvetage côtier, discipline dont elle est tombée amoureuse à 18 ans et qui a guidé le cours de sa vie.

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Stéphanie Barneix supervise le recrutement et la formation des nageurs sauveteurs du littoral landais pour le Syndicat mixte de gestion des baignades landaises © Xavier Ges

S’il fallait citer une personne qui incarne le sauvetage côtier dans les Landes, depuis plus de 20 ans, Stéphanie Barneix arriverait très certainement encore une fois sur la première marche du podium. Le sauvetage, côté compétition, où elle peut afficher un palmarès des plus prestigieux, dont un titre de championne du monde en 2000, mais le sauvetage aussi dans son application concrète et professionnelle, l’été sur les plages, puisqu’elle supervise le recrutement et la formation des nageurs-sauveteurs du littoral landais, en tant que chargée de mission auprès du Syndicat mixte de gestion des baignades landaises (SMGBL). Un sport physique en communion avec l’océan et l’environnement, une discipline faite d’altruisme et de dépassement de soi qui était faite pour elle et qu’elle a contribué à populariser aux antipodes de la terre-mère d’Australie. Le sauvetage côtier qui a marqué un véritable tournant dans sa vie, l’a construite en tant qu’athlète, a tracé son parcours professionnel et au-delà, sur un plan très personnel, lui a forgé un mental propre à affronter des défis hors normes mais aussi à combattre quatre cancers.

« SAUVER DES GENS »

Et pourtant cela ne fait pas partie de la légende de rappeler que cette Montoise qui a vécu à Grenade-sur-l’Adour et appris à nager en trois leçons dans une piscine qui porte aujourd’hui son nom, n’a découvert l’océan qu’à l’âge de 15 ans. Après une overdose de compétitions en piscine, elle ne consent à remettre un orteil dans l’eau que pour aller surveiller les plages, l’été, après avoir passé comme d’autres jeunes de son âge un Brevet national de sécurité et sauvetage aquatique (BNSSA). C’était en 1993 à Vieux-Boucau, elle avait 18 ans. « Parce qu’à la base je voulais sauver les gens. »

« Sauver des gens », c’est aussi cette dimension qui l’a séduite dans cette nouvelle discipline importée d’Australie à Hossegor, par Jean-Pierre Arbouet alias « Popeye ». « C’est là que commence ma deuxième vie : le sauvetage. Je suis tombée amoureuse de ce sport qui permet d’évoluer en milieu naturel, où il n’y a jamais les mêmes épreuves, les mêmes conditions avec en fond cette mission de secours. Et il m’a permis tellement de rencontres, de découverte de cultures différentes, à l’autre bout du monde. »

UNE CULTURE À IMPORTER

En Australie où elle s’entraîne, elle découvre une véritable culture du sauvetage. Elle visite des écoles où des enfants de 10 ans savent déjà pratiquer des gestes de réanimation. Tout cela infuse dans le cerveau de la compétitrice qui rêve d’importer de telles pratiques. C’est une époque où elle apprend aussi à aller à la rencontre des sponsors locaux et monter des dossiers pour financer son parcours d’athlète dans une discipline alors peu connue. Une bonne école pour cette bosseuse qui n’en finit pas de rafler des médailles, tout en songeant à sa vie d’après. « Trouver un métier qui m’apportera autant de choses, je me dis que ça va être difficile. » Nous sommes au début des années 2000, elle décroche peu à peu de la compétition, et signe un contrat au comité national de sauvetage. La mairie de Capbreton lui propose de cogérer le camping de la Civelle avec son mari Walter Geyer. Une nouvelle expérience formatrice, dans la cité portuaire où ils créent le club de sauvetage côtier en 2003.

« CÂBLÉE PERFORMANCE »

« Quand on est câblée performance, on apprend à aller d’un objectif à un autre, relever un défi après l’autre. » Et quel défi que de vouloir combattre cette statistique affolante parmi d’autres : la noyade reste la première cause de mortalité chez les jeunes de moins de 25 ans. En 2011, Stéphanie participe à la création de la cellule plages à Capbreton et rebascule dans le sauvetage, dans une version professionnelle. « De cette discipline, on n’a jamais fait le tour. On apprend chaque jour. » Elle intègre le SMBGL comme chargée de mission, où elle essaie toujours d’innover en matière de pédagogie de formation de matériel, de communication.

À 47 ans, elle vient de traverser le Pacifique avec cinq autres waterwomen en paddle à la force des bras. Des défis dont elle semble insatiable même si désormais, un autre projet la porte : la création avec son mari Walter d’un lieu de vacances d’un nouveau genre. Un « éco resort » totalement tourné vers la nature pour faire partager une expérience unique de ressourcement au cœur de la forêt landaise qui l’apaise tant.

« Je suis plus aujourd’hui dans le partage que dans le dépassement. C’est aussi dans l’ADN de ce sport : l’esprit de partage, d’entraide et le respect de l’environnement. »