Consommation – Le surendettement en hausse de 18,6 % dans les Landes

En 2024, le nombre de dossiers déposés auprès de la commission de surendettement des Landes s’élève à 847, en progression de 18,6 % par rapport à 2023 (714 dossiers, + 4,5 % par rapport à 2022), retrouvant quasiment le niveau de 2019 (- 2,2 %), année prépandémique. Si, avec 229 dossiers pour 100 000 habitants de 15 ans ou plus, le département reste dans la tranche la moins impactée (moins de 250 dossiers), cette évolution reste supérieure au niveau régional (+ 11,5 %) et au niveau national (+ 10,8 %). Une flambée qui doit néanmoins être relativisée, selon la Banque de France qui présentait ces chiffres, le 21 février dernier à Mont-de-Marsan. « Avec la crise sanitaire, en 2020 et 2021, on avait enregistré une forte baisse des dépôts de dossiers. En effet, sur la période des confinements, même si certains restaient dans la précarité, globalement, ces ménages ont moins consommé, et dans la meilleure des hypothèses, ils ont pu épargner. Au sortir de la crise sanitaire, certains ont utilisé leur épargne, et on observe aujourd’hui une sorte de retour à la normale avec un léger décalage lié aussi au fait que les débiteurs tardent toujours à déposer les dossiers de surendettement, soit par méconnaissance du dispositif, soit parce que pour eux, c’est une forme d’épreuve, voire un constat d’échec, alors qu’il n’en est rien. Le but de la procédure de surendettement est de leur permettre de rebondir sur le plan économique et financier », rappelle Yohan Antonio, adjoint du directeur de la Banque de France dans les Landes.

L’isolement, premier facteur de risque

Concernant la typologie des demandeurs, 56 % sont des femmes et 21 % sont des retraités. Le phénomène n’est pas récent, mais « le premier facteur n’est pas forcément le sexe ou la situation professionnelle, c’est l’isolement. On observe aujourd’hui que certaines pensions de retraite ne suffisent plus à couvrir les dépenses les plus basiques. Pour les femmes, l’une des raisons du surendettement est fréquemment liée à la séparation. Elles se retrouvent avec des enfants à charge puisque la garde leur est souvent confiée, et ça accentue les problématiques financières. Un dossier sur cinq est composé de familles monoparentales, et quasi exclusivement des femmes. »

Mesures de prévention

Et la hausse du nombre de dossiers de surendettement pourrait se poursuivre en 2025. « Le contexte économique un peu compliqué, notamment pour les entreprises du bâtiment mais pas seulement, nous inquiète un peu », reconnaît Yohan Antonio, craignant une augmentation des défaillances d’entreprises qui se répercuteront avec un effet de décalage sur les particuliers.

Des perspectives qui incitent la Banque de France à renforcer ses efforts en matière de prévention avec notamment une sensibilisation et une formation accrues de la « sphère sociale au sens large, pas seulement les travailleurs sociaux mais également le tissu associatif qui est confronté à la problématique du surendettement. Notre idée est de faire connaître le dispositif et de les aider à mieux seconder les personnes surendettées en nous contactant directement à notre guichet ou au 3414. » Pour éviter les redépôts de dossiers, l’effort doit également porter, selon lui, sur l’explication des mesures prises : « Depuis quelques mois, lorsque la mesure est notifiée au débiteur, on le contacte pour lui expliquer la procédure et se mettre à sa disposition pour répondre à ses questions. Instruire ces dossiers est bien sûr purement administratif, mais nous avons ce souci de faire ce travail au cas par cas. On en revient toujours à cette difficulté d’être isolé. »

Avec 229 dossiers pour 100 000 habitants de 15 ans ou plus, les Landes restent dans la tranche la moins impactée (moins de 250 dossiers) au niveau national. © Banque de France