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Pour un sport sans violence

Le dispositif Allvis (Accompagnement landais pour la lutte contre les violences et les incivilités dans le sport) a été officiellement lancé le 7 février à Capbreton.

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« Nous ne pouvons plus fermer les yeux ! » Philippe Crosnier n’y va pas par quatre chemins. « Les violences sexuelles, les incivilités autour du sport, les comportements honteux font trop souvent la Une des médias. Le seul avantage est de réveiller les consciences et de rappeler à tous que ce n’est pas supportable. Et notre territoire n’est pas épargné. Cela se passe aussi dans les Landes où le nombre d’incivilités augmente. » Devant près de 150 personnes, le 7 février, à la salle Ph’Art du casino de Capbreton, le président du Comité départemental olympique et sportif (CDOS) a rappelé la genèse du dispositif Allvis (Accompagnement landais pour la lutte contre les violences et les incivilités dans le sport), officiellement lancé lors de cette soirée. Au-delà des constats et des volontés partagées, des déclarations d’intention, le temps était venu de jouer le match sur le terrain.

LIBÉRER LA PAROLE

« Plus que jamais les acteurs du sport landais ont besoin d’outils concrets pour lutter contre ces incivilités et ces violences qui gangrènent les valeurs du sport », a renchéri Christian Boutoille, président de Profession sport Landes, autre acteur de ce dispositif. Des outils pour, entre autres, mieux détecter les victimes de comportements déviants, tels que ceux subis par cette jeune Landaise de 17 ans aujourd’hui, harcelée sur son portable par les messages à caractère sexuel, émanant d’un éducateur dans la structure sportive où elle avait choisi de faire son stage de 3e. Et si elle accepte de témoigner après une psychothérapie, c’est pour faire passer un message : « J’ai réussi à en parler. Peut-être un peu trop tard. Il faut parler, trouver la bonne personne pour le faire, même si on pense que ce n’est pas grave. »

DES OUTILS POUR TOUS

Des outils concrets aussi pour les éducateurs, les bénévoles, les licenciés, même si les clubs et les fédérations ne sont pas restés les bras ballants. Loreto Guagliardi, président du district de football, et Pierre Dufau, président de la Ligue Nouvelle-Aquitaine de basket ont livré, eux aussi, à travers des vidéos montrant des comportements à peine caricaturaux, combien ces sujets du respect des éducateurs, de l’arbitre, mais aussi la lutte contre le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie donnaient lieu à des campagnes régulières de sensibilisation. « Dans nos petits clubs, le rôle de l’éducateur est fondamental, rappelait Loreto Guagliardi. Même s’ils sont souvent découragés, en manque de solutions, sans eux pourtant il n’y aurait pas les Mbappé d’aujourd’hui. » Du côté du basket aussi, outre les messages distillés via les réseaux sociaux et les vidéos de Youtubeurs, l’opération « Parent fair-play » vise à responsabiliser les parents en leur faisant jouer, chacun à leur tour, le rôle de médiateur pour faire passer des messages positifs, lors des matchs.

TOUS MOBILISÉS

Coordonné par le Comité départemental olympique et sportif, le comité de pilotage de l’Accompagnement landais pour la lutte contre les violences et les incivilités dans le sport (Allvis) regroupe les services déconcentrés de l’État, Profession sport Landes, en partenariat avec le conseil départemental, la direction de la solidarité départementale, les clubs et comités, ainsi que des structures expertes telles que l’Association d’aide aux victimes et de médiation (Adavem), le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF), l’association Colosse aux pieds d’argile.

INFORMER, FORMER

Allvis a pour objectif clair de faire baisser significativement le nombre de violences et d’incivilités autour des terrains de sports. Oublier, parmi d’autres, cette phrase si peu anodine : « Ce qui se passe dans le vestiaire ne doit pas en sortir. » Le dispositif se décline en cinq verbes : informer, sensibiliser, former, orienter, accompagner. Les deux premiers, informer et sensibiliser, seront à la charge du CDOS à travers des rendez-vous thématiques.

« On va tenter de semer une graine, aider à prévenir », notait Philippe Crosnier. Après cette première approche, viendra le deuxième volet, celui de la formation, soit un parcours de trois jours, intitulé « Prévenir et lutter contre les incivilités et les violences sexuelles ». Mis en œuvre par Profession sport Landes, il s’appuiera notamment sur les travaux de Julien Pellet, enseignant chercheur, qui travaille depuis 2018 sur ce sujet dans les Landes. Là aussi, trois sessions sont déjà prévues (voir encadré).

Enfin, un centre de ressources permettra d’accompagner et orienter vers les organismes, associations et services experts. À ce titre, une fiche, à diffuser sans modération, est à retrouver sur le site d’Allvis. Elle recense tous les numéros d’écoute et d’urgence nationaux, les contacts landais d’aide aux victimes, et synthétise les procédures judiciaires et administratives en cas de violence dans une structure sportive. Le dispositif se veut avant tout au service du mouvement sportif landais. Le sport qui pour Pierre Blaise, responsable du service départemental à la jeunesse, à l’engagement et aux sports (SDJES), doit être un espace joyeux et participer activement à l’éducation de tous. »

L’AGENDA

Les rendez-vous thématiques à destination des dirigeants, éducateurs bénévoles et licenciés sont prévus le 28 février sur Maremne Adour Côte Sud (lieu à déterminer), le 28 mars, à Parentis-en-Born, le 4 avril à Mont-de-Marsan.

Inscriptions et renseignements au 05 58 05 57 20 ou contact@allvis.fr

La formation « Prévenir et lutter contre les incivilités et les violences sexuelles » pour les éducateurs sportifs salariés relevant de la convention collective nationale du sport se déroulera les 3, 4 et 11 avril pour le secteur de Saint-Paul-lès-Dax ; les 13, 20 et 27 avril pour le secteur de Saint-Sever, et les 11, 22 et 23 mai pour Rion-des-Landes.

Renseignements au 05 58 75 72 94