Le confinement révélateur des inégalités sociales. C’est ce qui ressort d’un focus de l’Insee, publié le 19 juin. L’institut de statistique a interrogé 1 600 personnes de 15 ans ou plus (une semaine avant et après le confinement), afin de connaître leur ressenti sur cette période tellement particulière. Sur une échelle de 0 (pas du tout pénible) à 10 (extrêmement pénible), 27 % des sondés ont fourni une note supérieure ou égale à 7. Ce taux monte à 37 % pour les plus modestes, mais baisse à 17 % pour les plus aisés.
LES TRAVAILLEURS MODESTES, LES PLUS TOUCHÉS
Le travail a été fortement impacté par le confinement. Un tiers des personnes ayant un emploi ont ainsi subi une restriction d’activité, susceptible d’amputer leurs revenus. 27 % d’entre eux, ont en effet connu une période de chômage technique ou partiel, 8 % ont dû passer par un arrêt de travail ou une autorisation spéciale d’absence pour garde d’enfant, tandis que 20 % ont été contraints de poser des congés obligatoires pendant cette période.
Et les situations diffèrent selon les catégories d’actifs : ce sont les ouvriers (43 %) qui ont été les plus concernés par au moins l’une de ces restrictions, suivis par les cadres et les professions intermédiaires (34 %). Les employés ont pour leur part été moins touchés par les baisses de salaire, et ce à hauteur de 32 %.
TÉLÉTRAVAIL POUR LES CADRES
La réorganisation des modes de travail a renforcé les inégalités et en a même créé de nouvelles entre les différentes catégories socioprofessionnelles. Si au total, 34 % des sondés ont travaillé de chez eux, contre 35 % sur site, ce sont principalement les cadres et les professions intermédiaires qui ont pu poursuivre leur activité à distance : 58 % d’entre eux ont ainsi pratiqué le télétravail, contre 20 % pour les employés et 2 % seulement pour les ouvriers.
À l’inverse, les personnes occupant des emplois plus modestes ont davantage continué à se rendre sur leur lieu de travail (les ouvriers à 53 % et les employés à 41 %). Ils ne sont toutefois pas les seuls dans ce cas de figure, puisque 40 % des agriculteurs, des chefs d’entreprise et des indépendants ont également dû se déplacer pour exercer leur activité. De manière globale, l’étude confirme que le niveau de vie a une influence directe sur le télétravail. C’est ainsi que seulement 21 % des personnes les plus modestes ont été concernées, contre 53 % des plus aisés.
Le confinement n’aura pas fait basculer les lignes sur le front des inégalités hommes/femmes. La prise en charge des enfants a surtout été assurée par les femmes. 83 % des mères ont consacré plus de quatre heures par jour à leurs enfants pendant le confinement (contre 57 % des pères). Celles-ci ont été deux fois plus nombreuses que les pères à renoncer à travailler pour garder les enfants (21 % contre 12 %). Parmi les femmes en emploi, 45 % ont eu l’impression de faire une « double journée », professionnelle et domestique.
Par ailleurs, les femmes ont été plus affectées par le confinement. À ce propos, elles ont exprimé un « sentiment de pénibilité » légèrement plus marqué que les hommes. Et cet écart de perception se creuse lorsque le couple a des enfants.
DIFFICULTÉS POUR ASSURER LE SUIVI SCOLAIRE DES ENFANTS
Sans surprise, une nette corrélation entre le suivi scolaire des enfants et le niveau de vie a été également constatée par l’Insee. Ainsi, près de la moitié des personnes les plus modestes ont éprouvé des difficultés à gérer la scolarité depuis la maison. Tandis qu’un quart seulement des plus aisés étaient dans la même situation délicate.