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La relance passera par la commande publique

Alors que les collectivités locales se sont retrouvées en première ligne pendant la crise sanitaire, elles s’apprêtent à jouer un rôle-clé dans la relance. Tour d’horizon avec Hervé Bouyrie, réélu à la présidence de l’Association des maires des Landes (AML), le 1er août.

Bouyrie Herve Molies

HERVÉ BOUYRIE, Président de l’Association des maires des Landes

Les Annonces Landaises : Quelles sont les principales missions de l’Association des maires des Landes qui réunit les maires et président(e)s de communautés de communes ?

Hervé BOUYRIE : L’Association des maires des Landes est l’interlocuteur de l’État par l’intermédiaire de la préfecture, du département et de la région sur tous les sujets qui touchent au fonctionnement des collectivités. Nous faisons remonter les problématiques des élus dans les domaines juridiques, économiques, de la fiscalité et des dotations. Lorsque le gouvernement prend de nouvelles mesures qui nous sont opposables, nous tâchons de les faire évoluer dans le bon sens, nous sommes là pour défendre les intérêts de nos collègues et des territoires. On est souvent entre le marteau et l’enclume, en sachant que l’État a ses objectifs, que nous avons les nôtres.

A. L. : Comment est intervenue l’AML pendant la crise sanitaire ?

B. : Sur l’aspect sanitaire global, nous étions là pour acter et diffuser les préconisations de l’État, responsable de façon régalienne de la sécurité sanitaire. Dans les Landes, nous avons l’habitude de jouer de manière collective pour gérer efficacement les situations. Associés au département, nous avons assuré la logistique sur l’approvisionnement de la population en masques, et participé à la distribution de la dotation de l’État qui est arrivée plus tardivement. Nous avons beaucoup travaillé sur les protocoles qui touchaient l’occupation de l’espace collectif, comme les marchés, les plages, les lieux de visite, pour rassurer l’État sur nos capacités à accueillir de façon organisée et sécure les populations qui les fréquentent, en assurant notamment notre pou- voir de police local dans le respect des règles sanitaires.

La commune et les instances municipales sont le lien indispensable au bon fonctionnement de notre démocratie

A. L. : Quelles sont les solutions envisagées pour les collectivités face aux conséquences budgétaires de la crise ?

B. : Nous avons alerté le gouvernement sur l’incidence financière de la crise sanitaire sur les budgets des collectivités. Nous avons eu une écoute attentive puisque, dans un premier temps, le gouvernement a acté le maintien des recettes fiscales et domaniales pour 2020, dans le cadre du troisième projet de loi de finances rectificative, voté par les deux chambres, le 23 juillet. Ces mesures vont permettre de continuer à faire fonctionner les collectivités et de maintenir la commande publique.

la sphère privée compte sur les collectivités pour l’accompagner

A. L. : Avez-vous constaté une évolution de l’attitude de l’État à l’égard des collectivités au cours de la crise sanitaire ?

B. : Au début du mandat du président de la République, nous avons assisté à un processus de maire- bashing qui aurait pu faire penser que l’on souhaitait la disparition des collectivités de proximité. Il y a eu une réaction assez vive et légitime de l’Association des maires de France et des associations départementales sur ce sujet. Deux crises successives, les Gilets jaunes et la Covid-19 ont fait comprendre au président de la République et à son gouvernement que la commune et les instances municipales étaient le lien indispensable au bon fonctionnement de notre démocratie, parce que c’est l’échelon de proximité. Nous sommes les premiers à recevoir le mal-être de nos concitoyens, à déceler les dysfonctionnements et à apporter des réponses, notamment dans le domaine social.

A. L. : Quel rôle les collectivités vont-elles jouer dans la relance économique ?

B. : Nous sommes persuadés que la relance se fera en priorité à travers la commande publique. Il faudra anticiper certains investissements pour relancer l’activité. C’est l’un des leviers potentiels, avec l’aide de l’État qui participe au financement des travaux via les dotations. La relance était d’ailleurs la thématique centrale du Carrefour landais des collectivités (Calac), prévu le 8 octobre, que nous avons dû annuler en raison des mesures sanitaires. Au cœur de la crise, les organisations professionnelles nous ont beaucoup sollicités pour booster l’activité en maintenant la commande publique et en leur permettant de travailler cet été dans les stations balnéaires. La sphère privée compte sur les collectivités pour l’accompagner.

A. L. : Comment les communautés de communes et d’agglomération, qui disposent de la compétence économique, peuvent-elles accompagner la relance ? Quels sont les grands projets de développement dans les Landes ?

H. B. : Les Établissements publics de coopération inter- communale (EPCI), en collaboration avec la région, peuvent relancer l’activité économique en accompagnant les entreprises qui en ont besoin, en anticipant ou en initiant la commande publique. Aujourd’hui dans les Landes, chaque territoire a ses propres projets de développement, il manque une visibilité globale. J’espère qu’à travers une structure départementale, avec tous les EPCI et les chambres consulaires, on arrivera  à recenser tout le foncier disponible pour le développement économique et à aller chercher les porteurs de projets. C’est l’objectif de la marque Landes qui va être relancée après avoir été mise en sommeil pendant la crise sanitaire.

Les relations entre les communes et les intercommunalités se lissent de plus en plus, dans le respect des communes

A. L. : La carte intercommunale actuelle dans les Landes vous semble-t-elle pertinente pour faire face aux enjeux ?

B. : La structuration des EPCI des Landes me semble cohérente du point de vue économique. Certaines sont même un peu trop grandes en termes de taille physique du territoire, notamment au nord des Landes. Je nous vois mal nous relancer dans une nouvelle campagne de fusions et de regroupements, avec les contraintes que cela génère. Le processus nécessite une pause.

Je pense que le niveau départemental a sa raison d’être sur des sujets qui nous touchent tous, pour lesquels on aurait peut-être besoin d’une mutualisation supérieure. La gestion des ordures ménagères, par exemple, pour rationaliser les flux, de l’eau pour éviter les difficultés d’alimentation à certaines époques à certains endroits, ou de l’assainissement. Il serait pertinent de générer une meilleure mise en réseau pour favoriser le maillage et les interconnexions entre les différents syndicats. Cette solution avait été proposée par le département et refusée par les collectivités. Mais, compte tenu de problèmes rencontrés sur les territoires, elle nécessite, de mon point de vue, une nouvelle réflexion.

A. L. : Quels sont aujourd’hui les relations qu’entretiennent entre elles les différentes collectivités ?

B. : La loi NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la République) a fait beaucoup de dégâts en incitant les différentes strates de la pyramide à tirer la couverture à soi. Chacune a voulu retirer le maximum de compétences au détriment des autres. Progressive- ment, chacun a trouvé sa place, la région par rapport aux départements, les EPCI par rapport aux communes. Les relations entre les communes et les intercommunalités se lissent de plus en plus, dans le respect des communes. Les règles évoluent puisque la loi Engagement et Proximité, promulguée en décembre 2019 donne plus de poids aux maires au sein des EPCI en rendant le conseil des maires obligatoire. Le curseur de la loi NOTRe a tendance à s’inverser.

 

HERVÉ BOUYRIE

Maire de Messanges, il a succédé à Jean-Yves Montus (Soustons) en 2016, à la présidence de l’Association des maires des Landes qui regroupe les 327 maires landais et les 18 président(e)s de communautés de communes et d’agglomération. Seul candidat, il a été réélu le 1er août 2020 à la tête d’une liste d’union. Il est membre du comité directeur de l’Association des maires de France (AMF) où il copréside la commission des communes littorales avec Dominique Cap, maire de Plougastel-Daoulas (Finistère). Il préside également le comité départemental du tourisme des Landes, le syndicat mixte de gestion des baignades landaises et vient d’être élu vice-président au développement économique de la communauté de communes Maremne Adour-côte sud.

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