« Le taux de chômage des personnes handicapées est quasiment le double de la population générale : 12 % contre 7 % », a expliqué Georgia Gallais, secrétaire générale de l’entreprise adaptée FMS (850 salariés dont 60 % en situation de handicap, 28 millions d’euros de chiffre d’affaires), lors du bilan intermédiaire de son dispositif d’accompagnement vers l’emploi. Une statistique qui révèle l’ampleur du défi à relever. Car l’éloignement du marché de l’emploi crée un cercle vicieux : isolement social, perte de confiance en soi, attitudes discriminatoires des recruteurs.
Face à ce constat, le « parcours des possibles » de FMS, soutenu par le Fonds social européen, propose d’« aller plus loin et chercher des publics encore plus éloignés de l’emploi », via un programme de cinq semaines déployé sur trois départements (Landes, Gironde, Pyrénées-Atlantiques) et sept communes (Saint-Geours-de-Maremne, Dax, Peyrehorade, Saint-Vincent-de-Tyrosse, Bordeaux, Bayonne et Idron). L’objectif : accompagner des personnes en situation de handicap mais autonomes, en alternant ateliers collectifs et journées d’immersion professionnelle dans des secteurs porteurs (logistique, numérique, textile, bâtiment, fonctions support).
Résultats prometteurs
En quelques mois, 76 personnes ont été accompagnées, avec des « résultats prometteurs » : 23 immersions au sein des pôles de FMS, deux CDD créés en logistique, et huit processus de recrutement interne en cours. Seuls deux abandons sont à déplorer, pour raisons de santé.
Louis Marcotte, 28 ans, à Bayonne, illustre parfaitement la transformation que peut opérer ce dispositif. Après des études de comptabilité gestion et un parcours chaotique marqué par le chômage et des échecs en entreprise, il a intégré le parcours en mars : « J’ai découvert que j’avais des compétences, contrairement à ce qu’on m’avait fait penser jusqu’ici. FMS est une entreprise qui se plie en quatre pour que chacun trouve sa place et j’ai retrouvé le goût d’aller travailler. » Même écho chez Joël Lajus, participant au parcours à Dax : « La bienveillance est un des mots-clefs du groupe. Les gens de FMS savent donner des envies. »
Louis Marcotte © Julie Ducourau
À Idron, près de Pau, Agnès Pateyron, 56 ans, ancienne artisan peintre à son compte contrainte d’arrêter son activité pour raisons de santé, a aussi témoigné : « À chaque atelier proposé par France Travail, je n’ai jamais eu le déclic que j’ai eu à FMS ! On est en face de travailleurs handicapés, on se dit : eux, ils ont réussi, pourquoi pas nous ? », dit-elle, désormais en immersion pour devenir conseillère insertion professionnelle à son tour.
Vers l’Académie FMS
L’originalité du dispositif réside dans son approche pratique. Les participants sont accompagnés individuellement au sein même de l’entreprise adaptée, dans un cadre bienveillant et sécurisé, bénéficiant du statut de stagiaire via une PMSMP (période de mise en situation professionnelle) de 60 heures, avec maintien des aides (ARE, RSA…). « Sa force, c’est que l’accompagnement se fait dans l’entreprise par des professionnels, et ça c’est très valorisant », assure Georgia Gallais. Matthieu, formateur numérique, lui-même longtemps éloigné de l’emploi, confirme : « Le parcours de l’emploi avec un handicap fait perdre beaucoup de confiance en soi. Ils prennent conscience qu’ils peuvent faire autre chose que ce qu’ils ont fait jusqu’alors. On les incite aussi à communiquer entre eux via des groupes Whatsapp pour se parler facilement. »
Le dispositif s’inscrit dans un écosystème plus large. Les participants peuvent en effet enchaîner sur un parcours en CDD tremplin au sein de l’Académie, le centre de formation de FMS (objectif de 300 personnes formées cette année, contre 20 à sa création il y a trois ans et demi), pour quatre mois de formation. Et pour ceux qui veulent aller plus loin, FMS a également créé en 2024 son propre CFA d’entreprise (centre de formation d’apprentis), proposant des formations diplômantes de développeur informatique ou conseiller de la relation client.
Le succès des nouveaux parcours repose sur une mobilisation forte des partenaires institutionnels, prescripteurs de l’emploi, entreprises accueillantes et acteurs du handicap, pour « arriver collectivement à créer les conditions pour que tout le monde se sente à sa place », a souligné Cyril Gayssot, cofondateur de FMS, appelant, par les vers de Jean Ferrat chantant Aragon, à « redécouvrir tous les possibles. »
