Pour cette 47e enquête, menée en novembre auprès de 274 entreprises landaises représentant 12 % du chiffre d’affaires de l’économie du département, Pascal Dussin, responsable animation économique et territoriale à la CCI des Landes, a commencé son exposé en rappelant qu’il y avait eu des éditions « meilleures mais aussi des pires… »
Dans un environnement économique hexagonal marqué par une croissance atone (+ 0,4 % au troisième trimestre, derrière l’Espagne + 0,8 %), des risques géopolitiques, de guerre commerciale avec l’arrivée de Donald Trump au pouvoir aux États-Unis, ou de flottement suite à la motion de censure du gouvernement Barnier, « il y a beaucoup d’incertitudes, c’est le maître-mot de cette période », a-t-il poursuivi, relevant toutefois comme « rare bonne nouvelle, la stabilisation du taux d’inflation qui est toutefois trop insignifiante pour être perceptible par le consommateur ».
Carnet de commandes à la baisse
Dans ce contexte particulièrement indécis, les grands chiffres de l’économie landaise demeurent, selon lui, « convenables », avec un chiffre d’affaires constant (+ 0,6 %), des exportations en progrès (+ 4,1 %, après un repli de 15 % en 2023) mais des offres d’emploi en net recul (- 10 %), un recrutement en baisse (- 4 %) et une demande d’emploi stable (- 0,3 %).
Durant ce second semestre, moins de 25 % des entreprises ayant répondu à l’enquête ont vu leur chiffre d’affaires (CA) progresser, tandis que 36 % l’ont vu régresser, et les carnets de commandes sont à la baisse pour 31 % d’entre elles, contre 41 % il y a un an. Pour les prochains mois, les entreprises qui anticipent une baisse de CA sont plus nombreuses (27 %) que celles qui prévoient une hausse (17 %) tandis que 40,7 % imaginent une stagnation d’activité.
On note également une grande prudence chez les PME côté investissement : 39,1 % déclarent avoir investi, mais surtout dans la maintenance, pas dans l’innovation ni l’augmentation de capacité. Chiffre plus alarmant : 70 % dans le BTP et 60 % dans le commerce ne comptent pas investir dans les six prochains mois, et le taux de marge est en baisse pour 42 % des sociétés landaises participantes.
Quant aux réductions d’effectifs, elles ont été nécessaires dans 17,8 % des entreprises (+ 8 points par rapport à 2023) quand moins de 10 % d’entre elles ont recruté (- 4 points).
Le BTP s’enfonce
Par tendance sectorielle, le thermalisme landais reste en retard par rapport à la moyenne nationale, avec une fréquentation qui n’a pas rattrapé les chiffres de l’avant-covid (85 %). Si les petites stations de Préchacq-les-Bains et Saubusse ont vu leur nombre de curistes progresser, les plus grandes comme Dax ou Eugénie-les-Bains rencontrent plus de difficultés. Pourtant, le secteur continue à investir en termes d’énergie, design et RSE, selon Pascal Dussin.
Côté tourisme, le bilan est aussi moins bon qu’en 2023 après deux années exceptionnelles post-covid, avec une réduction des durées de séjour et une baisse du budget des ménages qui impacte notamment les restaurants et les loisirs.
L’immobilier, lui, semble s’adapter à la raréfaction des biens, mais les prix ne reculent pas (- 1,9 %) et les mises en vente chutent (- 26,5 %), détaille l’enquête.
Le BTP s’enfonce avec « une activité qui n’a cessé de ralentir », des carnets de commandes au plus bas, et des mises en chantier en régression de 37,9 % pour les logements et de 23,4 % pour les locaux, bâtiments industriels, bureaux ou hôtels. « On dénombre un fort taux de défaillances et pas seulement des toutes petites entreprises », poursuit le responsable.
Dans le BTP, les carnets de commandes sont au plus bas. © Shutterstock
L’aéronautique en dynamique
Situation « fortement dégradée » dans la chimie, filière bois papier emballage « moins profitable qu’en 2023 » malgré un « net rebond dans l’activité sciage », craintes aussi dans l’agroalimentaire avec un repli tendanciel de la consommation… Seule la filière canard « retrouve des couleurs » et les ventes de poulets label progressent. Tout comme le surfwear qui réussit à se développer à l’export.
Autre bonne nouvelle dans cet environnement plutôt sombre, l’aéronautique est en dynamique entre innovation et décarbonation malgré des soucis de supply chain (chaîne d’approvisionnement) et des besoins de recrutement, comme l’a souligné Christian Rossi, directeur du site de Safran Helicopter Engines à Tarnos, venu présenter la société de turbines et moteurs lors de ce petit déjeuner conjoncture.
En conclusion, François Lafitte, le président de la CCI des Landes, a reconnu que « l’aléatoire est autour de nous » avec une « période d’attentisme » où « les décisions d’investissement se reportent. Mais j’espère que ça ne durera pas de trop. Nous avons des fondamentaux, sur ce territoire, basés sur une diversité d’activités qui permet d’asseoir une certaine stabilité (…). Il y a aussi besoin d’une psychologie de gagnant pour faire avancer les nouvelles idées et investir. »
