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[ Dossier sauvetage côtier ] Thierry Krawiec et David Dubès : les « beach boys » d’Hossegor

Après leurs carrières d’athlètes de haut niveau dans le sauvetage sportif jalonnées de titres internationaux, Thierry Krawiec et David Dubès ont créé leur société Watermansport en 2001 et repris en 2008 une institution d’Hossegor, le club Mickey, pour transmettre aux enfants leur connaissance de l’océan.

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Thierry Krawiec et David Dubès : les « beach boys » d’Hossegor © Bernard Dugros

Une table en bois posée à même le sable sous un parasol de plage, c’est le cadre que Thierry Krawiec, 53 ans, et David Dubès, 48 ans, ont choisi pour installer le bureau de leur société Watermansport au centre du club Mickey sur la plage Sud d’Hossegor. Si l’accueil est détendu, les deux sportifs n’ont rien de dilettantes. La matinée commence et les associés s’affairent pour préparer l’arrivée des enfants. La complicité du duo est une évidence. « Ce qui nous anime c’est de vivre de notre passion », confie Thierry Krawiec. Les deux amis gèrent depuis 15 ans le club Mickey, une institution hossegorienne, créée en 1958, dont ils ont préservé l’esprit de famille et les valeurs sportives. Le club ne désemplit pas et accueille jusqu’à une centaine d’enfants par jour, de quatre à 11 ans.

Pendant six mois de l’année, grâce à leurs brevets d’État de natation et de surf, les moniteurs de secourisme forment à la nage, au surf et au sauvetage côtier dans cette structure composée de 13 salariés saisonniers. « L’objectif est d’amener les enfants à découvrir l’océan, on est tout sauf une garderie », insistent-ils. « On transmet ce que l’on pense savoir », ajoute David Dubès avec humilité. Ici, les jeunes apprennent à nager à l’ancienne, selon des codes académiques pour connaître les quatre nages.

« UN TRIATHLON DE LA MER »

Passés du bassin à l’océan après des années d’entraînement, les nageurs ont à leur actif de très beaux palmarès en sauvetage sportif : champions du monde, d’Europe, de France. C’est en 1994 qu’ils intègrent l’équipe de France pour les championnats du monde à Newquay en Angleterre, grâce à Éric Pétron du club de Biscarrosse. À l’époque, pas de bouée-tube, pas de rescue board, le matériel date des années 1970 et le sauvetage sportif se réduit souvent à un parcours de nage. « C’était une espèce de triathlon de la mer qui alliait l’océan, la culture de l’effort et une bonne connaissance du milieu aquatique pour passer les vagues avec du matériel encombrant… Pour nous, ça a été une révélation », se remémore David Dubès. Les athlètes décident de partir s’entraîner en Australie : « On bossait l’hiver et on partait quatre à six mois. » Au contact des meilleurs sauveteurs, ils apprennent l’aspect technique et les ficelles du métier car « là-bas, les gens vivent de ce sport. Il connaît un énorme succès. Les compétitions sont télévisées et les athlètes ont même leur tête sur des paquets de céréales ! »

DU SERVICE À L’ACTIVITÉ COMMERCIALE

Alors que le sport commence à faire des émules en France, le matériel reste introuvable. Les clubs landais sollicitent les deux athlètes pour en rapporter d’Australie. « C’était compliqué en avion. Nous avons commencé à organiser du don de matériel avec des containers maritimes en 1999 sans y être préparés. Nous n’avions même pas de statut juridique », se souviennent-ils.

Pour y remédier, ils créent en 2001 leur société Watermansport pour commercialiser stand-up paddles, surf skis et bouées. Jusqu’en 2013 où les entrepreneurs s’associent au groupe sud-africain Interocean, avant de reprendre leur liberté en 2022 et de se recentrer sur la distribution des palmes Dafin, la marque hawaïenne de référence, dans un réseau de magasins européens.

« C’était plus une passion qu’un business. En parallèle, j’entraînais les jeunes surfeurs comme Joan Duru ou Marc Lacommare pour leur faire découvrir d’autres sports. Tandis que David créait le club de sauvetage de Biarritz, devenu l’un des plus importants clubs français. »

Au quotidien, les anciens champions continuent à créer des passerelles entre tous les sports liés à l’eau. Thierry Krawiec intervient également sur la formation des brevets d’État en sécurité et sauvetage en mer et le duo a longtemps travaillé sur la préparation physique des sauveteurs de gros. Cette année, ils sont fiers d’avoir appris à nager au petit Antton qui, à 11 ans, est le meilleur temps français au 400 mètres crawl, tout comme d’accompagner les premières brasses des filles des surfeurs Yann Bénétrix et Jérémy Flores. Après de brillantes carrières sportives, les deux associés se consacrent désormais à la transmission de leur passion pour le sport et l’océan sans aucune autre prétention que de partager leur art de vivre.