Comme un air d’Italie… Avec ses statues blanches, ses murs ocre jaune à la chaux et son grand escalier à l’entrée, le château de Larunque est à mille lieues de l’identité des maisons de maître landaises. Pourtant, c’est bien ce qu’il était depuis le XVIIIe siècle, jusqu’à ce qu’un incendie causé par une couverture chauffante ravage la bâtisse dans les années 1970. Après 15 ans d’abandon, un précédent propriétaire investisseur l’a transformé en palais florentin avec théâtre à l’italienne à l’intérieur. Aujourd’hui, cet espace qui accueillit des représentations, des concerts et réceptions avec le tout-Biarritz, est devenu une chambre d’hôtes, immense, avec un cachet à l’ancienne.
Patrimoine et écologie
En couple et formant une famille recomposée, Martin Dubourg, consultant en énergie climat et tourisme durable, et Marion Lafouge, ingénieur agronome en R&D, cherchaient un projet commun. « Je voulais être près de la mer, sur une ligne TGV pour remonter à Paris professionnellement. Tous mes enfants sont surfeurs, le Sud-Ouest m’allait très bien », explique ce Parisien d’origine normande. Pour Marion Lafouge, Ardennaise devenue Gersoise, le choix s’imposait naturellement : « J’ai ma mère à Bayonne et ma sœur dans le coin. Être dans cette région me plaisait, et je rêvais d’un château. »
Depuis août 2021, fidèle à ses convictions écologiques – Martin anime notamment la Fresque du climat -, le couple a d’emblée intégré les enjeux environnementaux dans son projet. « On a d’abord candidaté pour la charte Territoire durable avec l’office du tourisme, puis on s’est lancé sur l’écolabel européen », précisent-ils. Cette certification, obtenue après un an de préparation, a nécessité la mise en place d’un « système de management social et environnemental complet ». Contrat d’électricité renouvelable, chaufferie à biomasse, ampoules toutes à led et chargeur gratuit pour véhicules électriques. La gestion de l’eau fait l’objet d’une attention particulière avec des réducteurs de pression sur tous les robinets et des sabliers de cinq minutes dans les douches. Même le mobilier respecte cette philosophie : « 100 % d’occasion, chiné chez Emmaüs et sur Le Bon Coin. »

MARION LAFOUGE et MARTIN DUBOURG © Julie Ducourau
Bilan carbone des voyageurs
Avec ses huit chambres et 15 couchages, le château accueille deux clientèles distinctes. L’été, il se loue à la semaine pour des groupes d’amis et des familles qui profitent de la terrasse, du tennis et du jacuzzi, tireuse à bière comprise. Le reste de l’année, le couple qui poursuit des travaux d’amélioration, essaie de développer, en plus, des séminaires d’entreprise : « Ici, les gens qui ont envie d’un team building, mettent la table ensemble, sans l’aspect hôtelier traditionnel. C’est un esprit un peu différent, comme un gîte. Mais on propose aussi un service traiteur et des chefs à domicile. » Et des partenariats sont déjà noués avec des prestataires d’activités des environs, à commencer par le paintball du village proche du domaine, ou des sessions bien-être (yoga, poterie, massage, aqua-sophrologie…).
Quelle que soit la clientèle, « on insiste pour qu’ils viennent en train en les mettant en contact avec des taxis ou des loueurs de voitures sur place », souligne Martin Dubourg, conscient que son approche bas carbone se heurte parfois aux réalités du marché touristique. « On mesure notre bilan carbone et celui des voyageurs. Quand certains viennent en avion, ça nous hérisse le poil ! Mais, reconnaît-il, on ne peut pas tout maîtriser. »

La piscine intérieure chauffée à l’année par biomasse © Lukas Gisbert