Deux semaines pour se décider et deux mois pour se lancer. Armelle Nicolas n’a pas eu le temps de tergiverser lorsqu’elle a créé son magasin de vente et réparation d’instruments à vent à Mont-de-Marsan.
La jeune femme de 27 ans a passé la plus grande partie de sa vie en région parisienne. Joueuse de flûte traversière, elle se prend au jeu de démonter et réparer son instrument et décide d’en faire son « métier passion ». Après un CAP Assistante technique en instruments de musique option instruments à vent, elle travaille comme réparatrice dans plusieurs entreprises. En 2020, elle est employée dans un magasin de Barcelone, lorsque le Covid s’abat sur le monde. « À ce moment-là, j’ai eu envie de rentrer en France pour me rapprocher de ma famille. Le magasin Bel’Air de Mont-de-Marsan cherchait une réparatrice. J’ai donc atterri ici ! »
ACTIVITÉ FLORISSANTE
Quand elle s’installe dans la préfecture landaise en octobre 2020, Armelle Nicolas n’a pas l’intention de créer son entreprise. Mais mi-mai 2021, le magasin qui l’emploie ferme et est repris par un mandataire judiciaire. « Il a fallu que je fasse une offre très rapidement, avant qu’il ne soit mis aux enchères. » Épaulée par la Chambre des métiers et de l’artisanat, elle monte un dossier qui lui permet d’ouvrir L’Atelier d’Armelle en août 2021.
Dans sa boutique de la rue Lacaze, elle propose la vente, la location et le dépôt-vente d’instruments à vent, la vente d’accessoires et, sa spécificité, la réparation. Car même si son projet était « loin d’être mûrement réfléchi », Armelle Nicolas s’est vite rendu compte que les Landes avec tous ses musiciens, toutes ses fêtes et donc toutes les casses potentielles, étaient « un très bon endroit pour les réparateurs » !
D’autant que l’activité n’est pas très développée localement. « Il y a une réparatrice à Dax, un à Biscarrosse. Et après, il faut aller dans le Gers, à Pau ou à Arzacq… Bref, il y avait de la place pour moi à Mont-de-Marsan. »
Et de fait, son carnet de commandes ne désemplit pas. Chaque mois, elle réalise entre 100 et 200 réparations. « Certaines me prennent 15 minutes, d’autres une semaine… »
DE L’ENTRETIEN AU SAUVETAGE
Entre ses doigts experts, les instruments à vent viennent se faire choyer. Elle les nettoie, les démonte régulièrement pour remettre de l’huile et de la graisse afin qu’ils ne se grippent pas. Elle règle, réajuste et remplace les tampons d’étanchéité. Elle sauve les « cas désespérés » comme cette trompette qui s’était fait rouler dessus…
Parfois, elle voit passer des instruments d’exception, comme des Selmer, « le Dior du saxophone » ou des instruments très anciens, tels que des flûtes du XVIIIe siècle, « les plus compliquées à réparer ». Mais sa préférence va aux saxophones vintage américains. « Deux ou trois sont passés par l’Atelier. Ce ne sont pas les mêmes agencements de clés, pas les mêmes modes de réglages. Et ce son ! Ça se sent. »

© Thibault Toulemonde
À LA RECHERCHE D’UN LOCAL PLUS GRAND
Pour se faire connaître, Armelle Nicolas estime qu’elle n’a « rien fait comme il faut. » Prise dans le rush du lancement, elle n’a fait ni publicité ni communication. Pourtant, elle a vite rencontré son public. « Je suis restée au même endroit que l’ancien gérant et je me suis appuyée à 100 % sur le bouche-à-oreille. Les musiciens, les chefs d’harmonies et les professeurs d’école sont venus me voir et se sont mis à me conseiller autour d’eux. » Et même après avoir fermé quatre mois pour accueillir un heureux événement, la clientèle reste au rendez-vous. « Les gens sont très tolérants pour ce genre d’absence ! »
Pour obtenir une réparation à l’Atelier, il faut être prêt à y laisser son instrument pendant deux semaines. « Il y a beaucoup de travail ! » Pour l’épauler, la réparatrice emploie une apprentie depuis septembre 2023.
Après deux ans d’activité et un chiffre d’affaires de 120 000 euros, elle aimerait désormais trouver un autre local plus grand, toujours dans le centre de Mont-de-Marsan. « J’aimerais une boutique de 120 à 150 m² pour y aménager une salle d’essai, un coin exposition et un coin librairie. » Arrivée dans les Landes presque par hasard, Armelle Nicolas a bien envie d’y rester pour faire grandir tous ses projets.