« Pendant longtemps, je n’ai pas mesuré l’utilité des réseaux d’entrepreneurs. » Ancienne internationale de rugby, reconvertie en massothérapeute, Koumiba Djossouvi avoue être « totalement passée à côté » du développement des clubs d’affaires. « Comment ce n’est pas arrivé jusqu’à moi ? Je n’en ai aucune idée, sourit-elle. Après avoir raccroché les crampons, j’ai continué à faire du sport en club. C’est là que je me suis fait mon réseau sans chercher plus loin. »
Son activité de conférencière finit par lui ouvrir les portes des réseaux professionnels. En 2020, juste avant le premier confinement, Femmes 3000 lui demande d’intervenir lors d’un événement à Bordeaux. « Marine Bermond, qui était alors présidente nationale, a aimé mon énergie et m’a proposé de m’investir dans le mouvement. Sur le moment, ça ne m’a pas intéressée. Mais deux ou trois ans plus tard, j’avais plus de temps et plus d’envie. J’ai donc accepté de prendre la présidence de la délégation Pays basque Sud Landes en septembre 2024. »
Pour les salariées aussi
Créée vingt ans plus tôt, la délégation locale de Femmes 3000 était en dormance depuis 2022. « Suite au covid, elle a eu du mal à se relancer. Comme je suis une femme de défi, j’ai saisi l’opportunité de lui donner un nouveau souffle. » Pas question de reprendre les formules classiques déjà vues ailleurs. « Avec l’équipe, on voulait proposer quelque chose d’un peu atypique. » Ici, pas d’exclusivité métier. Le club n’est d’ailleurs pas réservé qu’aux entrepreneuses. Les salariées peuvent aussi en faire partie. « Je vois la vie à l’image d’une équipe de rugby : tous les postes sont complémentaires et on a beaucoup à apprendre les unes des autres ! »
Mais pas question de se pitcher à chaque réunion. « Nous ne présentons pas chaque adhérente en début de session, reprend Koumiba Djossouvi. Ce que nous voulons, c’est vivre et faire vivre des expériences interactives, en misant sur la complémentarité humaine et le savoir-être. »

Le 6 juin dernier, plus de 150 personnes ont assisté à la soirée « Raconte-nous les femmes » organisée par l’association, en partenariat avec la mairie d’Anglet. © Femmes 3000
Compétences et mixité
Si la notion de business reste importante, les activités sont extrêmement variées. Afterworks, conférences, ateliers pratiques, rencontres avec d’autres associations, engagement caritatif, découverte de divers univers… Aucune réunion ne ressemble à la précédente et les lieux changent systématiquement. « Nous avons la chance d’avoir un territoire magnifique. C’est l’occasion de le découvrir. »
Pour donner de la visibilité à la délégation, Koumiba Djossouvi et son équipe organisent également des événements d’ampleur ouverts au grand public. Le 6 juin dernier, en partenariat avec la mairie d’Anglet, l’association a ainsi proposé la soirée « Raconte-nous les femmes ». Plus de 150 personnes ont assisté à une dizaine de talks, façon TEDx.
Des femmes sont intervenues, mais aussi des hommes. « Avec notre nom, ce n’est pas évident à vendre, mais nous prônons la mixité », insiste la présidente. L’association a été créée pour mettre en valeur les compétences des femmes (lire encadré), sans pour autant se positionner dans un rapport de force avec la gent masculine. « Quelqu’un de misogyne ne changera jamais. Mais il y a des hommes qui ont envie de bien faire et nous avons énormément à apprendre d’eux. C’est pour ça que nous sommes ouverts à tout le monde. »

L’association propose un rendez-vous mensuel, généralement le jeudi soir, dans un lieu qui change à chaque fois. © Femmes 3000
Un peu d’histoire
Pour lutter contre la discrimination et le sexisme subis par les femmes en politique, l’ex-ministre de la Santé, Michèle Barzach, crée l’association « Femmes Politiques » en 1989. Neuf ans plus tard, Marie-José Grandjacques, alors présidente du mouvement, élargit le champ d’action à tous les domaines de la vie publique, donnant naissance à la fédération Femmes 3000.
Aujourd’hui, la place des femmes a évolué et l’appellation renvoyant aux « femmes du troisième millénaire » peut paraître surannée. « Il est vrai que le paysage se féminise à tous les niveaux de la société, reconnaît Françoise Terrier, présidente actuelle de la fédération. Mais pouvons-nous nous reposer sur ces lauriers durement acquis par les générations précédentes ? » Citant Simone de Beauvoir : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question », elle voit dans Femmes 3000 une sentinelle pour la préservation de ces droits.
Femmes 3000 pratique
Comment ça marche ?
L’association accueille femmes et hommes, entrepreneurs ou salariés de tous secteurs, sans exclusivité de métier. Elle propose un rendez-vous mensuel, généralement le jeudi soir, dans un lieu qui change à chaque fois. Certains événements sont réservés aux membres, d’autres sont ouverts au grand public. Dans ce dernier cas, les adhérents bénéficient d’une communication privilégiée et de tarifs préférentiels.
Le nombre d’adhérents
La délégation Pays basque Sud Landes compte une trentaine d’adhérentes. Au niveau national, Femmes 3000 regroupe 5 délégations régionales.
Combien ça coûte ?
L’adhésion annuelle s’élève à 90 euros, de janvier à décembre, et se fait en ligne. Elle donne accès à l’ensemble des événements proposés par toutes les délégations.